N’écoutant que ma conscience professionnelle de blogueur patenté je décidais lors de mon séjour de juillet 2016 en Californie de faire étape dans les offices de tourisme de petites villes dans lesquelles je m’arrêterais. Et de vous en proposer une narration. 3 villes : Sonoma, Mendocino et Bodega Bay. J’ai laissé de côté l’office de tourisme de San Francisco.
Sonoma Valley
Après avoir longuement éprouvé les sensations urbaines de San Francisco Bay, je me dirigeais vers la Sonoma Valley. Au menu, d’intéressantes visites et rencontres autour de l’oenologie californienne. Et un arrêt à l’office de tourisme de Sonoma Valley sis sur la place historique de la cité. Ici tout est chaleur méditerranéenne, vins et dégustations et ambiance détendue. Le Sonoma Valley Visitors Bureau occupe un petit local tenu par deux dames bénévoles particulièrement avenantes et enclines à en savoir le plus possible sur leurs visiteurs.
Les amateurs d’événements et les wine enthusiasts, novices ou experts, sont comblés par la clarté des informations proposées et leurs disponibilités. Toutes les photos sont de qualité et elles sont nombreuses. On en vient à se demander ce qui cloche dans notre production de photo du tourisme français tant l’écart est immense entre les personnes en situation que l’on visualise là-bas et l’austérité patrimoniale désertique qui caractérise nos photos d’ici ! Les budgets alloués certainement, mais aussi la nature humaine des sujets tant il est anormal, voire impossible, là-bas d’afficher une mine peu réjouie.
On m’écoute, on me conseille la Basque Boulangerie du coin et on me parle aussi de mon pays. Les prestations d’informations sont gratuites mais il est bien évidemment possible d’acheter de quoi alimenter les caisses de cet établissement : guides, tee-shirts, prestations de visites… Cet office de tourisme trouve sa place dans un territoire plus large nommé Sonoma Wine County (tout est vin ici) et qui possède sa propre organisation, avec ses éditions, sa page Facebook, son mur social bien alimenté… On se croirait dans l’empilement touristique que l’on connaît bien chez nous, mais je n’en dis rien à mes charmantes hôtesses, dont l’âge exprime une expérience de vie et d’accueil encline à une grande patience.
Mendocino County
Deuxième étape, une jolie maison de bois qui domine les échancrures de l’océan Pacifique et accueille l’office de tourisme de Mendocino County qui rayonne sur une partie de la Californie du Nord. Dans ces magnifiques paysages côtiers évoquant nos rivages bretons, des forêts de séquoias, des cieux altiers quand le brouillard les laisse respirer, vivre ici est un luxe. De riches entrepreneurs de San Francisco possèdent des résidences secondaires alors que d’autres télétravailleurs des majors numériques de la Silicon Valley ont réussi à concilier vie professionnelle et vie locale de telle manière qu’on les envie fortement.
L’office de tourisme est tenu par des bénévoles. Le jour de mon passage la dame qui occupait l’espace a échangé avec un trio espagnol durant 20 minutes, ne se préoccupant absolument pas des autres visiteurs qui, poliment, tournaient dans l’exposition de vieux objets et de photos noir et blanc célébrant l’histoire des bûcherons qui ont bâti ce secteur voilà plus de 100 ans. Une urne attend les dons des visiteurs qui, dans le cas présent, sont repartis sans avoir été renseignés en raison de ce sur-investissement humain auprès des premiers arrivés. Il faut dire que la dame avait passé l’âge de regarder sa montre, l’éternité étant sa ligne de mire.
La région mérite absolument un séjour si ce n’est une installation permanente ! Festivals, produits bio, brasseries artisanales, vignobles, produits de la mer, cuisine raffinée, climat favorable pour qui aime les températures fraîches en littoral, les forêts sombres de séquoias en retrait et les chaleurs de l’immédiat intérieur, tout concourt à créer des contenus attractifs qui fondent le socle du site web de cette destination.
Bodega Bay
Plus au sud, sur la route côtière, voici Bodega Bay. Célèbre pour sa magnifique baie où s’épanouissent des crabes insouciants et pour son village attenant de Bodega, où Hitchcock a tourné les oiseaux en 1963. D’ailleurs, fait intéressant, un grand panneau sur place interdit de prendre en photo l’une des maisons exposées dans le film.
L’office de tourisme est animé par une dame d’une grande disponibilité et d’une expérience certaine. Là, le papier est dominant : cartes, dépliants en tout genre. On y trouve également un antique panneau présentant les hébergements du voisinage, tous accessibles par un combiné téléphonique. A l’image des anciens plans du métro parisien qui traçaient d’un fil lumineux la ligne à prendre, il suffit de décrocher le combiné et de composer le numéro des hébergements désirés pour connaître les dispos et réserver pour le soir. Ca fonctionne et c’est très prisé à l’heure du smartphone.
En conclusion 4 faits majeurs :
- les offices de tourisme perdurent
- l’accueil n’est pas assuré comme chez nous par du personnel, souvent jeune et diplômé mais par des dames, généralement retraitées et bénévoles. Et loquaces. Aussi très aimables
- leur disponibilité est réelle, sans regard au temps accordé à chacun des visiteurs : la qualité du renseignement pouvant être associée à la durée de sa délivrance
- au pays qui a donné naissance aux plus grandes majors numériques du monde, il est étonnant de constater combien ces offices de tourisme ruraux demeurent éloignés des innovations numériques