Moi aussi, comme Gaspard Proust (voir sa belle chronique du 10 janvier sur Canal + ), j’avais préparé un petit sujet etouristique pour ce lundi. Mais voilà, comme lui, je suis parti me promener en France ce week-end… et j’ai croisé 3,7 millions de citoyens debout, graves et heureux d’être ensemble.
Un peuple en marche pour rendre hommage aux 17 victimes de cette effroyable semaine.
Un peuple en marche pour défendre la liberté d’expression, la république, la laïcité.
Un peuple en marche pour dire non aux racismes et aux amalgames…
J’y était. « Il faisait froid et pourtant on avait chaud », comme l’a bien dit le philosophe Raphaël Enthoven à la télévision. J’espère que vous aussi, vous avez ressenti cette émotion positive mêlée d’une fierté naïve de participer à un moment « historique ». Comme si quelque chose de beau et de bon pouvait résulter finalement de cette tragédie sanglante.
Forcément, après ces journées assez bouleversantes pour tout dire, consacrer cette modeste tribune à mon petit sujet etouristique vous aurait paru un peu anodin, à la limite de la faute de goût. J’ai préféré reprendre la plume (synonyme de clavier en vieux Français…), pour vous livrer ce modeste billet d’humeur dicté par ce formidable moment de fraternité.
Dans son bel article le lendemain du carnage à Charlie Hebdo, François Perroy rappelait avec talent l’esprit et les valeurs de ce blog dédié au tourisme. Évidemment, mon petit cerveau, légèrement contingenté par près de 30 ans de dur labeur, s’est immanquablement intéressé aux conséquences de tout ça pour l’activité touristique.
En ce lundi, premier jour de l’après, que peut-on/doit-on craindre ou espérer ?
On sait que la sécurité représente une des premières attentes des touristes. Aussi une désaffection passagère des touristes pour notre destination semble prévisible. En quelques clics sur la toile j’ai trouvé sur le site de la Banque mondiale une remarquable base de données qui compare les chiffres clefs du tourisme pays par pays. J’ai pu examiner les répercussions touristiques de tragiques évènements de même nature. Le constat est contrasté :
- Une baisse sensible pour la France après les attentats de 1995, – 2,2% des arrivées étrangères (- 1,3 millions quand même !), et encore plus pour les États-Unis après le 11 septembre 2001 avec – 8,9% (- 3,3 millions !)
- Une poursuite de la progression pour l’Espagne après les attentats de Madrid en 2004, + 6,6% (+ 3,5 millions !), et pour le Royaume Uni après les attentats de Londres en 2005, +9.2% (+2,4 millions !)
La baisse de fréquentation n’est manifestement pas automatique. Il y a évidemment sans doute beaucoup d’autres facteurs de contexte à prendre en compte. Gageons que cette incroyable mobilisation aura convaincu le monde d’une volonté de dépassement du traumatisme.
Et plus largement, ce rebond républicain pourrait correspondre à un électrochoc salutaire, une (re)prise de conscience des atouts formidables de ce pays, sa géographie, son patrimoine, son art de vivre, ses cultures régionales, sa diversité humaine, etc… pour inverser la tendance lancinante au pessimisme, à l’auto-flagellation et au dénigrement de soi qui accompagnent tristement notre époque.
Je sais, je m’enflamme un peu… parce que #jesuisCharlie !!!!