Depuis dimanche soir, nos esprits citoyens s’embrument
Les résultats des élections Européennes ont placé comme depuis de trop longues années, et comme les sondages l’annonçaient depuis longtemps, les listes d’extrême droite à près de 40% des suffrages exprimés.
Un résultat attendu et inquiétant, au vu de la sidérante médiocrité de la tête de liste, plus encline à sourire devant les flashs qu’à maîtriser les dossiers européens qu’il aurait dû travailler au Parlement européen durant son premier mandat. Une récente publication montre que le jeune homme qui se rêve Premier Ministre de notre République a souvent manqué à ses devoirs. Membre de la commission des pétitions qui « accueille les plaintes des citoyens » et qui s’est réunie plus de cinquante fois entre juillet 2019 et décembre 2023, Jordan Bardella a été absent dans plus de 70% des cas. Un manque qui en dit long sur la motivation et surtout sur l’absence de travail de ce garçon.
Sa prestation récente à la télévision face à Gabriel Attal a démontré un argumentaire à la fois très faible et plus que fragile sur de nombreux sujets, de l’électricité et l’énergie, à l’Ukraine et la diplomatie, du droit de veto aux politiques sur l’immigration. On était loin du niveau du débat de 1992, qui opposa François Mitterrand et Philippe Séguin avant la ratification du Traité de Maastricht.
Que la majorité des citoyens français s’apprête à confier l’avenir de notre République à ce front national, censé défendre nos compatriotes les plus humbles, ces classes sociales méprisées par les élites (le « système » dont parlait Jean-Marie Le Pen, le même qui n’a « jamais été antisémite » selon Bardella) est réellement inquiétant, pour ne pas dire effrayant.
Inutile de dire que les pensées « localistes » des nationalistes ne serviront guère la cause du tourisme lors de la prochaine législature. Mais cela fera sans doute l’objet d’un autre billet…
Depuis dimanche soir, nos esprits citoyens sont confus
Car la chaos que nous ressentons, au moins une partie des lecteurs de ce blog, vient de la décision solitaire du Président, isolé dans son Palais élyséen, écoutant quelques conseillers dont on se demande bien la légitimité et la connexion avec le pays.
Une dissolution comme un acte final d’hubris, cette conduite de l’homme, considéré par les dieux Grecs comme « démesure et orgueil » et devant appeler leur vengeance.
Emmanuel Macron est ce président nouvellement élu en 2017 qui promettait devant la Pyramide du Louvre « je ferai tout dans les cinq années qui viennent pour qu’ils n’aient plus aucune raison de voter pour les extrêmes. »
C’est ce Président qui se rêvait peut-être le Kennedy français mais s’autoproclama Jupiter, le roi des dieux. Une posture curieuse, relayée par des courtisans qui s’abrutissaient d’acronymes, de « down » et de « up », pensant ainsi transformer l’eau en vin et le vide en plein. Pire, masquer la vacuité de leurs pensées et l’inexistence de leur projet politique !
Que n’a-t-on vu de Grand débat national, de conventions citoyennes, de Conseil national de la refondation ? L’acronyme, tant chéri par l’élite macroniste, le CNR visait officiellement « à mettre en œuvre une nouvelle méthode pour construire, ensemble et au plus près des Français, les solutions concrètes sur les grandes transformations à venir. »
Et que voit-on aujourd’hui à la place de cet esprit de résistant ? Un Daladier jouant avec le feu, soufflant sur les braises et jouant avec les extrêmes. Une capitulation devant les impératifs démocratiques, un mépris de classe permanent, un déni devant la haine ressentie dans la population (j’avais été frappé par la violence exprimée dans les rues lors de l’épisode législatif sur les retraites de l’année dernière).
Qu’entend-on si ce n’est ce ministre de l’intérieur à la culture minimaliste dont la pensée politique ultime fut « d’être méchant avec les méchants et gentil avec les gentils » ? Souvenez-vous, c’était en 2022 lors de la préparation de la loi sur l’immigration…
Le tourisme, lE cadet des soucis de la majorité sortante ?
Je finirai ce billet de (très) mauvaise humeur en apportant un souvenir très personnel.
A l’automne 2021, avec d’autres, nous avons coordonné le projet « tourisme » du Président sortant, pas encore candidat à sa succession.
Une proposition que j’avais acceptée parce que je refusais (et je le pense encore) la perspective d’une élection de Marine Le Pen.
Nous avons réuni experts venus du privé et du public, bâti un projet fort et enthousiasmant, surtout au sortir de la crise du Covid. Qu’en est-il resté dans le projet présenté aux Français ? Rien. Pas un mot, pas une ligne, pas une idée !
L’équipe de campagne fut incapable de m’expliquer cette absence et de sortir de ses éléments de langage, dits très vite (car ces jeunes gens parlaient très vite, comme pour masquer le vide de leurs pensées).
Il faut dire que le tourisme fut le cadet des soucis de la politique publique menée depuis 2017. Un peu comme la culture, la vie démocratique ou bien le souci du bien commun !
Si j’ose dire ce matin, qui sème le vide récolte l’abyme…