Aujourd’hui vous avez droit de prendre une substance active, autrement dit de l’acide acétylsalicylique avant de lire ce qui suit, on y cause disruption ! Je vous livre 3 sujets de réflexion. Ils sont différents mais je trouve qu’ils inspirent sur l’imprégnation numérique à l’oeuvre partout et sur ses incidences majeures pour notre société. Alors partez le pied léger, chaussée d’une basket connectée pour avancer sur ces chemins de la révolution numérique, qui n’a pas fini de bouleverser nos habitudes et provoque d’importantes inquiétudes dans tous les métiers.
Premier sujet : La richesse des nations après la révolution numérique
Nicolas Colin, entrepreneur, auteur, chercheur et partageur de ses réflexions, est un brillant génie boulimique qui vient de publier un essai chez Terra Nova que je trouve justement cinglant sur les défis français. Défis liés à une conception passéiste de l’économie, à des handicaps structurels forts, dont le prix de l’immobilier qui freine la mobilité et capte trop d’argent dormant (une analyse insuffisamment poussée ailleurs sur cette réalité qui nous différencie de l’Allemagne par exemple) et sur l’attitude des élites. Bien évidemment, les mots les plus cités en France jusqu’à ses dernières semaines étant le chômage et l’emploi, il pointe clairement le fait que l’évolution de l’économie vers plus de numérique ne peut être présentée comme une solution à ces maux. Si la charge est forte, elle est solidement étayée, mais Nicolas Colin propose des solutions. Il voit 4 motifs pour lesquels l’économie numérique pour à terme devenir créatrice d’emplois :
- faire grandir les entreprises numériques en France,
- l’économie numérique créera certainement plus d’emploi peu ou non qualifiés que l’inverse, car le numérique crée la même valeur qu’hier mais à bien moins cher,
- l’économie numérique créera des emplois peu ou moyennement qualifiés si l’on réduit les barrières réglementaires empêchant le développement,
- l’économie numérique créera des emplois s’ils sont rendus soutenables par ceux qui les exercent : se loger près de son travail, assurance couvrant l’intermittence, modèle social induit par le numérique, la multi-activités…
En ces temps de doute national, il faut lire Colin et peser pour que la société comprenne qu’il faut agir vite et fort en faveur de cette transition plutôt que de la craindre. Il annonce clairement le déclassement de notre pays si nous ne réagissons pas rapidement.
Deuxième sujet : la blockchain
Il s’agit là d’une disruption sérieuse des métiers traditionnels reposant sur un tiers de confiance. La blockchain commence à agiter les esprits et dispose d’un site de référence en français pour en apprécier la teneur. J’en reprends d’ailleurs en suivant une définition simple « La Blockchain est un système sécurisé et transparent qui rend traçable des transactions grâce à la décentralisation des contrôles: chacun peut depuis son ordinateur vérifier si la « chaîne » est bonne ou si quelqu’un a tenté d’y glisser un « faux ». Or ce genre de sécurité peut être utile à bien d’autres domaines que la monnaie : les brevets, les votes pour des élections, les instruments financiers (dérivés, emprunts, micro-crédit…), l’immobilier, les certificats de toutes sortes (par exemple les diplômes), les données de santé, les jeux, les réservations (hôtels, restaurants…), nos clés (de domicile, de voiture…)… Les champs d’exploitation sont immenses. De façon générale, la Blockchain peut potentiellement remplacer tous les « tiers de confiance » centralisés (banques, notaires, cadastre…) par un système informatique décentralisé ». Issu des protocoles gérant l’usage et le déploiement du bitcoin, monnaie virtuelle et décentralisée, la technologie blockchain est développée principalement par un réseau de grandes banques. Elles détectent que la blockchain permet de réaliser tout type de transactions (achat, prêt…) pour trois fois moins cher, en fonctionnant en réseau, sans organe central de contrôle, donc sans les frais d’infrastructure et d’administration associés. Le bitcoin facteur disruptif pour des pans entiers de l’économieà commencer par les banques. Cet article du Monde souligne que la blockchain c’est l’ubérisation extrême. Vous en saurez bien plus en lisant cette note de veille d’AEC (Agence Aquitaine du Numérique).
Troisième sujet (en suite et en bref) : la République Numérique
Suite de mon article du 1er octobre dans le blog, le projet de loi numérique, dit République Numérique, augmenté de nombreuses contributions des citoyens, suit son chemin. Il a été présenté par Axelle Lemaire en conseil des ministres le 9 décembre qui l’a adopté. Et ce texte sera prochainement examiné par les commissions des lois et des affaires européennes de l’Assemblée nationale avant d’être déposé en procédure accélérée à l’Assemblée nationale par la Secrétaire d’Etat au Numérique. Numerama a analysé les 250 réponses du gouvernement et nous livre son retour. Je retiens surtout que cette premier démarche participative à l’élaboration d’un projet de loi, a mobilisé les citoyens puisque 90 propositions ont été intégrées, ainsi que 5 nouveaux articles, proposés et votés par 21.330 participants, pour 125.116 visiteurs uniques. Une belle réussite citoyenne.