Allez, on reprend du service chez etourisme.info en ce lundi 21 août et j’ai le plaisir de saisir ma plume pour vous inspirer en cette journée sans doute synonyme de rentrée pour certain-e-s d’entre vous tandis que d’autres continuent à apprécier quelques jours de vacances bien mérités avant de nous rejoindre. Petite pensée également au personnel des Offices de Tourisme qui passe l’été à conseiller les touristes avec le sourire, même en période de forte affluence.
Je ne sais pas vous mais personnellement, j’ai l’intime conviction que quand on travaille dans le tourisme, malgré nous, on continue à être en éveil, en veille et en analyse pendant nos congés. Ce moment où nous devrions être en totale déconnexion pour pouvoir parfaitement recharger nos batteries fortement émoussées, est paradoxalement celui où l’actualité couplée à l’apprentissage peuvent être les plus forts. Certain-e-s parlent de déformation professionnelle pendant que d’autres évoquent davantage un métier-passion. Je vous dis cela car j’ai trouvé que cet été a été particulièrement chaud pour notre secteur dans tous les sens du terme et l’objectif de cet article sera de vous en donner quelques clés de lecture… ☀️
Le traditionnel bilan de la fin juillet
Tout d’abord, on ne tire pas un bilan de saison estivale en cours de saison estivale ! Si vous êtes curieux et je sais que vous l’êtes, vous allez facilement dénicher quelques ressources. Vous apprendrez alors que la Bretagne affiche + 4 % de nuitées en juillet par rapport à la même période 2022 mais que pendant ce temps-là, 45 % des professionnels interrogés estiment que l’activité du mois de juillet est moins bonne que prévue. (Source : CRT Bretagne) ou encore qu’Adrien PEDRAZZI, président de l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie (l’UMIH) du Lot-et-Garonne craint que certains hôteliers afficheraient même – 40 % de réservations par rapport la saison dernière… 🤨 (Source : La Depeche)
Tout cela me laisse songeur, pas vous ? Il est souvent question au sein de notre blog de la qualité versus la quantité des chiffres que nous sommes en capacité de collecter mais il doit être également question de la source… En effet, en fonction de cette dernière, ils peuvent être partiellement ou totalement biaisés par le prisme d’une profession voire d’un syndicat…
On se souvient de l’article de Brice : “ Obtenir de la véritable data, le nouvel eldorado du tourisme et de la culture ? ” et plus récemment celui de Guillaume : » Sans chiffres, la puissance (d’une destination) n’est rien! » qui traitent de cette problématique avec intérêt.
Chaque destination tirera en temps voulu le bilan de sa saison avec les chiffres plus ou moins fiables et pertinents qu’elle sera en mesure de collecter, analyser puis diffuser. À vous d’être en capacité de lire entre les lignes mais il est certain que cette saison est particulièrement intéressante et instructive 🧠
2023, la saison phare du tourisme bashing
Ensuite, les médias, on les aime comme on les déteste… Cet été, ils ont frappé particulièrement fort avec leur fameux tourisme de masse nous accusant de tous les maux comme nous l’avons plusieurs fois évoqué sur notre blog. Je vous renvoie aux inspirants articles rédigés par Ludovic sur notre sujet : » Surtourisme ou surenchère ? ” et “ Prêchi-prêcha estival ”.
Je vous partage la perle de l’été avec cet article de FranceInfo issu de témoignages des habitants clairement tourismophobes intitulé : “ Tout est saturé ” : de l’île de Groix aux calanques de Marseille, cartes postales des dégâts du surtourisme en France. Infrastructures sous-dimensionnées, embouteillages monstrueux, biodiversité malmenée… 6 habitants de communes touristiques de l’Hexagone racontent leur quotidien lors des pics de fréquentations estivaux.”
On tombe tellement dans le cliché, la caricature menant à du pur tourisme bashing qu’on oublie la pertinence de certains propos 🥊
Pourtant dans les faits, très peu de français considèrent le tourisme comme négatif, en témoigne une étude lancée par Atout France fin 2022 sur la perception du tourisme par les résidents français.
👉 74 % des Français considèrent que le tourisme a autant ou plus de conséquences positives que négatives.
Cependant, il ne faudrait pas négliger la (faible) part de » tourismophobes ”, qui représente pourtant un frein important à l’activité touristique. Évaluée à 6 %, elle est de 2 points supérieure à la moyenne européenne et monte même à 9 % dans les zones très fréquentées. Chez les plus jeunes (18 – 34 ans) on note aussi un sentiment contrasté à l’égard du tourisme 🤷
Mauvaise météo : nuage d’annulations à l’horizon ☁️
Autre enseignement, la puissance de la météo qui régule les flux touristiques en plein cœur de saison.
Alors on jette un regard sur le bilan Météo France de juillet et on y apprend, je cite : “ que hormis un épisode chaud quasi généralisé sur le pays du 8 au 11 juillet, le temps a été souvent frais pour la saison et nuageux sur le nord et l’ouest de l’Hexagone avec des pluies fréquentes et abondantes au nord de la Loire. En revanche, des conditions très chaudes et sèches se sont maintenues sur le Sud-Est la quasi-totalité du mois de juillet ”. 🥵
Vous avez sans doute croisé comme moi des voyageurs domiciliés dans le sud-est qui montaient en Normandie chercher la fraîcheur voire même la pluie ou encore des bretons partis en Espagne chercher la chaleur… La vraie problématique est quand la météo constatée en plein séjour n’est pas celle attendue ou promise par des prévisions de chez Météo France que l’on sait par définition incertaines. Tandis que le voyageur adaptait son comportement touristique il y a quelques années et il faisait tout simplement avec, la tendance de l’été 2023 n’est de ne plus subir…
Nous sommes entrés dans l’air du “ il fait moche alors que j’espérais le beau temps et la chaleur, je m’en vais en cours de séjour ou au contraire, il fait bien trop chaud par rapport à ce que je m’attendais alors je fais mes valises “ ! 🙅♂️
On cite à nouveau le CRT Bretagne qui annonce “ des annulations et des séjours écourtés, notamment dans les hôtels et les campings tandis que les réservations de dernière minute n’ont pas eu lieu « .
Vous pensez alors nécessairement à vos prestataires privés, partenaires de votre destination. Comment gèrent-ils sur une échelle individuelle un tel phénomène ? Ont-ils des conditions générales de réservation qui leur permettent de ne pas perdre purement et simplement du chiffre d’affaires en pleine saison qu’il sera quasi impossible à retrouver ? À méditer car ils ont sûrement besoin de vous pour les éclairer sur un tel enjeu 💡
Des mesures pour lutter contre la pénurie de logements en zone touristique
Face à la pénurie de logements dans les zones touristiques de l’Hexagone, le gouvernement entend bien » donner aux élus locaux les moyens de trouver le bon équilibre ” (pour reprendre le titre du dossier de presse).
Ainsi, le 18 juillet dernier, 14 mesures issues des propositions du groupe de travail composé d’élus et de professionnels du tourisme qui a planché sur le sujet depuis novembre ont été annoncées :
- Nouveau zonage : extension du nombre de communes (3.693 au total, à partir du 1er janvier 2024) relevant d’une zone tendue. Ce qui donne un levier fiscal supplémentaire aux élus, notamment pour imposer aux propriétaires de demander un « changement d’usage » pour louer leur logement en meublé touristique sur les grandes plateformes (Airbnb, Abritel, Booking, etc.) ainsi qu’un numéro d’enregistrement qui devra figurer sur l’annonce 🏷️
- Création d’une plateforme nationale pour faciliter les contrôles exercés par les communes. Prévue pour le 1er trimestre 2024, elle centralisera des données comme le nombre de logements loués par régions sur les plateformes, la typologie de ces logements (résidences principales ou secondaires), le nombre de jours réservés, etc.
- Sanctuarisation de 10 territoires pilotes : ” Il s’agit ensuite de sanctuariser, dans un certain nombre de communes, via les plans locaux d’urbanismes, des zones dédiées en majorité aux résidences principales. Ceci par le biais de la création d’une servitude spécifique qui en imposerait un pourcentage minimal 🏡
- Création de foncières locales en mobilisant la Banque des Territoires : L’objectif est de lutter contre les lits froids. Elles devront aussi développer des résidences de tourisme plus adaptées aux besoins ou des logements permanents ou dédiés aux saisonniers.
- Interdiction à la location des passoires thermiques sur les plateformes de location touristique (soit à partir du 1er janvier 2025, tous les logements dont la note DPE est inférieure à F) 💨
- Révision des plafonds de Loc’Avantages (dispositif permettant à un propriétaire de bénéficier d’une réduction d’impôt s’il loue son bien à des loyers modérés à des locataires sous plafonds de ressources) en zone tendue
(Source : Les Echos)
Si à ce stade certaines décisions ont la possibilité d’être mises en place ou non au niveau local, d’autres mesures seront validées au niveau national. Élisabeth Borne a en effet évoqué son souhait de voir cette réforme aboutir dans la loi de finances 2024, débattue cet automne.
Vous l’aurez compris, l’objectif est d’inciter les propriétaires à privilégier les logements permanents par rapport aux locations de courtes durées, le tout reposant notamment sur une fiscalité plus favorable pour les locations de longue durée.
Pour autant, nombreux sont ceux qui déplorent l’absence de mesures concernant les plateformes de locations et leur fiscalité. Je pose donc cette question : s’attaque-t-on ici à la réelle source du problème ? 🤔
Vous retrouverez l’intégralité des mesures prévues par le gouvernement dans le dossier de presse “ Lutter contre l’attrition des logements permanents en zone touristique ” si vous souhaitez approfondir le sujet et vous faire votre propre avis sur la question 😉
Le Haut Bugey, 1ère destination labellisée QUALIDOG en France 🐾
Alors finissons en douceur par un clin d’œil plus léger mettant en avant la belle initiative de l’office de tourisme du Haut Bugey qui, représenté par son directeur Geoffroy DE FENOYL, vient de devenir la 1ère destination labellisée QUALIDOG en France par le site EmmèneTonChien.com 🐶 Une manière intelligente d’embarquer ses prestataires touristiques dans une démarche vertueuse qui correspond clairement à une attente croissante des voyageurs de se déplacer avec leurs animaux de compagnie. Pour rappel, les statistiques montrent que 68,3 % des ménages français possèdent un animal de compagnie et que plus 90 % des français voyagent avec leur compagnon à poils en vacances (source : Lodgify).
Conclusion
Bien que la saison 2023 ne soit pas terminée, elle nous livre son lot d’enseignements comme chaque année. Au milieu d’épiphénomènes se cachent de vraies tendances de fond. Je vous laisse vous faire votre propre opinion sur le qui est qui 😉