Y’a des jours comme ça…le temps manque, impossible de produire un truc correct en 5mn, et chez etourisme.info, on aime pas vous laisser sans votre billet quotidien.
Alors je me permets de vous mettre un article que certains d’entre vous ont peut-être déjà lu, mais pas sur ce blog… Il m’avait été commandé dans le cadre de la journée « Entreprendre et Innover dans le Tourisme » organisée par le DGE le 7 juin dernier, à l’occasion de laquelle Josette Sicsic de Touriscopie a coordonné un Cahier de Tendances intitulé « Tourisme en 2050 : quelques idées pour le futur« . Vous y trouverez d’autres productions de qualité !
Bonne lecture matinale 😉
Dans un monde que l’on peut imaginer comme incertain, le voyage restera un oasis au sein duquel l’on recherchera toujours plus de sécurité, de confort, de rassurance. Mais, le numérique, le digital, et ses applications seront une réalité influençant à coup sûr le secteur touristique.
Ainsi, la réalité virtuelle, diffusée dans des casques et des Smartphones, sera bien présente, mais ne sera-t-elle qu’un élément de rassurance ? Une première immersion dans le futur voyage ? Ou bien carrément un succédané de voyage à travers le truchement de dispositifs permettant une expérience totalement immersive, touchant à la fois le cerveau et les cinq sens? Ce sont des questions.
Une meilleure connaissance du voyageur et de son environnement, grâce aux objets connectés, exploités par une intelligence artificielle, permettra-t-elle pour sa part d’aboutir à une hyperpersonnalisation prédictive assurant une expérience réussie? Et, la recherche d’une prestation «door to door» sera-t-elle résolue grâce à la juxtaposition des évolutions technologiques? C’est une autre question.
En matière de transport, les choses sont plus limpides. Il semble que celui-ci sera largement fluidifié, via des véhicules intelligents, permettant des déplacements en toute quiétude. Le train devrait lui aussi connaître de fortes évolutions, comme semble l’illustrer le projet Hyperloop mené aux USA. Avec des vitesses proches, voire supérieures à celles de l’avion, il pourrait d’ailleurs être privilégié sur les déplacements continentaux. Ce qui nuirait à l’aérien.
Enfin, robotisation et intelligence artificielle vont sans doute modifier l’information à laquelle nous accéderons avant, pendant et après le voyage, mais aussi la façon dont nous y accéderons.
D’autant que, c’est loin d’être un détail, la barrière du langage aura été totalement abolie.
Pourtant, nul doute que la robotisation galopante ne saurait s’affranchir de la rencontre avec l’humain. Au-delà des motivations économiques, l’économie de partage, même dans son versant plus capitalistique, devrait être encore renforcée. D’autant que libérées d’un grand nombre de labeurs pénibles, les populations accueillantes seront alors probablement de plus en plus productrices de services venant en complément/concurrence de l’offre dite professionnelle.
La plus-value du service humain devra alors s’opérer au niveau de l’expertise de la découverte, de sa capacité à sortir du cadre tout tracé des prédictions, et au niveau de l’hospitalité fournie.
Je suis en effet tout à fait certain que la place de l’humain ne survivra qu’au travers d’une forte qualification, de nature à exploiter la créativité, l’émotion et la passion que l’intelligence artificielle et les robots ne seront pas encore en mesure de fournir. En clair,
de super guides, de super concierges hyper personnalisés, assistés par la technologie,
et capables d’emmener à la rencontre des cultures locales survivront!
Mais au-delà de ces considérations, l’évolution de notre industrie touristique risque d’être guidée par notre capacité d’adaptation à des voyageurs dont la culture diffère des canons occidentaux dominants: Chinois, Indiens, Latino-Américains…
Dans ce cas, notre réticence à servir l’autre, notre inclinaison à dévaloriser les métiers du tourisme, même s’ils évoluent vers une qualification supérieure, nous permettront- ils de poursuivre le développement de cette industrie probablement appelée à prendre toujours plus d’importance dans la constitution de notre économie nationale?
Les richesses patrimoniales et naturelles toujours présentes, la créativité nécessaire pour se différencier semblent plaider pour une réponse affirmative. Mais, le repli sur soi d’une partie de la société occidentale et l’augmentation toujours plus forte des destinations concurrentes pourrait incliner à penser l’inverse. Car il est inéluctable que les nouveaux bassins émetteurs deviendront également, au-delà de la clientèle d’aventuriers qu’ils drainent aujourd’hui, de très forts bassins récepteurs concurrençant les destinations occidentales leaders, potentiellement moins dominatrices économiquement, avec par conséquent un moindre investissement dans l’innovation et la réinvention de leur offre.
Le pari d’une industrie touristique forte, pilier de l’activité économique nationale, paraît donc essentiel dans une probable recomposition des équilibres économiques d’ici 2050.