Il faut bien l’avouer, les fameuses « Big Data » ou « données massives » en bon Français deviennent les stars des réflexions prospectives actuelles, et notamment dans notre domaine du tourisme. Mais peut-être (sans doute ?) est-il nécessaire de repréciser cette notion pour bien comprendre la suite du propos.
Wikipedia, donne cette définition :« Les big data, littéralement les grosses données, parfois appelées données massives, est une expression anglophone utilisée pour désigner des ensembles de données qui deviennent tellement volumineux qu’ils en deviennent difficiles à travailler avec des outils classiques de gestion de base de données ou de gestion de l’information. L’on parle aussi de datamasse en français par similitude avec la biomasse. »
Cette définition permet déjà d’écarter l’idée que les institutionnels du tourisme produiraient des Big Data. En effet, les données recensées sont encore gérées plus ou moins aimablement par nos chers… et chers SIT, ce qui tend à prouver que la masse globale reste maîtrisable.
Cela dit, si on regarde de plus près, la réalité peut-être décrite différemment. Un exemple au hasard, l’Alsace ;-)… Le SIT vernaculaire, alimenté patiemment et consciencieusement par les offices de tourisme, compte environ 50 000 fiches descriptives de l’offre régionale (hébergements, évènements, équipements, activités, etc.). Au cœur de la base de données se trouve une table poétiquement nommée « critères de produit ». Elle recense plus de 2 millions d’informations de base qui servent à construire chaque fiche, ce qui veut dire en d’autres termes que chaque « objet » touristique est constitué en moyenne de 40 éléments d’information. On voit que le gisement d’information, de data, représente une taille conséquente, qui doit l’être encore bien davantage dans les SIT de régions plus grandes.
De ce point de vue, le travail des institutionnels du tourisme consiste bien à produire de la Big Data (à une échelle réduite bien sûre), mais aussi est surtout à la traiter, l’organiser, la qualifier pour restituer une information « intelligible » pour les clientèles touristiques.
Une récente infographie du cabinet Camp de base m’a interpellé :
On est là dans le champs du marketing pur, mais la promotion d’une destination n’est évidemment pas très éloignée de cette approche. La mutation des Big Data en « Smart Data » est la phase essentielle pour exploiter les données, leur apporter un sens et une utilité.
Et finalement les SIT correspondent bien à cette transformation qui consiste à traiter une quantité impressionnante de « petites » informations pour produire une information signifiante.
Les SIT sont des fabriques de Smart Data, qu’on se le dise !
Alors osons franchir le pas et analysons nos SIT de manière nouvelle avec ce filtre marketing opérationnel : le processus de production est-il vertueux ? Répond-il à une stratégie de type 5 « S » ? Quelle est la qualité de ces Smart Data touristiques, leur valeur d’usage ?
Ce type d’analyse permettrait de repérer de nouveaux champs de développement pour des Smart Data encore plus adaptées aux attentes et besoins des touristes.
Les approches dites « motivationnelles » comme EnjoyMoselle, jaienvie.de ou encore auvergne.travel sont des exemples concrets de cette « Smart Dat’attitude » qui prend corps.
Et je suis sûr que cette recherche pourrait nous amener bientôt à concrétiser un espèce de Graal : offrir aux touristes de trouver la bonne information par hasard !!!
Toute la mécanique du SIT s’effacerait aux yeux des touristes au profit d’une magnifique et joyeuse sérendipité… Étonnons-nous de les étonner ! 😉