Vous avez trouvé ? Bravo… mais c’était facile ! 😉
Aujourd’hui, je vous livre rapidement une réflexion encore peu aboutie mais qui me trotte dans la tête depuis quelques temps. Comme souvent, le croisement de plusieurs infos provoque un déclic qui s’insinue dans mon cerveau langoureusement bercé par la doxa, puis se calcifie lentement pour faire émerger une idée délicieusement incorrecte politiquement…
Je vous explique. Voici les éléments du puzzle de départ :
- la plupart des schéma régionaux du tourisme ou autres stratégies partagées (ou pas d’ailleurs…) reste sur un modèle que je qualifierai de productiviste, porté par l’idée d’un développement touristique possiblement infini ;
- cet article (comme de nombreux autres) montre clairement que Internet génère un consommation énergétique gigantesque (voir l’infographie extraite de l’article) et qui va en s’accélérant avec le streaming et le big data ;
- la prise de conscience par les usagers de l’importance de maîtriser leur trace numérique, d’en garder le contrôle, qui se traduit par une méfiance grandissante dans les interactions sur le net (téléchargement d’applis, mail, etc.) ;
- les preuves permanentes de l’irrationalité quasiment poétique des humains dans leurs comportements de voyageurs : un jour passionnés de culture, le lendemain en train de pouponner, le surlendemain en train de fêter une victoire au foot avec des copains, etc. ;
- la 43e pub pour des chaussures de fille taille 37 que vous voyez apparaître inexorablement lors de votre navigation parce que sans doute un jour (mais lequel ?) une épouse ou une amie (si c’était un homme ce ne serait pas des pubs de chaussure…) a emprunté votre session pour une petite séance de magasinage en ligne ;
- cet autre article qui nous apprend que, selon une étude américaine, le tourisme est responsable de 8% des émissions de gaz à effet de serre ;
- le course au recueil et à l’analyse des données clients nécessite des moyens humains et matériels considérables ;
- etc.
Ces différentes analyse et ces constats mis en relation font naître une conviction.
Le mythe du développement par la croissance infinie se fracasse dans toutes les prospectives environnementales : on va dans le mur ! Or le Net représente l’exemple le plus marquant de ce mythe. Contenir son développement exponentiel constitue un enjeu fort à court terme, même si on adopte l’approche très américaine de penser que le progrès technologique apportera lui-même les solutions au problème actuel. De même, le tourisme devra nécessairement s’engager dans une prochaine mutation profonde désormais incontournable : moins d’aérien, plus de proximité, plus de sens, …
Bon évidemment, vous allez me dire que tout cela dépend de décisions politiques fortes à l’échelle mondiale et que vu l’ambiance actuelle, c’est pas gagné !
Mais en fait je voulais vous emmener sur un terrain de jeu plus proche : le Big Data.
En effet, là aussi, pas une stratégie touristique à quelque échelle que ce soit qui ne préconise la mise en œuvre d’une analyse des données clients à des fins de marketing fin justement…
Or on sait que cette analyse de données génère une dépense énergétique forte (stockage de données, modèles statistiques et algorithmes à faire tourner en permanence, etc.) et requiert des compétences très pointues (les fameux Data Scientists sont hors de prix !). La pertinence opérationnelle reste encore discutable même si on peut légitimement penser que les progrès de l’IA vont largement en améliorer le résultat.
Et si on s’intéresse à la demande, je crains que l’analyse Big Data dans le tourisme soit pour le voyageur-citoyen-individu plus un repoussoir qu’un service.
Et si l’abandon de ce fantasme autour du Big Data représentait le premier acte fort pour un tourisme responsable ? Honnêtement, j’y vois beaucoup d’avantages !
Bien sûr, tout ceci reste à dégrossir et mériterait une analyse plus poussée. Je vous pose ça là, à vous de réagir…