Il y a des villes, des Pays, qui sont indéniablement liées à des personnalités emblématiques, d’horizons divers : Liverpool et les Beatles, l’Argentine et Maradona, L’inde et Gandhi, Clermont-Ferrand et Michelin. Et pour la Suisse, hormis ceux de mes collègues très très lus qui pensent avant tout aux banques, c’est Roger Federer !
Alors quand il annonce devenir le nouvel ambassadeur de Suisse Tourisme, on se dit que l’Agence Nationale a effectivement réalisé une belle opération.
Very excited to team up with @MySwitzerland_e and officially present my home country 🇨🇭🎾 https://t.co/m4Re9NmSfx #IneedSwitzerland #paidpartnership pic.twitter.com/7rwICmyc2D
— Roger Federer (@rogerfederer) March 29, 2021
Comme il le dit lui-même, cela fait déjà plus de vingt ans que le tennisman chouchou du public nous a inculqué son origine helvétique, et sa parfaite adéquation à l’image que l’on peut s’en faire. Le choix paraît donc assez évident, et bien vu quand il s’agit de faire revenir une clientèle internationale à la recherche de calme, grands espaces, propreté et sécurité, tant l’aura de Rodger est planétaire.
Mais lorsque l’on connaît les tarifs du Monsieur (un contrat de 10 ans pour s’habiller Uniqlo qui coûte 30 millions de $/an au japonais, 8 millions annuels de Rolex pour un contrat sans terme défini, même tarif pour les pâtes Barilla, le Champagne Moët et Chandon, 5 pour Mercedes, …) qui en font le sportif le mieux payé au monde en 2020 selon Forbes, dont 100M$ de revenus publicitaire en un an, très très loin devant le gotha du sport, il paraît juste improbable que Suisse Tourisme puisse engager de tels budgets, ou que d’un revers slicé bien senti, le recordman du nombre de victoires en grands chelems n’ait balayé l’aspect financier. On y reviendra en fin de billet…
En attendant, depuis le 29 mars, que fait donc Monsieur l’Ambassadeur, à part distribuer des Ferrero Roche d’Or (ah non, raté, lui c’est Lindt, pour 4M$/an, mais comment fait-il pour ne pas grossir ?!). Et bien déjà, et cette quasi année blanche, son fil twitter depuis un mois et demi est plus tourné vers la promotion de la Suisse que sur le tennis, même si sa reprise la semaine prochaine au tournoi de Genève et ses participations à Roland Garros, Wimbledon, aux Jeux Olympiques puis à l’US Open risquent de changer vite la donne.
Ensuite, Suisse Tourisme a réalisé une page spécifique sur son site, intitulée « Le Choix de Roger » qui reprend par catégories les meilleurs spots soi-disant choisis par le Maestro himself. Bon, hormis les petits textes introductifs qui jouent un peu avec l’univers tennistique, quand on rentre dans le détail, on reste sur une présentation très académique, et le filou garde ses coins secrets… bien secrets ! Autant vous dire que les choix de Roger ressemblent beaucoup à ceux de Suisse Tourisme avant qu’il n’y mette sa patte d’ambassadeur 😉
Mais la grande spécificité de Suisse Tourisme, le sujet sur lequel la destination enfonce toutes les autres depuis déjà de longues années, c’est la vidéo ! Il y a déjà 9 ans, lors des #ET8 à Pau, Armando Troncana était venu nous présenter la stratégie de Suisse Tourisme, avec beaucoup d’autodérision ; c’était alors le lancement de la série de vidéos avec les célébrissimes Sebi et Paul à l’époque, ou encore les nettoyeurs de montagne, ou bien celle-ci peu avant la Coupe du Monde de Football.
Rien d’étonnant donc à ce que le point d’orgue de cette toute nouvelle collaboration ne soit une vidéo, au scénario léché, mettant en scène le plus célèbre des suisses avec le non moins illustre Robert De Niro, excusez du peu. Allez, pour ceux qui seraient passés à côté, la voici donc en VO (un lien avec les sous-titres français pour les moins anglophones d’entre vous) :
Une vraie performance, dans la mesure où l’on réussit à nous placer les belles images habituelles de destinations, mais au travers d’un véritable échange entre deux stars mondiales, et sans la musique libre de droits lénifiante. Et cela fonctionne plutôt bien, avec près de 20 millions de vues en moins d’un mois !!! Et comme relevé dans un commentaire sur Facebook dont j’ai oublié l’auteur, « c’est sûrement la première qu’on a un Fuck you dans une vidéo promotionnelle de destination ».
Alors bien sûr, cela a un coût ! Selon le site d’information rts.ch, « Côté budget, Suisse Tourisme indique que ce n’est pas forcément le clip en lui-même qui est onéreux, mais la diffusion de cette campagne avec Roger Federer, soit un tiers des quarante à quarante-cinq millions du budget annuel de l’organisme pour sa campagne d’été. » Gloups…
Mais on se rassurera tout de même en apprenant que Roger Federer a demandé à ce que l’ensemble des revenus tirés de ce partenariat soient reversés à sa Fondation qui oeuvre notamment pour aider les enfants défavorisés de Suisse, comme il l’annonce (très vite et explicitement) dans cet entretien expliquant pourquoi il a accepté cette collaboration avec Suisse Tourisme.