Tourisme : le rapport qui rafraichit

Publié le 13 juillet 2017
4 min

Je suis tombé (avec du retard je vous l’accorde) ces jours-ci sur le rapport de l’Institut Montaigne paru au mois de mars de cette année et destiné aux candidats à l’élection présidentielle. Le titre de ce rapport est pour le moins… digital, puisqu’il se nomme « Cliquez pour rafraichir« . Pourquoi ce titre? Parce qu’en 2014, ce think tank avait déjà fait des propositions pour renforcer la compétitivité du tourisme en France. Trois ans après, le rapport fait le point sur ce qui a été fait, et met le doigt sur ce qui reste à faire, selon ses auteurs (pour rappel, selon Wikipedia, L’Institut Montaigne, créé en 2000 par l’homme d’affaires Claude Bébéar, est un think tank français, qui se présente avec l’objectif de concilier les enjeux de compétitivité et de cohésion sociale. Il est plutôt classé « libéral »).

Autant dire que même si sous le mandat de François Hollande, des choses ont été faites selon les auteurs (prise en compte du tourisme par le Ministère des Affaires Etrangères, assises du tourisme, contrats de destination, assouplissement de la politique des visas, etc.) il reste du chemin.

L’infographie qui fait mal

Ce sont surtout les constats qui m’ont intéressé. Et notamment l’infographie qui compare le nombre de voyageurs en France avec les recettes générées. Certes, notre pays est le premier en nombre d’accueil de touristes internationaux (plus de 85 millions) mais vraiment 4ème, et de loin en terme de recettes.


Le numérique, remède à tous les maux?

Les propositions du rapport mettent vraiment l’accent sur l’intégration du numérique à tous les étages du séjour touristique, notamment pour les clientèles étrangères. 

Plusieurs bonnes pratiques locales sont reprises, comme (clin d’oeil!) l’expérience oceanesque.fr développée par l’Office de Tourisme Médoc Atlantique.

Le document insiste lourdement sur la place faite ou à faire à l’économie collaborative dans la politique touristique française : possibilité de cmpléter l’offre classique sur un m$eme segment, de créer des marchés nouveaux et d’améliorer le rapport qualité-prix de la destination France. 

Certes, le groupe de travail à l’origine du rapport intégrait une responsable d’AirBnB, mais aussi d’Accor Hôtels ou de Voyage SNCF…

Gouvernance : peut (vraiment) mieux faire !

Sur la gouvernance, l’Institut Montaigne avait déjà fait de nombreuses propositions en 2014. Trois ans après, c’est un constat d’échec, avec une loi NOTRe ne clarifiant pas les rôles entre département et région, et laissant l’exception « loi Montagne » au niveau local. « On le voit donc,aucune clarification ni aucune rationalisation n’aura été rendu possible
par la dernière réforme territoriale. On assiste même aujourd’hui à unretour sur les maigres acquis obtenus l’an passé« …

Je ne résiste pas à l’envie de citer ce passage très clair : « Rappelons brièvement le maquis organisationnel auquel est soumis le tourisme aujourd’hui : au niveau de l’État, deux ministères (économie via la DGE, ministère des affaires étrangères) et un groupement d’intérêt économique (Atout France) ; au niveau régional, les conseils régionaux
du tourisme (CRT) et les services tourisme des régions ; au niveau départemental, les comités départementaux du tourisme (CDT), auxquels s’ajoutent les agences départementales du tourisme (ADT) et les service tourisme des conseils généraux. Au niveau communal, enfin, les métropoles, les intercommunalités et les communes.
Résultat ? Des moyens dispersés, des messages brouillés et un manque de cohérence dans l’articulation entre les différents pôles (les CRT par exemple, qui sont les principaux financeurs d’Atout France, sont très peu présents dans sa gouvernance). Toutes ces instances étant représentées par trois associations représentatives différentes : la Fédération française des organismes régionaux de tourisme, récemment renommée « #Destination Régions », le Réseau national des destinations départementales, et « Offices du tourisme de France ». La fusion de ces trois instances conférerait à ces organismes beaucoup plus de force dans le débat public. » En voilà une idée qu’elle est bonne, même si elle n’est pas nouvelle…

Sur la formation initale et continue, qui était un axe fort des assises du tourisme en 2014, le rapport note quelques premières iniatives, comme le lancement de la Conférence des formations d’excellence en tourisme (CFET) dont parlait récemment Brice dans ces colonnes. Mais il reste encore beaucoup à faire, notamment pour les emplois saisonniers.

En conclusion, on ne peut que se réjouir de la publication d’un rapport de cette nature, qui à la veille d’une élection présidentielle avait pour objectif de sensibiliser les candidats… Deux mois après, on attend toujours des nouvelles du nouveau gouvernement. Pas de ministre du tourisme en titre, mais est-ce le plus important? Il semblerait qu’un comité interministériel ouvert à des acteurs professionnels soit prévu le 26 juillet prochain. On va sans doute y reparler tourisme!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Jean Luc Boulin est consultant en tourisme : Intervention auprès des élus et des prestataires touristiques, coaching, accompagnement des équipes et des directions sont ses principaux champs d'intervention. Avec deux exigences : se mettre à la place du client et oser l'innovation. Directeur de l’office de tourisme de l’Entre-deux-Mers (Gironde) et du pays d’accueil touristique du même nom pendant plus de dix ans, Jean Luc Boulin a dirigé la MONA [...]
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