J’ai eu le plaisir lors de #ET18, les rencontres du etourisme de Pau, d’animer un atelier passionnant : comment impliquer les habitants dans la vie touristique locale? Comment repenser, réaménager son lieu d’accueil pour que les habitants s’en sentent investis?
Il est vrai que le lien avec les habitants est un chantier maintenant installé dans la vie touristique locale. Même les destinations les plus touristiques constatent qu’il est indispensable d’apporter des services de proximité aux habitants, voire de les impliquer dans les politiques touristiques. Ainsi à Borme les Mimosas, l’Office de Tourisme se dénomme depuis quelques semaines Office de Tourisme et des Loisirs. Et nous avons déjà évoqué d’autres initiatives bien connues : le Comptoir des Loisirs (à Evreux), le comptoir local (en Charente-Maritime) qui se développent, apportant de nouveaux services aux habitants comme aux visiteurs.
L’intérêt de l’atelier proposé à Pau était d’apporter de la méthode en plus de témoignages. Ainsi, après la présentation de deux réalisations (OT du Seignanx, dans les Landes et de Coeur d’Ostrevent dans le Nord), la MONA a présenté sa boite à outils « repositionner et réaménager son lieu d’accueil ».
J’avais déjà présenté dans cet article « offices de tourisme et habitants, le mariage heureux » les expériences du Seignanx et de Coeur d’Ostrevent. Pour connaître les dernières nouveautés, et comprendre la philosophie, je vous invite à visionner le replay de cet atelier palois, vous aurez tout le détail de ces réalisations exemplaires.
Jérôme Lay, le directeur de l’Office de Tourisme du Seignanx a donc fait un retour des premières semaines d’ouverture de son « point.com », un tiers-lieu installé dans une ancienne poste, où les services aux habitants se multiplient.
Karen Saint-Patrice, directrice de l’Office de Tourisme du Coeur d’Ostrevent dans le Nord est revenu sur l’histoire de cet Office de Tourisme. Il s’agissait, pour une communauté de communes qui venait de saisir la compétence « Office de Tourisme » de se doter d’un outil innovant, avec plusieurs objectifs : créer un lieu hybride d’accueil, d’espace de vie et d’attractivité, qui puisse mixer les populations : habitants, touristes, et socioprofessionnels. Ce lieu devait être un outil d’animation, cultivant une image positive du territoire, tout en installant une nouvelle activité économique (restaurant).
inventer une nouvelle vie pour les bureaux d’information touristique
Fabien Raimbaud, chargé de projets à la MONA a présenté la toute nouvelle boîte à outils développé par le relais territorial néo-aquitain : repositionner et réaménager son lieu d’accueil. Ce riche contenu reprend des années de réflexion et de réalisations faites en région. Il sera inspirant pour tout responsable qui a des volontés de faire évoluer son lieu d’accueil.
La réflexion peut partir d’un constat simple : lors d’un regroupement, et à l’occasion d’un SADI, les techniciens de l’Office de Tourisme voient les faibles chiffres de fréquentation de certains bureaux d’information et se posent une question simple : ne faudrait-il pas mieux le fermer? Mais ce qui revient souvent, pour les élus et les habitants concernés, à voir disparaitre un service public de proximité . Pourtant, si l’on explique, chiffres en mains, que ce BIT n’est pas adapté, n’importe qui peut le comprendre.
Fabien a cité un témoignage de responsable d’Office de Tourisme éloquent : « Ces dernières années, on a réussi à fermer quelques BIT sur notre territoire. Sur le coup on était satisfait car financièrement parlant le gouffre était trop important pour les laisser ouverts.
Avec un peu de recul, je me dis qu’on a sans doute commis des erreurs ! A mon sens, nous n’avons pas suffisamment questionner l’intérêt et l’utilité de ces lieux, notamment avec les acteurs locaux/habitants pour imaginer leur trouver une seconde vie. »
D’où la réflexion simple : au lieu de fermer tout simplement un BIT, pourquoi ne pas lui imaginer une nouvelle vie, au service des habitants comme des locaux. Une réflexion qui peut et doit être portée par l’Office de Tourisme. C’est ainsi que l’on arrive à des mutualisations (le BIT+ la médiathèque+la Maison France Services, etc.) ou de nouvelles affectations (pour les jeunes, pour un tiers-lieu, etc.). En fait, rien n’est interdit, à part la réflexion et l’innovation.
IMPLIQUER LES HABITANTS DÈS L’ORIGINE DU PROJET.
La concertation et l’implication des parties prenantes est obligatoire pour la réussite du repositionnement d’un lieu d’accueil. Lors de l’atelier, Fabien a ainsi présenté 8 recommandations :
- Recommandation n°1 : Accepter que la décision de l’avenir de l’OT ne soit pas prise à huit clos
- Recommandation n°2 : Respecter les propositions faites par le collectif et ne pas tout remettre en question à posteriori
- Recommandation n°3 : Etablir un plan de mobilisation générale (habitants, acteurs du tourisme et hors tourisme plus que bienvenue)
- Recommandation n°4 : Avoir une analyse fine des environs et des lieux existants/émergents pour éviter les doublons en terme de services proposés
- Recommandation n°5 : Nourrir et intéresser les participants au sujet
- Recommandation n°6 : Entretenir la flamme avec les participants
– en amont, promesse de moments #conviviaux
– en aval, implication dans les équipes projet
– tout au long, information sur les avancées du projet jusqu’à l’inauguration VIP
- Recommandation n°7 : Faire appel à un tiers pour faciliter la concertation
- Recommandation n°8 : Etre ouvert à un changement de nom sans renier sa famille
A travers deux exemples de concertation (en Périgord Limousin et dans le Loudunais), cette méthodologie basée sur l’intelligence collective a été parfaitement illustrée lors de cet atelier.
Un pas de côté pour s’ouvrir aux habitants
Nombre d’Offices de tourisme sont aujourd’hui concernés par la nécessaire évolution de certains de leurs BIT. Après des années où la seule règle a été l’optimisation technique et financière, il est temps que ces Organismes de Gestion de la Destination jouent un rôle de développement local, en initiant le renouveau de ces locaux. Ou comment imaginer des lieux ouverts aux habitants, et construits avec eux ?
Cela nécessite, de la part des Offices de Tourisme une petite révolution culturelle : il faut sortir de ses compétences traditionnelles, accepter de lâcher une part de la décision, coopérer avec d’autres acteurs, changer de métiers, etc. Bref, faire un pas de côté…