C’est un constat qui est souvent fait : chaque Office de Tourisme a son site web, sur un périmètre administratif ne correspondant pas à la destination perçue par le client. Alors que le contraire serait tout simplement plus intelligent; C’est donc ce que vient de réussir la Creuse, en n’ayant plus qu’un seul site web tourisme pour le département et les 10 Offices de Tourisme.
Certes la Creuse a un avantage à ce département : le département a plus de notoriété que les destinations infras, qui sont au nombre de 10. Tout le monde avait donc quelque part intérêt à se retrouver sur un outil départemental.
Pour l’internaute, le chemin est simple : qu’il passe par le nom du département ou par celui d’un office de tourisme, il arrive sur les pages dédiées. Ci-dessous l’exemple de la landing page en tapant « gueret-tourisme.fr » (Guéret est la préfecture de la Creuse, petit rappel pour les déficients en géographie française 😀).
Le résultat est vraiment efficace : une architecture commune pour chaque destination infra, et pour l’internaute, une vision à 360° du département, entre « Toute la creuse » ou les dix Offices de Tourisme.
Lorsque l’on regarde le site tourisme-creuse.com, on se demande pourquoi ça n’a pas toujours existé, tellement ça semblé évident…
C’est pourquoi j’ai voulu demander à Graziella Penot, responsable communication à Creuse Tourisme, comment cette mutualisation s’était réalisée, et où s’étaient nichées les difficultés.
De la lisibilité dans les sites Internet d’une destination, tout le monde en rêve. C’est quoi la recette de la Creuse pour être arrivé à mettre tout le monde d’accord?
Graziella : De la volonté, de la détermination, de la patience ! La Creuse est un petit département et il est nécessaire plus qu’ailleurs de mutualiser les outils, les actions, les moyens humains pour être plus visible vis à vis de la concurrence. Parmi les 10 territoires qui la composent, nous avons réussi au départ à convaincre les 4 premiers qui avaient, soit du mal à émerger par manque de visibilité, soit qui souhaitaient aussi refondre leur site web à ce même moment. La 2ème année, 3 autres territoires nous ont rejoint, voyant que la plateforme était opérationnelle, dont 2 territoires qui seraient certainement partis dès le départ, mais leur situation était compliquée à ce moment-là (défusion à régler). Et enfin cette année, les derniers ont raccroché les wagons dont Vassivière qui pourtant est situé sur 2 départements la Creuse et la Haute-Vienne.
Dans la démarche, qu’est-ce qui a été le plus facile, et qu’est-ce qui au contraire a été le plus difficile?
Graziella : Il a été facile d’argumenter sur les fonctionnalités proposées par la plateforme de l’Agence Raccourci (une facilité de prise en main du CMS, bonne intégration des produits réservables en ligne via Elloha, transversalité des contenus dans le site…), sur l’intérêt financier avec la mutualisation des coûts, sur la mutualisation des compétences.
Le plus difficile, c’était de devoir supprimer les logos (nous avons donc dû trouver une alternative en les intégrant au mieux dans le graphisme global du site), de trouver le bon compromis pour que chaque territoire conserve une liberté d’action sur les contenus, d’être sur le bon timing pour certains territoires (Guéret par exemple venait juste de refaire son site web, Vassivière de s’afficher plus sous l’entité Creuse, alors qu’il est situé aussi sur la Haute-Vienne)…
On voit souvent que les techniciens sont d’accord pour optimiser les outils de communication et coopérer, mais c’est au niveau local que ça coince, lorsque les élus, prestataires, gouvernances des OT souhaitent conserver une communication locale forte. Comment avoir réussi à dépasser cette réaction ?
Graziella : Nous avons pris en compte les besoins de chacun pour trouver un outil et une arborescence qui conviennent à toutes les structures. Si certains territoires souhaitaient par exemple faire apparaitre les hébergements non classés, non labellisés, des flux spécifiques ont été créés. Nous avions aussi au préalable travaillé ensemble sur un positionnement marketing des territoires qui nous a permis de déterminer les grandes thématiques et les spécificités à mettre en avant pour chacun. Quant à la coordination technique, ce projet a permis d’appuyer les structures qui n’avaient pas ou plus de compétences en interne, de moyens humains à déployer sur ces missions et d’établir des économies d’échelle (moins de frais de fonctionnement = plus de budget actions).
Quelle stratégie de noms de domaine avez-vous poursuivi? avez-vous conservé les anciennes URL pour des accès directs?
Graziella : Oui chaque territoire a conservé son nom de domaine propre et des tableaux de redirection propres ont été réalisés afin de perdre le moins de référencement possible et ça fonctionne.
Comment fonctionne le travail au quotidien entre les OT et l’ADT? y’a-t-il un rédacteur en chef? Des chefs de rubriques?
Graziella : Au sein de l’ADT une personne coordonne l’ensemble du groupe projet et fait le lien avec l’Agence qui elle ne souhaitait qu’un seul interlocuteur qui centralise les demandes et besoins. Cette cheffe de projet anime les différents groupes :
– un groupe éditorial qui se réunit tous les 1ers jeudis de chaque mois (en visio) pour déterminer les idées de sujets à traiter en terme de contenus (tableau de suivi partagé via un Google Drive) => chacun est libre de rédiger ce qu’il souhaite sur sa partie de site, la cheffe de projet détermine juste si le sujet a de la pertinence pour être partagé à l’échelle de la Creuse et diffusé (+boosté) sur les réseaux départementaux.
– un groupe plus technique étudie et travaille sur les évolutions et développements (exemple : mise en place du Roadbook, à venir migration du SIT et mise en oeuvre des versions étrangères)
– un groupe GRC : travaille sur la mutualisation des newsletters (planning, sujets, envois)
Un résultat concret de coopération
La coopération entre les organismes locaux de tourisme est un sujet permanent, dont la nécessité est affirmée par toutes les parties prenantes, sur l’ensemble du territoire. Mais derrière, il y a peu d’exemples concrets, notamment en matière de communication.
C’est là que je trouve l’histoire de la Creuse exemplaire : une décision collégiale à travers le groupe de travail, un cofinancement assumé : les évolutions du site sont décidées collectivement et cofinancées selon un principe 50% CDT / 50% collectif des offices de tourisme.
De plus, le site commun est une première étape dans la mutualisation avec demain une stratégie GRC, et un SIT renouvelé.
Merci les Creusois pour ce bel exemple et pour le témoignage quant à la méthode adoptée.