Crédit : Suresh /R
Le 21 décembre dernier, comme un Noël avant l’heure, M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, a présenté la nouvelle version de France.fr, le portail de la destination France, et a dévoilé son nouveau logo.
Lancé par Laurent Fabius en octobre 2015 pour atteindre les 100 millions de touristes en 2020, la première version m’avait déjà inspiré un billet en forme de supplique pour que ce portail soit digne de la première destination touristique mondiale. Car on en était alors très loin…
Rappelons quelques chiffres illustratifs de la marque « France » (chiffres du Ministère) : près de 1,5 millions de visites et 2,4 millions de pages vues en moyenne chaque mois sur le portail, et plus 1 670 000 « jaimeurs » pour la page France.fr. Une e-réputation qui oblige à l’excellence.
Dans son communiqué, le Ministère fait de cette nouvelle version une présentation aux allures de véritable éloge panégyrique :
« Véritable invitation au voyage, France.fr est un média de séduction haut de gamme révélant une destination aux visages multiples. Conçu pour inspirer, susciter l’envie d’expériences et de voyages immédiats, il invite à la découverte d’une France plurielle, en mouvement perpétuel, pétillante et surprenante.
Le média célèbre les atouts emblématiques de la France : ses destinations et leur identité forte, son art de vivre, son patrimoine et sa culture, les événements qui la font vibrer et les talents qui l’animent.
Bienvenue sur la planète France !«
Waouh, vite cliquons pour aller voir !
Un site qui inspire ? Au vu des réactions de beaucoup de gestionnaires de destination sur les réseaux sociaux, il semble plutôt que le site inspire… des soupirs !
La première page laisse un peu perplexe avec le choix surprenant de promouvoir le surf en hiver sur la côte basque. Faut étonner, soit !
Par contre l’affichage en date du 21 septembre sous le titre « Maintenant en France » paraît pour le moins anachronique…
Globalement, cette page d’accueil sensée séduire pour inciter à s’aventurer dans le site, semble particulièrement froide et peu engageante. Bien sûr, comme le dit si bien Philippe Néricault Destouches « La critique est aisée, et l’art est difficile ». Par curiosité, je suis allé papillonner pour découvrir un peu au hasard d’autres destinations-nations. J’ai sélectionné arbitrairement 15 sites présentés dans cette galerie.
On peut distinguer deux familles, même si les sites sont souvent un peu tout à la fois :
- les sites informationnels et il faut le dire un peu désuets comme la Thaïlande, l’Italie, l’Espagne ;
- les sites dits inspirationnels et/ou expérientiels, comme le Maroc, l’Autriche, la Suède, l’Australie, l’Afrique du sud, … ;
France.fr se veut « inspirant ». Pourtant sa première page l’est peu en comparaison de la plupart des sites analogues. Sans doute faudrait-il s’interroger sur le concept même d’inspiration.
Mais ce qui pose davantage question, réside dans le traitement des destinations régionales.
On y accède facilement avec 2 propositions :
- une cartographie très minimaliste, franchement très loin de la qualité de traitement de la Chine, ou de l’Australie par exemple ;
- un jeu de 31 pavés représentant 31 destinations.
Les 31 « destinations » sont sans doute les marques régionales retenues en 2015 pour promouvoir la France à l’international et qui ont bénéficié pour la plupart de contrats de destinations. On y trouve :
- des grandes villes comme Bordeaux et Lyon, mais pas Nantes ou Lille ;
- des régions-destinations comme la Corse, la Bretagne ou l’Alsace, mais pas l’Aquitaine, la Lorraine ;
- des massifs comme le Jura, les Alpes ou les Vosges, mais pas les Pyrénées ;
- des fleuves ou rivières comme la Loire ou la Dordogne, mais pas la Seine ou la Somme ou le Rhône…
… et surtout il reste pas mal de trous dans la raquette, c’est-à-dire des zones blanches comme la Franche-Comté, la Lorraine, le Poitou, les Charentes, le Berry, etc.
À quelques détails près (toujours discutables et sans doute discutés), ces « marques » permettent d’identifier la diversité paysagère, culturelle et touristique de la France. Mais l’on sait que « le diable se cache dans les détails », et c’est dans la découverte de ces « régions » que le bât blesse.
Un exemple vraiment au hasard (si, si !), l’Alsace !
On y découvre qu’il faut absolument aller voir Metz et Nancy !
Là franchement, c’est de la désinformation !
De plus le contenu éditorial s’avère encore pauvre et le calendrier n’affiche qu’une manifestation pour l’année 2018 ! Triste visage pour la plus belle région, sans chauvinisme aucun naturellement ! Chacun ira bien sûr « contrôler » sa destination…
Des partenariats sont en cours de finalisation avec les régions pour alimenter l’équipe éditoriale de France.fr. De même, un engagement clair d’Atout France pour puiser les infos régionales validées et qualifiées dans DATAtourisme semble déterminant pour l’avenir. Dès lors, gageons que ces défauts disparaîtront rapidement…
Ce site portail concentre la plupart des problématiques des sites de destinations. J’en ai évoqué seulement quelques unes et mon petit doigt me dit qu’un autre blogueur se fera un plaisir de poursuivre l’analyse à la lumière de vos réactions.