En 2012, ce sont 18,6 millions de Français qui ont préparé leurs séjours en ligne soit 60% des Français partis. Faits remarquables cette année, dans un contexte économique difficile qui contraint les ménages à gérer finement leurs budgets, ils sont de plus en plus enclins à comparer les prestations touristiques et à réserver en direct, sans passer par les intermédiaires tels que les agences de voyages (source : Raffour Interactif 2013).
La location 2.0 concerne plus précisément le marché des locations de vacances de particuliers à particuliers. Elle s’inscrit dans la tendance plus globale de l’économie collaborative qui réside dans l’échange, la vente, la location de biens et services entre individus. Les plates-formes communautaires telles que Airbnb, Wimdu, Bedycasa et consorts connaissent ainsi un véritable succès commercial dans le marché prisé des locations de vacances. Leur modèle économique s’appuie principalement sur des commissionnements à la location. Pour les loueurs, c’est en grande majorité un revenu d’appoint pour arrondir leurs fins de mois, boucler des prêts immobiliers ou bien maintenir leur résidence secondaire inoccupée. Et dans ce nouveau schéma de commercialisation, les territoires peuvent aussi y trouver un intérêt notamment avec les retombées économiques indirectes amenées par cette clientèle sur l’économie locale. Une étude réalisée par Airbnbn révèle justement la location de vacances 2.0 comme vecteur de croissance de l’activité économique locale. La communauté de voyageurs aurait ainsi contribué à l’activité économique de Paris à hauteur de 185 millions d’euros en un an !
Airbnb attire des voyageurs aux pro?ls très variés que ce soit en termes d’âge, de revenus, ou de provenance géographique. Les familles représentent 54% de la clientèle. On serait ainsi plus proche d’un tourisme d’agrément que du voyage pour affaires. Notamment au regard de l’offre comme “motivation” de séjour pour 27% des voyageurs qui déclarent que sans Airbnb, ils ne seraient pas venus ou auraient écourté leur séjour.
L’étude révèle que les voyageurs qui utilisent Airbnb sont plus dépensiers et particulièrement dans des quartiers qui ne sont habituellement pas fréquentés par les touristes. 38 % des voyageurs dépensent quotidiennement dans le quartier où ils logent. Ainsi, comparativement à la clientèle hôtelière, les voyageurs Airbnb séjournent en moyenne deux fois plus longtemps à Paris (5,2 nuits) et dépensent logiquement deux fois pendant leur séjour à hauteur de 865€ en moyenne.
Cette offre répond à une nouvelle frange de clientèle à la recherche d’une certaine authenticité puisque 93% veulent vivre « comme les locaux » et 80% souhaitent se détacher des séjours standardisés, à travers la vie de ses quartiers et de leurs richesses culturelles. Les visites culturelles, la gastronomie surpassent ainsi le shopping parmi les activités préférées des voyageurs.
Airbnb se veut rassurant face aux inquiétudes de l’économie touristique existante à Paris : 70% des logements disponibles sur le site se situent en dehors des principaux quartiers hôteliers. Et alors que l’économie collaborative poursuit son essor, les taux d’occupation et les prix moyens par nuit des hôtels à Paris ont atteint des niveaux record. Sans lien apparent de cause à effet, les plus médisants y liront un chiffre factuel pour se dédouaner de toute activité concurrentielle nuisible au tissu touristique existant.
Un modèle de commercialisation qui se développe inexorablement non sans soulever quelques problématiques juridiques pour les particuliers loueurs (sous-location, déclaration de revenus, normes d’hygiène et sécurité, responsabilité civile, etc.) avec déjà des condamnations outre atlantique. Par ailleurs, il y a fort à parier que l’Etat qui fait preuve jusqu’ici d’un certain attentisme ne restera pas longtemps indifférent sur une source d’imposition supplémentaire pour renflouer les caisses.
Une étude commanditée et publiée par le principal acteur intéressé reste toujours à prendre avec précaution. Une opération de communication, léchée et visuelle, à n’en pas douter pour redorer l’image chahutée d’Airbnb sous les feux des médias. Elle permet néanmoins de quantifier et qualifier l’évidence des retombées indirectes de l’hébergement (collaboratif , marchand ou non marchand) dans l’économie d’un territoire toujours dopée par le touriste quelque soit le « canal » de provenance.
Si le développement des plates-formes de réservation d’hébergements entre particuliers inquiète légitimement l’économie touristique traditionnelle, leur succès à travers le monde doit surtout nous faire prendre conscience qu’une nouvelle forme de consommation touristique est en marche et qu’il sera difficile de passer outre. Mieux vaut l’anticiper, l’adopter plutôt que la subir ou de l’affronter.
Alors, à quand les locations 2.0 référencées sur les sites de destinations touristiques ? 🙂
Sources : étude complète AirBnb / Asterès (base : 1 156 voyageurs ayant utilisé les services d’Airbnb entre mai 2012 et avril 2013) disponible sur demande : airbnb@agence-elan.com
Pour conclure, une infographie réalisée par Netamatix et publiée sur Tnooz qui illustre les facteurs qui conditionnent le choix d’une location de vacances pour les voyageurs (une recette comprise et appliquée par Airbnb 😉
- Ils visitent en moyenne quatre sites différents et se renseignent sur sept locations avant de réserver.
- 83% sont plus susceptibles de faire une demande de location pour les hébergements avec plus de 20 photos.
- 64% sont plus susceptibles de faire une demande de location si la description d’un hébergement dépasse les 2000 caractères. Alors que 39% des descriptions sont à moins de 500 caractères.
- 25% ont réservé un service de voyage en raison d’un e-mailing.
- 89% veulent être en mesure de vérifier les tarifs les plus bas, 85% veulent une garantie des prix bas et 85% veulent des photos de chambres et des équipements.