C’est sorti cette semaine : Facebook a lancé un premier guide papier en France, en collaboration avec l’Office de Tourisme de Bordeaux. Ca y est, le géant social se mettrait donc à disrupter les éditions! Allez voir sur le site « https://cityguides.fb.com/ » qui propose deux premières destinations : Bordeaux et Lisbonne.
Mettre en avant les groupes locaux
De quoi s’agît-il exactement ? Facebook cherche à s’appuyer sur les communautés locales, à travers ses groupes. C’est ainsi qu’il a lancé l’an dernier le Facebook Community Leadership Program. Le gagnant (1 million de dollars, quand même!) a été un groupe bordelais, le « wanted community« , qui cherche avant tout à provoquer de l’entraide entre utilisateurs de Facebook. Une communauté de 1 million de membres, dont 450 000 uniquement sur Bordeaux.
Juste avant d’être lauréats, le groupe avait ouvert son propre café « branché et social » dans le vieux quartier de Bordeaux.
Facebook a donc profité de cet éclairage pour publier un guide touristique « qui a vocation à faire découvrir ou redécouvrir à tous les endroits insolites, restaurants, bars et lieux de culture incontournables de Bordeaux, du point de vue des communautés. »
Accessible à l’office de tourisme mais aussi en ligne, le guide « Gavé bien Bordeaux » a confié chaque chapitre à un groupe Facebook différent. Ainsi le chapitre « gastronomie » a été écrit par le groupe local Kweezine qui regroupe 10000 membres.
Idem pour les pages patrimointes, Bordeaux ecolo, ou « envie de conner un coup de main ». Seul, le chapitre « romantique » met en avant deux personnalités locales.
A l’analyse, le guide Facebook ne révolutionne pas le genre, car le produit final est une agréable petite compilation de bonnes adresses branchées, ni plus ni moins.
Les Offices de Tourisme n’ont pas de leçon à recevoir en la matière, les éditions touristiques ayant largement évolué ces dernières années.
Un concurrent sérieux?
Olivier Occelli, le nouveau directeur de l’Office de Bordeaux (bienvenue!) explique la raison de sa participation à l’opération : « ce contenu est créé par des bordelais (UGC) ce qui est bien en ligne avec notre volonté de créer du lien entre les habitants et les visiteurs. Le Wanted Café en est l’expression physique. »
Pourquoi Facebook se lancerait-il dans l’aventure de l’édition ? Pour Olivier, « le réseau social se rend compte qu’il est important d’être connecté au terrain pour le succès de ses groupes. » De fait, on a surtout l’impression d’un coup de com, qui permet à Facebook de surfer sur des popularités de groupes locaux.
Et si Facebook généralisait l’opération, en remplaçant petit à petit les éditions des offices de tourisme? Franchement, je n’y crois pas. Les géants du web n’ont pas la culture ni les moyens de la proximité.
La preuve : l’annonce de l’ouverture d’une « boutiques Tripadvisor » dans un aéroport américain n’a jamais été suivie, et le réseau Yelp a fermé ses lieux physiques… Il n’est pas encore arrivé le temps où tous nos bureaux d’information touristique seront sous l’enseigne Google ou Facebook…
Par contre, la stratégie de l’Office de Tourisme de surfer sur l’évènement pour se légitimer auprès des communautés locales est intéressante ; voilà des habitants qui sont souvent bien loin de nos structures…