Ton appli se meurt ? Enterre-la bien et passe à autre chose

Publié le 24 août 2015
4 min

Durant ce mois d’août, la rédaction vous propose une rediffusion des articles les plus lus sur notre blog.

L’article de ce jour a été publié en avril 2015

Rendons à César Apple ce qui lui appartient : l’Iphone est le résultat d’un travail acharné couplé à un génie indiscutable et depuis les applications ont envahi les boutiques d’applications. De nouvelles applis vont enrichir l’offre de l’Apple Watch dont on attend de voir l’utilité. D’autres applis sortiront dans ce qui sera le grand chantier des prochaines années, l’Apple Car et autres véhicules autonomes qui vont révolutionner les déplacements. Evidemment, tout ce qui suit concerne également les autres univers mobiles.

Dans le secteur du tourisme institutionnel, de nombreuses applications ont été créées et développées avec parfois des résultats d’estime, mais le plus souvent avec de faibles niveaux de téléchargement. A l’exception de quelques belles réalisations à forte thématique (données pour la plaisance, initiatives ludiques à l’échelle d’un pays comme Family Trips en Suisse) et d’applications culturelles qui trouvent leur public parce qu’elles sont adossées à un site ou à un événement supposant un complément d’information, les applis touristiques passent de mode à l’exception de celles des très grands opérateurs mondiaux comme Booking ou Tripadvisor. Chaque mobinaute ne compterait qu’une vingtaine d’applications dans son smartphone, dont 3 à 4 dédiées au tourisme. Accessoirement, arrivé à destination, les plus agiles téléchargent l’application locale dont la durée de vie est limitée au temps du séjour.

D’après Médiamétrie, plus des trois quarts des mobinautes et des tablonautes français possèdent entre une et 50 applications : 76% des utilisateurs de smartphone et 78% pour les personnes équipées de tablette. En moyenne, les Français ont 30 applications installées sur leur smartphone comme sur leur tablette.

Jeux, vie pratique, réseaux sociaux

Fait démontrant un activisme accru et un positionnement supérieur dans les CSP, les utilisateurs d’Apple détiennent davantage d’applications que la moyenne. En effet, 29% des possesseurs d’iPhone ont plus de 50 applications sur leur téléphone (contre 17% des mobinautes). Et 22% des iPaders en possèdent plus de 50 contre 16% en moyenne.

La concentration est à l’oeuvre puisque entre 2013 et 2014, les 10 plus grandes applications du voyage ont augmenté leur part de téléchargement de 30%. On observe que le groupe Accor réduit très fortement le nombre de ses applications passant de 10 à une seule d’après l’Echo Touristique

10 premières applications du tourisme

Selon l’Institut Nielsen, le temps qui est consacré aux applications qui restent ne cesse d’augmenter. Cela indique que certaines applications retiennent l’utilisateur plus longtemps. Il s’agit bien évidemment de moyennes et de l’évolution majeure des usages au profit de la gamification et des applis de messagerie. Les utilisateurs passaient en moyenne près de 18 h 18 par mois sur ces applications mobiles en 2011 et ce chiffre est monté à plus de 30 heures 15 en 2013. 

Si on s’intéresse davantage au public qui utilise les applications, on note que le groupe de 25-44 ans est celui qui utilise le plus d’applications différentes (29,5) et que c’est la portion des 18-24 ans qui consacre le plus de temps à leur utilisation (37 h 06). Selon une autre étude de ComScore, plus de 65,5% des Américains ne téléchargent aucune application par mois. Ce qui veut dire que les développeurs qui visent à faire connaître leur produit doivent le faire dans une fenêtre réduite à 35% des utilisateurs qui prendront le temps de naviguer dans les boutiques en ligne au moins une fois par mois. 

Côté contenu, le marché mondial du jeu mobile a progressé de +24,7% en 2014 pour s’élever à 12,8 milliards d’euros, dont 72,6% sont générés sur smartphones et 27,4% sur tablettes, selon les estimations de l’Idate. Celles-ci prennent en compte les ventes d’applications de jeux et les achats in-app, mais n’incluent pas les revenus publicitaires. L’Idate prévoit que ce marché gagnera encore 10 milliards d’euros en 4 ans, dépassant les 15 milliards en 2015 et avoisinant les 23 milliards en 2018. 

Le rapport de l’Idate sur le mobile gaming montre que le modèle «Free2Play», qui a pour vocation à d’abord séduire le joueur avant de le faire payer, cohabite avec le modèle «Pay-per-Download», mais est devenu bien plus répandu. Ainsi, sur iTunes Store d’Apple, les jeux payants ne représentent plus que 8% du catalogue, contre 47% en 2012. 

Enfin, côté univers, en 2014, Google Play a conforté son avance sur l’App Store iOS en cumulant mondialement près de 60 % de téléchargements d’applications de plus que son concurrent. Mais iOS garde l’avantage en terme de monétisation sur les applis, avec un chiffre d’affaires annuel supérieur de plus de 70 % à celui de Google Play et ce même si les deux plateformes ont connu une forte croissance des ventes en 2014. 

Dans leur formidable Monday Note, Frédéric Filloux et Jean Louis Gassée, remarquent combien Facebook est le gagnant du monde des applications et combien le jeu prend de l’importance sur le temps disponible de chaque mobinaute. Les réseaux sociaux de toute forme et les applications de casual gaming captent à eux seuls près de 60% du temps passé sur mobile, laissant des miettes aux groupes médias et a fortiori aux autres opérateurs de moindre envergure comme les sites et destinations touristiques à l’exception de Tripadvisor ou Uber. L’institut eMarketer pronostique par ailleurs que Google et Facebook prennent 50% des recettes publicitaires du marché du mobile aux Etats Unis. 

Pour toutes ces conditions, il nous semble qu’il faut désormais y regarder à deux fois en matière de créations d’applications de destination touristique et préférer les web apps.

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François Perroy est aujourd’hui cofondateur d'Agitateurs de Destinations Numériques et directeur de l’agence Emotio Tourisme, spécialisée en marketing et en éditorial touristiques. Il a créé et animé de 1999 à 2005 l’agence un Air de Vacances.  Précédemment, il a occupé des fonctions de directeur marketing au sein de l’agence Haute Saison (DDB) et de journaliste en presse professionnelle du tourisme à L’Officiel des Terrains de Camping et pour l'Echo Touristique. Il [...]
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