Big Data et tourisme : pour quoi faire ?

Publié le 7 décembre 2015
4 min

Un certain cynisme m’envahissant en cette soirée électorale peu réjouissante (et c’est un euphémisme…), j’ai failli intituler ce billet « Pour plaire davantage, il vaut mieux qu’elles soient grosses, mais aussi bonnes… les données ! ». C’est dire mon état ! 😉

Je m’interroge et explore les potentialités offertes par « les grosse données  » depuis quelques temps déjà dans la logique de gestion et de développement d’un Système d’Information Touristique régional. Je vous propose de faire un point évidemment schématique et caricatural et de poser quelques jalons pour tenter de répondre à la question titre. 

Le Big Data, cet inconnu…

Pour ce faire j’ai compilé quelques articles de référence dont notamment : bien sûr l’article « Big Data » de Wikipedia, « Le Big Data et le data-mining » par Thierry Lombry, Astronome, « Le Big Data à l’écoute de de votre business » sur le site d’IBM, et « 7 définitions de Big Data intéressantes à connaître » par Timo Elliott.

Le terme est né au tournant de ce nouveau siècle avec une définition autour de 3 attributs : Volume, Vélocité et Variété qu’IBM a complétée avec un quatrième attribut, Véracité, d’où la règle des 4V, illustrée par cette infographie très instructive même en Anglais… (cliquez pour agrandir)

ibm-big-data

  • Volume : les nombres de données traitées sont vertigineux (Facebook disposerait de 50 milliards de photos !)
  • Vélocité : la vitesse de traitement est aussi un facteur déterminant selon l’objectif d’usage
  • Variété : le Big data réunit des données de natures diverses ; données structurées des systèmes d’information, des textes, des images, des vidéos, etc.
  • Véracité : c’est le problème de la confiance dans les données proposées, ô combien inquiétant parfois sur Internet ; un problème complexe qui nécessite des analyses très fines et poussées

Depuis différents experts s’accordent pour y adjoindre 2 « V » :

  • Valeur, pour indiquer la valeur ajoutée économique, sociale, ou culturelle que procurent l’exploitation du Big Data,
  • Visibilité pour désigner la capacité de restitution intelligible

Une telle volumétrie de données pose physiquement une contrainte de stockage et de traitement. Impossible de réunir toutes ces données dans un système d’information classique, avec sa base de données et son logiciel d’analyse. Il faut passer par des systèmes de calculs distribués pour faire collaborer une multitude de processeurs.

Les Etats-Unis et l’Union Européenne dépensent plusieurs centaines de millions de Dollars chacun pour leur plan Big Data. L’enjeu économique est immense puisque l’on considère le développement des usages du Big Data comme un des premiers gisements pour l’économie mondiale : le Big Data, un nouvel or noir ! 

L’Open Data participe évidemment de ce mouvement pour permettre aux acteurs économiques de valoriser les données publiques.  

Des exemples d’utilisation du Big Data

Ils sont déjà innombrables :

  • le moteur de recherche Internet qui s’appuie sur l’indexation de milliards de pages pour permettre des requêtes complexes
  • les systèmes de ciblage de publicité sur Internet
  • les systèmes de guidage qui associent cartographie, objets touristiques et données utilisateurs en temps réel
  • les prévisions météo
  • plus surprenant, l’astronomie
  • en matière de tourisme, les données de flux touristiques grâce aux connexions des téléphones portables
  • etc.

Les enjeux et menaces du Big Data

Les perspectives d’exploitation sont immenses et positives, mais il y a aussi des contraintes fortes et des menaces réelles bien illustrées dans cette infographie :

TheFutureOfBigData

 

Big Data et tourisme

Le sujet est vaste et je me limiterai à l’accueil et l’accompagnement du séjour qui constituent le cœur des réflexions prospectives auxquelles je participe.

Dans ce cadre, on peut schématiquement repérer 2 objectifs d’application principaux :

  • améliorer la connaissance du phénomène touristique : repérage et quantification des flux, analyse des comportements de consommation, évaluation des services, etc.
  • personnaliser l’expérience des visiteurs : amélioration de la navigation sur les sites Internet grâce à l’analyse des parcours pour pousser des contenus « souhaités » et même créer à la volée des contenus adaptés, personnaliser l’accueil et les propositions de services, etc.

Cela devrait conduire naturellement à une convergence progressive et permanente de l’observation et de la gestion de la relation client pour remplir l’objectif final de développer l’économie touristique.

Les conséquences pour un Organisme de Gestion de Destination

On accepte bien que Google ou Facebook analysent nos déclarations, nos mails, nos visites, nos déplacements, etc. pour nous proposer de nouveaux amis, nous inciter à acheter des produits ciblés, nous guider, etc. Dès lors, pourquoi lors d’un voyage refuser de confier des données personnelles sur ses goûts et ses comportements de consommation à un tiers de confiance, souvent un organisme institutionnel ? Néanmoins, il faudra bien sûr veiller à respecter chaque opinion à ce sujet.

L’exploitation du Big Data sera déterminante pour réussir ses missions d’accueil et d’accompagnement de séjour.

Au niveau local, le système d’information de l’OGD sera sans doute augmenté de manière exponentielle par les données recueillies par les objets connectés, qu’il conviendra de mettre à disposition en Open Data.

L’exploitation du Big Data nécessite des moyens techniques et humains importants, impossible à réunir au niveau local. Comme pour les machines, seule un modèle collaboratif fort permettra de d’exploiter tous les potentiels offerts. Il faudra des outils puissants d’analyse des données à des échelles territoriales plus grandes.

Et pour y voir bien clair, si on réfléchissait à une stratégie Big Data nationale ?

 

 

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Paul FABING est consultant joyeusement intermittent depuis 2022 ! Architecte de formation, ancien consultant tourisme, chef du service Tourisme de la Région Alsace, directeur de RésOT-Alsace (Réseau des offices de tourisme), directeur du pôle Qualité de l'accueil à l'Agence d'Attractivité de l'Alsace (AAA), et enfin directeur de la Mission Attractivité chez Alsace Destination Tourisme. Promis, il s’efforcera de ne pas rédiger en Alsacien, et apportera sans doute un petit vent d’est [...]
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