Note de la rédaction :
Durant la crise, les différents contributeurs au blog ne peuvent pas faire comme s’il n’y avait pas de #COVID_19. Nous nous sommes réunis (virtuellement !) pour vous apporter des réponses adaptées face au défi que notre société et notre secteur du tourisme affrontent. Nous vous proposons donc des billets de blog adaptés et plus nombreux, de nouveaux formats, des réflexions et des outils pour passer le temps du confinement sans le perdre. N’hésitez pas à nous faire vos propositions et retours.
-80% !!! Ça pique ! « On se prend une belle branlée » dixit un de nos clients la semaine dernière. L’audience est en chute libre. Les campagnes ? Coupées ! Les prises de contact ? Y’en a plus… En l’espace de seulement quelques jours, les dispositifs web des destinations se sont effondrés. Comme pour tous les effets de cette crise, c’est aussi radical que soudain. Bon, vous me direz, l’audience, on s’en fout… et vous avez bien raison ! Mais au-delà des chiffres, faut-il réagir ? Comment ? Avec quel plan de sortie de crise ? Et si les impacts s’avéraient structurels et durables ? Pour essayer de faire le point sur tout ça, je vous propose un « regards croisés » de quelques destinations parmi certains de mes clients que j’ai sollicités ces derniers jours. C’est parti !
Je ne vais surtout pas m’aventurer à dispenser ici quelque conseil que ce soit. Soyons très clairs : personne ne peut dire ce qu’il convient de faire, quelle attitude adopter pendant la crise, comment la population, française ou mondiale, va réagir en sortie de crise, ni si cette p***n de crise va changer nos pratiques, durablement, ou pas. A l’heure où plus d’un tiers de la population mondiale est assignée à résidence (c’est sûr que quand l’Inde décrète le confinement total, ça change vite les chiffres…), on peut avoir des intuitions, des convictions, voire des espoirs, mais dans une telle situation parfaitement inédite, l’humilité et l’acceptation de l’inconnue s’imposent.
J’ai donc fait le choix de garder pour moi, à ce stade, l’essentiel de mes convictions, pour laisser prioritairement la parole à un panel de destinations variées : urbaines, littorales, montagne et campagne. Panel non représentatif bien évidemment, mais qui permet de croiser différentes sensibilités, différents points de vue, analyses et stratégies. On partira donc pour un tour de France confinée, à la rencontre de François Gaillard, DG @ OnlyLyon Tourisme et Congrès, Olivier Occelli, DG @ Bordeaux Métropole Tourisme et Congrès*, Nicolas Martin, DG @ OT Pays Basque*, Claudie Blanc, DG @ Savoie Mont Blanc Tourisme*, Nicolas Jabaudon, DG @ Médoc Atlantique, Christian Berger, DG @ Arras Pays d’Artois Tourisme et Émilie Rolandez, Directrice Adjointe @ Bourgogne Franche Comté Tourisme*.
(*sites en cours de refonte)
Mais avant de prendre la route, partageons quelques faits sur la situation observée ces dernières semaines.
On veut des chiffres ! (euh… non, en fait)
Tout d’abord, coté chiffres, notre tableau de bord d’agence est sans appel : la tôle est généralisée, personne n’y échappe ! En voici un extrait, anonymisé pour l’occasion, présentant les sessions des 30 derniers jours pour 9 destinations parmi celles que nous monitorons :
Lorsque l’on met les courbes de trafic en perspective des dates clés de cette crise, on constate globalement que le décrochage se fait à différents moments, en grande partie liés à la typologie des destinations. Par exemple, les destinations neige ont eu tendance à dévisser plus tardivement (entre l’annonce de fermeture des écoles et celle de fermeture des stations), là où les destinations urbaines ont commencé à décrocher dès l’aggravation de la situation en Italie. Mais clairement, le Covid-19 n’était pas un sujet de préoccupation pour les cibles touristiques avant que l’Europe ne soit pleinement impliquée, voire la France !
Concernant le trafic résiduel, en moyenne, tous les indicateurs de qualité sont au rouge : le taux de rebond augmente, le temps passé et le nombre de pages vues diminuent. Et c’est en s’intéressant au contenu consulté qu’on comprend une bonne partie du phénomène, car on assiste dans bien des cas à une explosion, de plus de 1500% (!!!) du trafic webcams, en particulier au J1 du confinement (+ un sursaut samedi dernier) ! Avec comme particularité que la plupart du temps, le trafic est local : très probablement la curiosité de la population locale qui veut « voir » à quoi ressemble sa ville, ou sa plage, désertée (à moins que ce soit pour vérifier la bonne application du confinement…). Quoi qu’il en soit, si on retranche ce trafic à ce qu’il reste, la part de trafic « touristique » prend une petite claque de plus et la chute moyenne est alors de 85 à 90% 😱
Alors, ce ne sont que des chiffres d’audience, et même si « cette situation intervient au moment de la montée en puissance de notre communication en vue du début de saison qui se situe début avril » pour Nicolas Jabaudon, et que du côté de la Bourgogne Franche Comté, cela intervient « au moment où nous allons lancer nos premiers sites web issus de notre nouvelle Fabrique à Sites », tout le monde s’accorde à dire que la chute d’audience en tant que telle n’est pas un sujet de préoccupation.
Les socio-pros d’abord !
« Ce qui nous préoccupe immédiatement, c’est la survie de nos partenaires »
François Gaillard
« Nous travaillons avec la Métropole de Lyon à la mise en place de mesures de soutien concrètes, rapides et massives pour les aider à passer cette crise ». Même priorité pour l’équipe d’Olivier qui « est au plus proche des socio-pros, en lien téléphonique pour échanger avec eux sur leurs problématiques » et celle de Christian qui « déploie des boucles WhatsApp, par exemple avec les hôteliers pour répondre à des questions du quotidien, mais aussi favoriser la remontée d’idées pour établir un plan de relance efficace et partagé ». L’urgence, en tous cas à l’échelle des OTs, se situe donc bien dans l’écoute et l’accompagnement des acteurs, dans une logique de « faire bloc » : si certains se posaient la question du rôle que les DMOs peuvent jouer, ça peut donner des idées 😇
Cette préoccupation est d’ailleurs à mettre en perspective des propos de Jean Baptiste Lemoyne d’hier matin : « Si la situation devait durer trois mois, c’est autour de 40 milliards d’euros qui s’évaporent pour nos territoires, pour ces filières touristiques qui font vivre deux millions de personnes dans l’ensemble du pays »…
COMMUNIQUER PENDANT LA CRISE ?
Coté promotion vers le grand public, à très court terme, les réactions ont été immédiates de la part de la plupart des DMOs. Pour Savoie Mont Blanc Tourisme, traditionnellement très actif sur les canaux digitaux, « toutes les campagnes au long court sont stoppées, les campagnes saisonnières sont, pour l’instant, reportées ». Même si la saison se joue habituellement à ce moment de l’année, il serait en effet bien mal venu de vouloir se lancer actuellement dans quelque campagne de comm que ce soit… Je vous invite d’ailleurs à jeter un œil à cet article de Skift sur le sujet : il est urgent d’attendre !… Tout en préparant la suite, bien évidemment. A Lyon, « nous ne jugeons ni pertinent ni acceptable de continuer à promouvoir la destination tant que la période de crise perdure. Nous préservons nos capacités d’action pour soutenir la reprise ».
Mais au-delà des campagnes, c’est sur les supports que les efforts se portent désormais, pour adapter le contenu à la situation. A Bordeaux comme à Lyon, créativité et réactivité sont de mise : en 3 jours seulement, 2 excellents contenus sont produits et publiés sur unairdebordeaux.fr et lyon-France.com. Mais si ces contenus, riches et pertinents, en particulier dans une stratégie de tourisme de proximité, ont immédiatement connu un grand succès en termes d’audience et de viralité, c’est naturellement grâce à des communautés engagées sur les réseaux sociaux, car clairement, vu l’état des recherches sur Google, on va oublier le trafic naturel quelques semaines 🙁
Du coté des réseaux sociaux justement (en complément du billet de Sébastien lundi) on mise sur le local à Arras : « nous donnons les good news et notamment les ouvertures de magasins, les restaurants qui vont de la vente à emporter ou en livraison … nous publions aussi les arrêtés qui sont importants pour la population. En un mot on se concentre sur le quotidien. Et pour le reste de la communauté on s’oriente de plus en plus vers du le saviez-vous, des anecdotes, des quizz qui permettent de garder un lien tout en donnant des infos amusantes ou inhabituelles ».
Le marketing de destination, inspirationnel par essence, se transforme, en ces temps difficiles, en marketing de l’espoir
Nicolas Jabaudon
« Nous avons ainsi commencé par diffuser des images et des messages qui permettaient de pouvoir se projeter, de rêver à ses futurs séjours. Les atouts de la destination (grands espaces, belles lumières, paysages somptueux) nous facilitent grandement cette tâche 😉 Mais au bout d’une semaine, nous réfléchissons en profondeur sur la pertinence et l’utilité de finalement simplement communiquer durant cette période. Nous ne sommes qu’au début de cette crise et les messages simples qui sont déjà interprétés de manière négatives peuvent être contre-productifs. Il convient, aussi, à mon sens, d’éviter à tout prix de tomber dans la sur-communication aussi bien en direction des clientèles que des socio-pros ».
Pour ma part, je rejoins complètement les propos de Nicolas et François notamment. Le degré d’acceptation des messages promotionnels et publicitaires est au plus bas (voyez la chute des pubs TV dans le monde alors que la consommation de télé explose !) et toute tentative, aussi bienveillante soit-elle expose à de vives critiques sur les réseaux sociaux notamment. C’est d’autant plus vrai dans le secteur du tourisme, pour plein de raisons, parmi lesquelles l’incertitude de pouvoir voyager cet été, le stress de ne pas être remboursé en cas d’impossibilité, sans oublier l’angoisse des baisses de revenus pour une grande partie de la population, en particulier les indépendants, commerçants, artisans, chef de petites entreprises, et bien d’autres. Bref, clairement, prendre la parole en ce moment pour promouvoir une destination ne viendrait à l’idée de personne, et c’est tant mieux. Au-delà d’être indécent, ce serait à n’en pas douter parfaitement contreproductif pour la destination et in-fine pour ses socio-pros. Reste donc à anticiper la suite…
PROFITER DE LA « MISE EN PAUSE »
Si 45% des français déclarent ne plus du tout travailler depuis la mise en confinement, les DMOs ne semblent pas concernés ! En tous cas, pas tous… Et ça doit d’ailleurs en agacer plus d’un de considérer que ce confinement serait synonyme de temps libéré, de période au ralenti… surtout ceux qui essayent de télétaffer avec des schtroumfs dans les pattes 🤪
En tous cas, pour les destinations qui travaillaient sur des projets structurants, cette crise ne change rien aux plans. « Concernant notre refonte » nous dit Olivier, « nous ne stoppons rien bien entendu, notre agence web est mobilisée, cela va être un temps calme idéal pour nos rédacteurs pour se concentrer sur le contenu à produire ». Même position plus au sud, pour Nicolas, en Pays Basque : « Pas de changement pour le déploiement, on avance pour l’instant avec l’équipe projet, et d’ici 10 jours, les contributeurs de contenus interne vont pouvoir se mettre au travail ». Quant à François, hors de question de réduire la voilure, bien au contraire : « Nous travaillons depuis trois ans sur un CRM de destination baptisé « ONLYLYON Expérience ». Cette période de crise permet à nos équipes de peaufiner à 100% ce dispositif révolutionnaire qui va être un outil redoutable dans le contexte hyper concurrentiel de sortie de crise. Nous serons connectés immédiatement à des millions de clients, fidèles ou potentiels, et ce en dehors des circuits utilisés par tous… ». Rendez-vous dans quelques mois ici-même pour un retour d’expérience sur ce dispositif révolutionnaire 😉
Si le temps ne s’est pas mis sur pause pour les équipes digitales, on constate en revanche que les sollicitations multiples et chronophages se font moindres et qu’il est enfin possible de se concentrer sur le fond des dossiers. C’est ce que l’on constate également à l’agence avec les équipes projets : moins de charrettes, plus de fond, mais confinement ne rime clairement pas avec jardinage…
Au-delà des projets en cours, il me semble que cette crise pourrait être l’occasion d’enfin innover dans la manière de travailler avec les socio-pros. On l’a vu plus haut, ces derniers sont au centre des préoccupations, ils sont en première ligne et attendent des gestes forts et des solutions pour s’en sortir et redémarrer après la crise. Quelques subventions et actions de communication suffiront-elles, sans rien changer au modèle économique et à la production ? Personnellement, j’en doute !
D’ailleurs, je commence déjà à entendre parler « d’opérations » bien pourries, à grands coups de hashtags et jeux-concours avec tirage au sort (sur fond de récupération opportuniste)… Pour éviter de polluer ce billet avec une probable polémique émergeante, je n’en dirais pas plus, mais je pressens qu’on va vite toucher le fond ! Attention, même si l’intention peut être bonne à la base, un (extrêmement) mauvais timing et une réalisation maladroite peuvent vite ruiner l’action et déclencher un bad-buzz…
A l’inverse, ce pourrait être une opportunité pour imaginer un nouveau modèle, que j’essaye de promouvoir depuis longtemps, en particulier pour les OTs. Un modèle permettant de co-produire de nouvelles offres (et les contenus qui vont avec !), notamment adaptées à des cibles locales ou de proximité, plus adapté à la situation et aux nouvelles attentes qui vont émerger. L’intelligence collective d’une destination est probablement le meilleur espoir pour les socio-pros, qui devraient alors comprendre que promouvoir la destination au travers de leurs offres, c’est in-fine vendre leurs offres tout court. Synergies, mobilisation et inventivité pourraient être des points de ralliement entre institutionnels et privés. Reste à les écouter, leur proposer un projet pertinent et réaliste, agile et accessible, qui crée de la valeur pour tous. Ça serait sûrement plus efficient que de tomber dans la facilité des campagnes vite faites et de l’injonction obscène à partir en France, par solidarité, que je vois émerger sur les réseaux sociaux. Oui, partir en France sera une bonne idée, essentielle même, et de toutes manières on n’aura probablement pas d’autres choix… Mais est-ce vraiment utile d’en rajouter, si tôt, dans un contexte d’angoisse et de doutes généralisés ? La solidarité ne commence-t-elle pas par la compassion et/ou l’empathie, plus que par l’appel au secours et l’injonction au soutien. Bref, je m’égare…
Une autre manière de profiter de cette « mise en pause » des sollicitations quotidienne pourrait être de retravailler les contenus du site web. A minima pour réorienter certains message à un contexte et des attentes bousculés, mais idéalement (re)considérer en intégralité sa stratégie de contenus. J’avais prévu initialement, avant que l’actualité n’en décide autrement, de dédier le billet de ce jour au sujet de la stratégie de contenus des destinations, en lien avec l’excellent billet de François qui « invitait » les destinations à produire du contenu moins SEO centric, ou plus précisément, plus client et destination centric. J’allais notamment y évoquer le nouvel algorithme de Google et ouvrir de nouvelles pistes pour bâtir une stratégie de contenus n’opposant pas SEO et vision client, audience et communication. J’y reviendrai probablement dans un futur billet mais en attendant, il y a probablement des choses à mettre en place sur les sites web, pour remplacer tous ces contenus creux et sans valeur ajoutée, dédiés à la captation SEO, par de vrais contenus, de vraies histoires, qui parlent aux cibles, et qui capteront tout autant de trafic pour autant que quelques bonnes pratiques soient respectées…
OPTIMISTES POUR L’APRES CRISE ?
La vision de l’après crise est unanime, autour d’une relocalisation des pratiques touristiques, au moins à court terme…
Christian, Arras Pays d’Artois
« Cette crise est pour nous le moyen d’amplifier nos actions en faveur de notre positionnement de destination de bien-être, bien-vivre et de rencontre. Je suis certain que les clients proches, vivant en milieu très urbanisés auront envie de sortir de ce quotidien pour goûter à la douceur de vivre des villes comme Arras, entourées qu’elles sont d’une campagne agréable. Cette tendance d’un tourisme régionalisé (au sens mondial) sera d’autant plus forte que cette crise, s’ajoutant à d’autres, va entraîner un besoin de sécurisation chez les clients et par voie de conséquence un rapprochement du lieu de villégiature de celui de vie habituel. »
Claudie, Savoie Mont Blanc
« Nous partageons l’avis de plusieurs opérateurs et hébergeurs qui présagent d’un repliement d’une majorité des clientèles internationales sur leur propre pays. Quant aux Français, ils devraient passer la saison d’été plutôt en France. Le phénomène sera accentué par un contrôle des frontières qui resterait en vigueur. La fréquentation de la saison d’été risque d’être impactée mais il y a trop d’incertitudes pour l’affirmer. Nous constatons surtout qu’il y a peu ou pas de réservation pour l’été pour le moment. »
Nicolas, Pays Basque
« J’imagine en effet une frénésie de sortie pour ceux qui en auront les moyens, avec pour cet été beaucoup plus de séjours en France, notamment pour voir famille, amis… dont on aura été « sevrés » pendant quelques semaines. Et le redémarrage sur le plan aérien & co va être long je pense, raison de plus de rester en France. Quand on s’appelle Pays Basque on va bénéficier naturellement de cette envie de nature, d’authenticité, de bonnes bouffes entre copains… Et je pense que pour cet été les gens auront besoin de se rassurer en allant dans un endroit qu’ils connaissent déjà, pas de « tester » une nouvelle destination. Je parie donc sur un « repeaters summer » ! Bref la saison d’été devrait être bonne si la météo est correcte, sur le plan économique cela ne compensera pas malgré tout ce qui a été perdu. Et l’automne devrait être énorme ! »
François, Lyon
« Pour ce qui est du court terme, en matière de voyages, pour des raisons pratiques et émotionnelles, les français vont vraisemblablement se concentrer sur l’hexagone. Dans le tourisme urbain, les déplacements pour rendre visite à de la famille ou à des amis vont doubler voir tripler face aux besoins de retrouvailles. Les français sont une clientèle que nous connaissons bien (75% de nos flux), nous avons déjà préparé des outils adéquats (« Mon Week End à Lyon », « C’est Lyon Qui Régale »…) pour leur parler et adapté nos produits (« LyonCityCard 365 ») pour leur faire redécouvrir toute l’offre de nos partenaires. »
LA RELANCE EN SORTIE DE CRISE ?
Christian, Arras
« Je rédige en ce moment un plan marketing de relance de l’économie touristique locale. Il concerne en premier lieu les propositions d’aides directes aux entreprises du secteur (aide à la trésorerie par différemment du recouvrement de la TS, extension d’aides à l’hôtellerie, aide sur le segment affaires). Il s’intéresse ensuite à la présence sur les marchés pendant la crise (maintien du lien avec les clients et les amis, distribution du mag, contacts avec les intermédiaires). Ces deux premiers axes doivent me permettre d’enclencher le troisième plus sereinement. Il s’agit, pour les deux prochaines années, de mettre un ambitieux plan supplémentaire de promotion et de commercialisation, on-line et off-line en lien avec l’ADRT du Pas-de-Calais et le CRTC des Hauts-de-France. »
Olivier, Bordeaux Métropole
« Pour le plan de relance, nous y travaillons. Il sera important de remettre un coup de boost pour re-dynamiser les destinations mais aussi la France de manière générale. L’inconnue reste cependant les directives qui vont accompagner la sortie de crise, est-ce que les transports aériens vont pouvoir reprendre à 100% ou de manière graduelle. Il est certain que le tourisme domestique aura très certainement le vent en poupe pour cette année 2020… Concernant le tourisme d’affaires qui constitue 50% de notre activité, 2020 allait être une très belle année pour Bordeaux, pour le moment de nombreux événements sont reportés sur la seconde partie d’année. »
Nicolas, Médoc Atlantique
« Des entreprises nationales majeures ont stoppé toute communication pour concentrer le travail des équipes à bâtir un plan de reprise. C’est le parti que nous allons prendre à Médoc Atlantique, à la demande du Président de l’OT. Le challenge est ambitieux, aucune indication temporelle ne nous permet de phaser les actions, et il va s’agir d’identifier précisément les signaux qui vont nous permettre de savoir quand il est opportun de ré-inspirer les voyageurs. Nous allons collaborer étroitement avec tous les prestataires de la destination, ‘prendre la température’, identifier les besoins à court et long terme et recueillir leurs idées sur les modalités et contenus de ce plan de reprise. Tout cela nous permettra d’élaborer et déployer un plan de reprise avec réaffectation des budgets non-utilisés voire affectation exceptionnelle. »
François, Lyon
« Nous avons développé au fil des années un écosystème digital solide, notamment sur les réseaux sociaux (1’600’000 fans sur FB), sur lequel nous allons évidemment nous appuyer pour communiquer, à la fois aux habitants, et aux visiteurs potentiels, en segmentant nos messages marché par marché. »
Mais face aux enjeux, on peut craindre une surenchère de la part des destinations, que ce soit pour sauver ce qui reste de saison ou pour accompagner les socio-pros. Et quand on parle de surenchères, on ne peut s’empêcher de penser aux campagnes de liens sponsorisés.
Pour François, cette surenchère « est fort possible car ce sera la solution de facilité en termes de communication, mais avec une efficacité bien faible en termes de ROI… D’où l’intérêt de développer des outils spécifiques, d’innover. C’est la créativité de nos équipes qui fera la différence, et je ne parle pas de vidéos-gadgets pour se faire plaisir en faisant le buzz pendant 48h… ». Pour ma part, j’espère sincèrement qu’on va s’épargner ça. J’ai espoir que nous, agences conseil et consultants, puissions être à la hauteur sur ce coup-là, en refusant les solutions de facilité, en accompagnant nos clients vers des solutions intelligentes et efficientes, au profit des destinations, de leurs socio-pros, et in-fine de leurs clientèles. La-encore, tout sera une question de timing, de ton, mais surtout de fond.
LE MOT DE LA FIN ?
Cette crise va-t-elle modifier durablement les pratiques touristiques ? On évoque une forte diminution des voyages internationaux, une démondialisation… Une convergence avec les aspects climatiques est-elle envisabeable ? Je laisse mes invités du jour conclure et en profite pour les remercier chaleureusement de leur riches contributions.
Emilie, Bourgogne Franche Comté
« Je l’espère, sans quoi cette crise n’aura finalement aucun sens si l’Homme n’est pas capable d’en tirer les enseignements et de mettre en œuvre dans la durée des changements qui semblent servir les intérêts écologiques (baisse de la pollution notamment constatée en chine) mais c’est un ralentissement global qu’il faut mettre en œuvre, qui dépasse largement la seule question des déplacements touristiques. »
Olivier, Bordeaux Métropole
« Nous avions déjà amorcé un changement de cap avec notamment une prise de conscience des voyageurs qui souhaitent de plus en plus pratiquer un tourisme responsable. Cela va bien entendu continuer dans ce sens indépendamment de cette crise. Et nous y travaillons en termes d’offre. »
Nicolas, Médoc Atlantique
« Le tourisme est un secteur d’activités fondamentalement résilient. Je ne crois pas en un changement radical des attentes et comportements des clientèles. Nous l’avons vu après les attentats. Nous le voyons avec la crise environnementale que nous subissons : les bateaux de croisière continuent allègrement de naviguer (3,7 millions de passagers en 1990, 27,6 en 2020 dans le monde. Source Cruise market watch). Le trafic aérien est en croissance exponentielle. Les projections pour 2036 indiquent que le nombre de passagers aériens va presque doubler, atteignant 7,8 milliards selon IATA. Finalement, cette crise aura peut-être eu une conséquence positive : l’annulation de l’Eurovision de la chanson. Et cela, n’a pas de prix ! »
François, Lyon
« Cette crise a montré que nous étions « techniquement et collectivement » capables de changer beaucoup de choses en peu de temps. Sur la base de ce constat, notre génération pourrait vivre son NEWDEAL environnemental qui, je l’espère, aurait des conséquences sur le long terme pour nos enfants. Les « autorités » doivent comprendre que nous ne cèderont pas sur ce point. »
Claudie, Savoie Mont Blanc
« Cette crise dévoile les fragilités de nos systèmes économiques face à la globalisation. Le Président de la République a dit lui-même que cette crise entrainerait des changements profonds dans notre société, l’économie, la politique… Il est clair que ce que notre société ne parvenait pas à faire évoluer face au changement climatique, elle y est contrainte par une pandémie mondiale. C’est une rupture systémique. Nous observions ces derniers mois, avant que la crise arrive, un vrai retour aux valeurs du territoire tournée vers l’activité locale, les circuits courts, etc. »
Nicolas, Pays Basque
« Ça va renforcer la tendance actuelle de partir moins loin, moins d’avion, plus de proximité et de nature. Les industries de l’aérien et de la croisière n’ont pas fini de souffrir … »
Christian, Arras Pays d’Artois
« C’est moins cette crise, que l’accumulation de crises plus ou moins aigues, qu’elles soient financières, politiques, sociales, sécuritaires, climatiques ou sanitaires qui changent déjà la consommation et qui vont continuer à changer la représentation que l’humain se fait de lui-même et de son rapport au monde. Alors si on peut raisonnablement penser que la relocalisation impactera aussi le tourisme, on ne peut encore prévoir toutes les modifications qui sont devant nous, et la vraie question est celle de la valeur ajoutée du temps de loisir par rapport au temps du quotidien. Si cette valeur-ajoutée n’est pensée qu’en termes financiers, l’économie touristique ira dans le mur. »
Le tourisme doit penser le PIB comme la Production Irrépressible de Bonheur, grâce à une économie de la rencontre, favorisant le partage et l’enrichissement des expériences vécues
Christian berger
Tout est dit !
Et vous ? Comment réagissez-vous ? Quelles adaptations de votre dispositif web ? Quelle stratégie de sortie de crise ? Quelles relations aux socio-pros et plan d’actions associés ? Partageons tout cela dans les commentaires de ce billet pour enrichir ce « regards croisés » de tous vos points de vue !
Bon courage à tous pour cette période insolite, et comme il est désormais coutume de conclure toute prise de parole, #restezchezvous !