Chers lecteurs, aujourd’hui je vous emmène tout au nord. Précisément entre l’Ecosse et l’Islande, dans une destination qui fait encore parler d’elle : les îles Féroé. Lancé contre le géant Google pour obtenir le « droit d’exister virtuellement », Visit Faroe Islands est depuis 2 ans, l’expert des coups marketing bien rodés. Genèse d’un combat entre un petit territoire touristique et un géant de l’information en ligne.
Chapitre 1 |Avril 2016, David contre Goliath
Avril 2016, Visit Faroe Islands lance un blog avec comme but ultime : inciter Google à venir numériser les sentiers et voies publiques sur Google street view. La représentante du projet, Durita, nous explique dans sa 1ère vidéo que même le Mont Blanc a eu le droit à la venue du géant sur son sommet, mais que les îles restent toujours non explorées.
C’est alors que Visit Faroe décide de prendre les choses en main. En effet, les îles sont habitées par des centaines de moutons qui sont libres de se promener sur le territoire. C’est la naissance de « sheep view 360 ». L’idée ? Profiter de leurs balades bucoliques pour en faire des « reporters de territoires » un peu particuliers grâce à des caméras à 360 degrés.
Les visiteurs du site Visit Faroe ont pu admirer la beauté des paysages féroïens à dos de mouton ! En plus de ce « sheep view tour », boosté par l’intérêt médiatique grandissant, Visit Faroe s’est lancé dans un « ship view tour » pour permettre aux internautes de contempler l’île par la mer. Cette initiative originale a eu un impact sans précédent et le 31 août 2016 Google a finalement pris la décision de venir filmer les îles, équipé de sa fameuse voiture et de ses caméras embarquées.
Au terme de cette histoire qui prête à sourire, les îles Féroé ont grandement gagné en visibilité grâce au travail des équipes dans le relais médiatique. De l’autre, Google a pu surfer sur la vague de ce buzz en délivrant les images tant attendues par les habitants !
Fin du combat, clap de fin, on pensait l’histoire terminée, et pourtant il n’en est rien !
Chapitre 2 |Octobre 2017, David (le retour)
Un an après, on prend les mêmes et on recommence ! Après Google street view c’est le service de traduction automatique Google translate que les îles Féroé veulent atteindre. Profitant du vide laissé par Google dans la traduction du féroïens (parlé par près de 70 000 personnes dans le monde), Visit Faroe a créé sa propre plateforme : Faroe Islands Translate.
On y retrouve une interface volontairement très inspirée de Google qui nous propose 14 langues traductibles en féroïens. Mais ce n’est pas tout ! Cette fois ci, les habitants volontaires ont pu participer au projet en enrichissant la base de données de traductions. En dessous de la zone de saisie, vous retrouverez des dizaines de vidéos d’habitants nous délivrant leur traduction de phrases, d’expressions, de mots… Une manière visuelle de nous emmener dans leur quotidien et nous faire partager leur rôle d’ambassadeur de la culture féroïenne.
La question que tout le monde se pose maintenant est : est-ce que Google intégrera le féroïen à son Google translate ? Coup marketing réussi pour les îles qui réitèrent leur volonté d’exister sur l’un des moteurs de recherche les plus utilisé au monde. Ces actions médiatiques ont permis au îles de se créer une belle visibilité à l’international mais a aussi entrainé des résultats touristiques intéressants.
Depuis 2017, l’aéroport principal Vagar Airport a enregistré près de 112 000 arrivées sur le territoire, près de 10 000 de plus en 1 an selon Lonely Planet. Les compagnies aériennes s’intéressent de plus en plus à la destination, et le prix des billets baisse. Si la popularité des îles peut s’expliquer par la beauté de ses paysages, nul doute que l’explosion médiatique qu’attire Visit Faroe y est fortement pour quelque chose.