Dans la vidéo Travelling Under the Social Influence qui fait le buzz, Tom Sainsbury, comédien et showrunner néo-zélandais de la série Super City, incarne un agent de l’escouade d’observation sociale SOS (Social Observation Squad). Son travail ? Réprimander les touristes sous influence pour leur signifier que l’on peut faire du tourisme autrement, sortir des clichés et vivre de nouvelles expériences hors des sentiers battus.
Toute ressemblance avec le mythique Higgins dans la série Magnum est vraisemblablement fortuite 😂 Au delà de la boutade et dans une première lecture, on pourrait croire à une chasse aux sorcières et aux instagrameurs notamment comme certains de nos confrères s’en font l’écho dans leurs colonnes. Une analyse succincte qui ne rend pas hommage à la stratégie globale de l’Office de Tourisme de Nouvelle-Zélande qui vise juste avec son mantra “Do Something New, New Zealand”.
Une stratégie d’influence
C’est tout le paradoxe de cette lecture simpliste de la vidéo et d’une pseudo moquerie des influenceurs, puisque la campagne elle-même repose sur une stratégie d’influence et nous allons voir pourquoi.
Dans cette autre vidéo publiée en octobre 2020, les deux interprètes Madeleine Nalini Sami et Jackie van Beek s’en donnent à cœur joie sous la forme d’une allégorie musicale autour du “Do Something New, New Zealand”.
Si comme moi, vous ne connaissiez pas Madeleine Nalini Sami et Jackie van Beek, quelques recherches sur Wikipedia permettent de synthétiser leur carrière.
Madeleine Nalini Sami est une artiste complète néo-zélandaise est aussi célèbre pour tenir le rôle principale de – roulement de tambour – Super City, la série écrite par Tom Sainsbury, l’agent de l’escouade d’observation sociale si vous suivez bien. Les deux artistes se connaissent donc très bien. La comédienne a été récompensée par le prix de la meilleure actrice en 2011 aux Aotearoa Film & Television Awards, une cérémonie de récompenses pour le cinéma et la télévision en Nouvelle-Zélande soit l’équivalent des Golden Globes aux États-Unis. La série était également finaliste dans deux autres catégories : meilleure comédie, meilleur scénario.
Jackie van Beek est une réalisatrice, écrivaine et actrice néo-zélandaise de cinéma et de télévision. Elle a remporté un certain nombre de récompenses cinématographiques, comme réalisatrice dont le SPADA New Filmmaker of the Year en 2013, ainsi que des prix d’actrices notamment en 2014 où elle a remporté le prix de la meilleure actrice dans un second rôle aux New Zealand Film Awards pour sa performance dans What We Do in the Shadows.
Tom Sainsbury, Madeleine Nalini Sami, Jackie van Beek. Un palmarès collectif qui ne laisse que peu de doute sur leur notoriété dans leur pays et c’est peu de le dire.
De la notoriété à l’influence, il n’y a pas qu’un pas.
Et pourquoi faire appel à de telles stars locales ?
Un plan de relance pour les habitants et les pays voisins
Ces deux vidéos s’inscrivent dans un plan de relance et une campagne multicanale initiée en mai 2020 autour des réseaux sociaux, plateformes de diffusion vidéos et sites Internet. Au travers de ces vidéos, nous ne voyons donc qu’un petit bout de la lorgnette (team expression désuète) d’une campagne plus ambitieuse.
Un hasard qui ne l’est pas, le jour même de la publication de la vidéo Travelling Under the Social Influence, la Première ministre Jacinda Ardern déclarait que les frontières de la Nouvelle-Zélande resteraient fermées pendant la majeure partie de cette année 2021 alors que la pandémie de Covid-19 faisait rage, mais que le pays poursuivrait les arrangements de voyage avec l’Australie voisine et d’autres pays du Pacifique (source CNN).
Très clairement cette campagne s’adresse avant tout aux habitants de la Nouvelle-Zélande comme on peut le lire sur le site professionnel Tourism New Zealand : “a new campaign today to inspire Kiwis to get out and do something new”. Les Kiwis faisant référence aux Néo-Zélandais évidemment.
Selon Stephen England-Hall, Chief Executive, le “Do Something New, New Zealand” fait partie d’une stratégie impulsée par Tourism New Zealand qui encourage le tourisme national. Elle se poursuivra tout au long de l’année dans le but d’aider à stimuler la demande dans le secteur touristique de toute la Nouvelle-Zélande.
On aurait pu aussi relever le volet responsable de cette campagne qui inciterait les touristes à rayonner sur l’ensemble du pays pour éviter toutes les conséquences néfastes du sur-tourisme, comme le relève justement l’ami blogueur Frédéric Gonzalo sur son blog en anglais.
Certes, mais cela me paraît être une conséquence heureuse d’un objectif plus global et à courts termes : un plan de relance du secteur touristique pour capter une partie des dépenses au niveau national pendant que les frontières seront fermées, et ce sur l’ensemble du pays, pas seulement autour des incontournables ou des lieux à haute “instagrammabilité touristique”.
Quelques chiffres complémentaires sur le tourisme domestique qui serviront certainement d’indicateurs pour mesurer l’efficience de cette campagne à termes :
- Avant la Covid-19, le tourisme intérieur représentait 60% de la contribution de 40,9 milliards de dollars du tourisme à l’économie néo-zélandaise.
- Les Néo-Zélandais dépensaient auparavant 9 milliards de dollars par an en voyages outre-mer.
Un Manifeste pour la Nouvelle-Zélande aux #ET17
Sur le blog, de nombreux articles sur la Nouvelle-Zélande ont été publiés. Une destination internationale qui fait souvent référence. Cela serait vraiment chouette de recevoir un représentant de la Nouvelle-Zélande aux prochaines rencontres nationales du e-tourisme pour nous partager la stratégie touristique et numérique du pays.
Qu’en pensez-vous ? Peut-être pourriez-vous y contribuer en partageant cet article sur vos réseaux sociaux, avec une chance supplémentaire que nous soyons vus, lus et entendus 😉