Géants du net et politique, vers la fin du dialogue ?

Publié le 28 juin 2016
4 min

On évoquait ce thème il y a déjà presqu’an un an dans ces colonnes sur les échanges entre les leaders du web, et notamment ceux qui nous viennent de cette nouvelle économie, et les acteurs institutionnels. 

On ne peut pas dire que la situation ce soit améliorée ces derniers mois ! On a vu à en France ces derniers temps une forte tension s’installer entre le trio Taxis – Uber – Politiques, et bien que cela ce soit calmé, rien n’est réellement réglé. Cela n’empêche pas Uber de continuer à se développer, comme en témoigne cet email reçu il y a deux semaines, annonçant un service estival dans quelques grandes destinations côtières.

Capture d’écran 2016-06-26 à 08.10.31À Paris, on a de plus en plus de grincements de dents de la part des édiles locaux vis-à-vis d’Airbnb, malgré les quelques millions d’euros collectés via la taxe de séjour, et qui s’étend maintenant à 18 grandes villes de France, comme l’explique cet article des Echos. Car dans le même temps, au mois de mai, la mise en ligne en open data par la Mairie de Paris d’un fichier des loueurs déclarés a relancé les débats, sur un fond nauséabond de suspicion de délation alimenté par les médias.

En Europe, on observe de nombreux mouvements de la part de grandes villes. Barcelone avec de plus en plus de revendications de la part des habitants, mais surtout Berlin, où la Mairie vient de durcir la réglementation, jusqu’à quasi interdire l’activité Airbnb.

Aux États-Unis, l’opposition devient particulièrement vive. New-York vient ainsi de quasiment interdire, comme Berlin, toute activité de location temporaire de son appartement dans sa totalité pour moins de 30 jours, avec à la clé de fortes amendes allant de $1000 à $7500 pour les récidivistes ! De plus, au-delà de la ville, l’État de New-York, en dehors de Big Apple en elle-même, interdit à Uber et Lyft d’exercer leur activité. Agacé par ce qu’ils estiment être une vision très rétrograde, les acteurs majeurs du web, regroupés au sein de l’Internet Association, ont même acheté des espaces publicitaires radiophoniques pour fustiger la politique menée par la ville et l’État de New-York.

A Austin, la ville a demandé à Uber comme Lyft de vérifier les antécédents judiciaires de leurs chauffeurs. Agacés par cette demande, et craignant que d’autres villes ne les contraignent à faire de même, les deux concurrents se sont entendus pour montrer leurs muscles… et boycotter la ville en interrompant leurs services. Cet article du Monde relate l’organisation mise en place par certains chauffeurs et clients sur des groupes Facebook, et certaines sociétés essaient d’occuper l’espace laissé vacant. A contrario, la police locale exprime une forte augmentation de l’alcoolémie au volant dans cette ville particulièrement festive.

Cela ne les empêche évidemment pas de continuer à avancer. On connaissait déjà UberEats, l’application d’Uber qui vous livre votre repas, largement concurrencée par les livreurs à vélos. Aux États-Unis, Uber lance son service de livraidon dédié aux petites et grandes entreprises, dénommé UberRush. Voici le courrier reçu ici-même au Startup Basecamp de San-Francisco, l’une des trois villes où le service est mis en oeuvre pour l’instant.

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Un service qui risque de venir encore concurrencer les discrets camions blanc d’Amazon, où les plus visibles fourgonnettes de Google Express :

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Airbnb, qui a toujours été beaucoup plus diplomatique dans son action que ses collègues Uber et consorts, tient d’ailleurs un blog très régulièrement alimenté sur ses relations avec les différentes institutions dénommé Airbnb Action.

Il faut dire que dans le même temps, les grandes villes, grands marchés d’Arbnb, semblent vouloir s’organiser de leur côté comme en témoigne cet article sur Skift relatant une rencontre entre 10 grandes métropoles parmi lesquelles New-York, Paris, Barcelone, Athènes, Séoul, Toronto…réunies à Amsterdam pour discuter ensemble des dispositions à prendre vis-à-vis d’Airbnb, Uber et consorts, avec pour objectif un document commun d’ici le mois d’octobre.

Les tensions deviennent bien de plus en fortes entre acteurs de la nouvelle économie et institutions, avec des modes d’actions des uns et des autres qui deviennent de plus en plus violents.

Dans un autre style, Google essaye lui de calmer les tensions qui ne cessent de se raviver à chaque fois qu’il sort ou met en avant un nouveau produit dans l’univers du tourisme, où se trouvent pourtant ses plus importants clients sur Adwords. On apprend ainsi que le géant de Mountain View aurait réuni début juin un « Conseil de l’Industrie du Tourisme » rassemblant des représentants de l’industrie tels que Marriot, Hilton, Expedia, Airbnb, Tripadvisor, Rome2Riomais aussi des fournisseurs technologiques, des consultants, et… un représentant de l’institutionnel, en l’occurrence VisitFlorida. L’article de Tnooz évoque par contre que les compagnies aériennes ne font pas partie des secteurs conviés, ce qui semblerait attester que Google Flight Search pourrait prendre davantage d’importance encore, et qu’il n’y a plu, de ce côté-ci, de tensions à apaiser 😉

La plupart des liens et articles de ce billet, comme vous pouvez le voir, datent de ces quinze derniers jours. Les choses sont en train de bouger, très vite, probablement trop vite pour le temps institutionnel qui va devoir s’adapter à cette nouvelle donne si l’on veut éviter qu’une véritable guerre de tranchée ne fasse suite à la guerre froide qui semble s’être engagée sur de nombreux fronts.

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Ludovic a démarré sa carrière en Auvergne, à l’Agence Régionale de Développement, puis dans un cabinet conseil sur les stratégies TIC des collectivités locales. Il a rejoint en 2002 l’Ardesi Midi-Pyrénées (Agence du Numérique) et a plus particulièrement en charge le tourisme et la culture. C'est dans ce cadre qu'il lance les Rencontres Nationales du etourisme institutionnel dont il organisera les six premières éditions à Toulouse. À son compte depuis [...]
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