Deuxième article d’Amélie Perrin qui fait partie de notre équipe de rédacteurs invités.
Little Andaman est une petite île de l’archipel des Andaman, située dans l’océan Indien au Sud de la Birmanie. Accessible par 8h de bateau depuis la capitale, l’île est un paradis encore bien sauvage même si l’activité touristique se développe depuis peu. Presque entièrement couverte par la forêt tropicale, elle ne compte encore que 5 « Guest Houses » (hébergements touristiques entre hôtel et chambre d’hôte) et pour seul accès à Internet une connexion satellite très aléatoire. Et pourtant… l’une des Guest Houses se distingue par la qualité de sa communication numérique !
« Everything is possible in India »*, même animer une page Facebook et veiller à sa e-réputation sans connexion Internet. Voilà un exemple qui pourrait convaincre les plus sceptiques que la relation clientèle sur le web n’est pas qu’une question de matériel performant, ni une activité si chronophage.
*Slogan des campagnes de communication d’Incredible India
Entretien avec Ram, propriétaire de la Guest House « Greenwood Island Resort »
Quand as-tu lancé l’activité de Guest House ?
En 2004, le tsunami a frappé sur Little Andaman : notre maison de famille a été entièrement détruite. Comme tous les habitants de l’île, nous avons vécu plusieurs années dans des logements temporaires. Puis en 2011, voyant que l’île attirait de plus en plus de touristes, notamment des surfers, je me suis dit que les accueillir serait un moyen de financer la reconstruction d’une maison. J’en ai parlé à mes parents qui ont adhéré à mon idée. Nous avons donc construit cette maison avec des chambres équipées et climatisées et nous avons reçu nos premiers clients en 2012.
Comment t’es-tu lancé dans le numérique ?
Etudiant à Pondichéry, j’ai pu constater qu’Internet est de plus en plus utilisé en Inde, notamment dans les milieux favorisés qui sont les seuls à pouvoir s’offrir des vacances. J’ai donc pensé qu’une présence sur Internet ne pourrait que favoriser le réseau et le phénomène de bouche à oreille. Puis j’ai remarqué que les étrangers étaient davantage encore sur Internet et se renseignaient avant de partir. Je me suis donc dit que pour attirer suffisamment de clientèle dans notre hébergement, situé sur cette île très à l’écart du reste de l’archipel, il fallait se faire connaître des clientèles en amont : être visible sur Internet était donc une action qui s’imposait.
Quelles ont donc été tes actions sur le web ?
J’ai commencé par créer un site Internet. En prenant modèle sur ce qui se faisait par d’autres, j’ai d’abord créé un site gratuit sur la plateforme de Google. Puis voyant que ce site ne faisait pas très « professionnel », j’ai fait appel à des amis qui sont dans l’informatique pour qu’ils créent un site de toute pièce, dans les règles de l’art. Pour les remercier, je les ai invités à passer du temps à la Guest House.
Ensuite j’ai lancé une page Facebook, dans l’idée que Facebook était un super outil pour constituer un réseau. Moi-même utilisateur du réseau social, je savais qu’il était possible de créer une page en tant qu’entreprise. J’anime ma page à la manière des pages que je suis moi-même : j’y mets régulièrement des actualités, des photos ou des offres. Et ça marche : certains internautes nous trouvent grâce à notre page, qui compte plus de 250 fans à peine plus d’un an après son ouverture.
Enfin, j’avais remarqué qu’en tapant « Andaman islands » sur Google, c’est le site Tripadvisor qui apparaissait en premier. J’ai donc ouvert une page sur ce site, sur lequel je surveille depuis les avis clients : cela n’est pas trop compliqué, ils sont tous positifs pour le moment. J’invite donc régulièrement les clients, notamment ceux avec lesquels j’ai été en contact par e-mail, à laisser un avis sur ce site après leur séjour chez nous.
Comment gère-t-on une stratégie numérique depuis une île qui n’est pas connectée à Internet ?
Je m’occupe de tout cela depuis Pondichéry, où j’étudie, ainsi que depuis la connexion 3G de mon téléphone portable. En fait, je gère tout avec mon téléphone : e-mails, facebook, tripadvisor, etc. Dès qu’il y a une réservation ou une autre demande, j’en informe alors ma famille par téléphone, puisque c’est elle qui gère la Guest House sur l’île.
Quelles actions pour le futur ?
J’aimerais me pencher sur les statistiques du site Internet et de la page Facebook pour cerner davantage qui sont les personnes qui nous suivent. Pour le moment, je m’en tiens à des actions gratuites pour le web, car nous avons de toute façon un bon taux de remplissage. Mais nous envisageons de créer de nouvelles chambres d’ici peu : à ce moment-là je réfléchirai à de nouvelles actions en ligne pour nous faire connaître.
Merci Ram !