Sommaire
Le contexte : fin de GA3 et mise en application du RGPD
Ok on y va : mais faut faire quoi ?
En pratique : matrice d’aide à la décision
I. Le contexte : fin de GA3, mise en application du RGPD
Fin de GA3
En octobre 2020, Google annonce la sortie officielle de Google Analytics 4 (GA4) qui sera amené à remplacer la version précédente (GA3 : mise en service en 2012). En mars 2022, Google annonce la fin de GA3, au profit donc de GA4, et nous donne même une deadline : juillet 2023.
Et nous y voilà déjà, aux portes de l’été et malheureusement Google ne rigolait pas. Voyant tout de même que cela faisait bouger trop peu de monde, ils ont envoyé 1, 2, 3, … des dizaines de relances ? La dernière en date prend cette forme, ce compteur à la fois rassurant et angoissant : c’est loin et si près en même temps !
Personnellement je ne suis pas du style à paniquer facilement. Les deadlines je connais et je cultive l’art du last minute depuis bientôt 15 ans, mais là je crois vraiment qu’il est temps d’agir !
💡 Bon à savoir : au-delà de la fin de la collecte du côté de GA3, programmée pour le 1er Juillet 2023, sachez que l’historique des données sera conservé jusqu’à la fin de l’année puis supprimé (le 31 décembre 2023 donc). Pour les plus dubitatifs, tout ceci est indiqué en noir et blanc sur cette documentation made by Google.
Parenthèse RGPD
Ah oui, et pour finir de poser le contexte et parce que tout ça n’était pas encore assez angoissant / déprimant / exaltant (c’est selon) tout ceci s’inscrit dans un contexte où la CNIL et les instances européennes rigolent de moins en moins avec le respect de la vie privée et la mise en application du RGPD.
Je ne m’épancherai pas trop longuement sur ces aspects dans cet article mais ce qu’il faut retenir c’est que, jusqu’à peu, c’était le far-west en matière de collecte analytics puis le chérif (la CNIL) est arrivé en ville, a tiré quelques coups en l’air (il en a même abattu quelque uns) et que depuis tout le monde continue à essayer de bosser mais en faisant bien gaffe à écouter les (nouvelles) directives.
D’où l’apparition des fameux bandeaux cookies, qui ne sont finalement que la face immergée de l’iceberg, mais qui, malgré tout, sont là pour permettre à l’internaute d’exprimer un choix vis-à-vis du dépôt du(des) cookie(s) permettant la collecte stat effectuée lors de sa navigation sur vos sites. Depuis, vous ne voyez sur GA plus qu’en moyenne 50% des internautes qui naviguent sur vos sites.
II. Ok on y va ! Mais faut faire quoi ?
Je vous ai promis de vous débarrasser de ce vieux cadavre, alors allons-y ! Voici ce que l’on peut entendre à droite à gauche ces derniers mois :
- Fin de GA3 ? Pas de panique je migre sur GA4 c’est facile, gratuit, tout le monde est content et je peux retourner bosser !
- Fin de GA3 et mise en application du RGPD ? Aucun problème, je migre tout sur Matomo à priori c’est pareil et parfaitement conforme, c’est la CNIL qui l’a dit !
Alors oui mais non. Malheureusement ce n’est pas aussi simple.
GA3 ≠ GA4
Comparer GA3 et GA4 c’est comparer des choux et des carottes. À la rigueur Matomo est beaucoup plus proche de GA3, nous y reviendrons un peu plus loin, mais avec GA4 il faut bien avoir en tête que tout change ! Google a en effet décidé de créer une vraie rupture en matière d’analyse stats :
- un modèle de données différencié : tout est / devient événement (plus de notion de session !)
- du machine learning : la collecte est à présent basée sur la modélisation des comportements et intègre une analyse prédictive
- des interfaces revues : et pour finir l’ensemble des interfaces que vous aviez pris l’habitude de consulter ont changé (écrans / métriques affichées) !
- RGPD : à ce niveau il y a du mieux, mais on n’est toujours pas bon (notamment du fait des problématiques liées au transfert de données aux États-Unis – avez-vous entendu parler de proxification ?)
Certes la migration de GA3 vers GA4 peut se faire à peu près sans douleur, si on souhaite en tout cas rester sur un déploiement a minima des outils (simple dépôt du pageview : pas de plan de marquage ni tout autre forme de configuration avancée à l’intérieur de l’outil, pas d’export des données vers un outil de dataviz… Bref, en restant sur du basique !). Mais même une fois que cela a été géré techniquement vous avez perdu tout votre historique de données (et oui qui dit changement de modèle dit pas de possibilité de migrer), vous continuez à passer à côté d’une partie de votre trafic (RGPD oblige) et tout change au niveau des interfaces de consultations stats, bref on repart de 0 !
GA3 + RGPD = Matomo
Matomo, le jumeau de GA3, 100% conforme au RGPD ? Oui et non. Envisager un changement d’outil peut être en effet une opportunité pour se mettre en conformité vis-à-vis du RGPD une bonne fois pour toute mais attention aux raccourcis et aux effets de bord.
Matomo est un outil de suivi analytics assez comparable à GA3. Son modèle de données en est fortement inspiré (session, pages vues, événements…) et son interface, bien qu’un peu moins ergonomique, se rapproche peu ou prou de ce que nous propose Google depuis des années (mêmes écrans de consultations, mêmes indicateurs stats).
💡 Bon à savoir : Matomo intègre nativement la possibilité de récupérer l’historique de données GA3. Je vous renvoie vers la documentation dédiée si ce sujet vous intéresse.
Vis-à-vis du RGPD Matomo se positionne plutôt bien. C’est en effet l’un des outils poussés par la CNIL (parmis d’autres) permettant d’effectuer un suivi exhaustif de son audience (contrairement à GA, le pageview matomo ne nécessite pas l’obtention préalable du consentement de l’internaute pour être injecté sur votre site). Attention, cette injection par défaut nécessite de bien effectuer un paramétrage un peu technique (détaillé par la CNIL) lors de son paramétrage initial.
En revanche, installer Matomo implique des coûts supplémentaires. En effet, Matomo est mis à disposition selon 2 modes d’exploitation distincts (cf. pricing) qui implique tous deux d’avoir à moment à mettre la main au portefeuille (souscription matomo cloud ou coût d’hébergement en propre). Une fois Matomo installé et proprement configuré (pour être RGPD compliant), il ne vous reste plus qu’à configurer un marquage analytics avancé et à profiter ! C’est le choix que le blog etourisme.info a fait 😎
Pour ceux qui veulent vraiment y aller, je ne peux que vous recommander le visionnage de la conférence que j’ai tenu à ce propos lors des derniers #ET : A20 Ciao Analytics, bonjour Matomo
III. Matrice d’aide à la décision
Vous l’avez-vu, la décision à prendre en la matière n’est pas des plus simple. Malgré tout et pour faire avancer le schmilblick, voici les principaux cas d’usage que j’ai pu observer et ma reco pour chacun d’entre eux. 1 question à se poser en préambule de tout choix technique afin de pouvoir ensuite mettre le curseur au bon niveau : pourquoi je fais ça ?
🐣 Collecte statistique à minima
Votre profil : je me contente de reporter des stats macro (nombre de session, pages vues, durée de visite, pages les plus consultées, …) à ma hiérarchie, mes prestataires, les personnes dont je dépends – La récolte stats est simplement là pour me fournir des volumes d’audience macro de mon site web et voir à peu près où j’en suis par rapport à l’année dernière
👉 Notre reco : vous pouvez envisager un déploiement à minima de GA4 mais il va falloir changer d’indicateurs (les sessions n’existent plus !) et vous allez toujours être embêté par cette histoire de RGPD – pourquoi ne pas envisager une migration sur un outil plus simple, (parfois) gratuit et respectueux de la vie privée de vos internautes ? En voici quelques-uns que j’ai été amené à croiser / tester, je vous laisse vous faire votre propre avis : Wysistat, Plausible.io SimpleAnalytics, …
👀 Usage intermédiaire
Votre profil : j’aime me plonger dans mes stats, les faire parler – je suis à l’aise avec l’interface GA3 pour comparer, faire des segments, … La récolte stats me permet de comprendre ce qui se passe sur mon site et devient un outil d’aide au pilotage.
👉 Notre reco : il est possible également de se tourner vers GA4 (à condition de gérer proprement la question du RGPD et notamment les problématiques liées au transfert de données) mais de mon côté je vous conseillerai plutôt de vous intéresser de plus près à Matomo dans lequel vous pourrez importer votre historique GA3 (au moins une partie) et sur lequel vous pourriez greffer en place un plan de marquage avancé et dont vous pourriez exploiter les stats au travers d’un outil de data-viz déporté (de type LookerStudio).
🚀 Usage avancé
Votre profil : je track chacune des (micro)conversions et analyse l’usage de chacune des fonctionnalitées de mon site – j’utilise des services de data-viz pour l’exploiter / la faire parler – La récolte stats est une étape (incontournable) dans un processus plus complexe d’analyse de la data, elle-même mise au service du déploiement d’une stratégie digitale globale.
👉 Notre reco : je n’ai à priori rien à vous apprendre, que faites-vous sur cet article ! Plus sérieusement Matomo n’est pas le seul outil en mesure d’effectuer du suivi stats RGPD compliant, je vous invite à creuser la question d’outils concurrents un peu plus avancés (et donc plus coûteux) comme Piano Analytics ou PiwikPro. Par ailleurs il est également possible de pousser encore un peu les curseurs et de mettre en place un dataset vous permettant de combiner les données analytics aux données qui me sont fourni par d’autres outils
En conclusion
On l’a vu, la fin de GA3 approche et il est grand temps d’agir. On peut prendre cela comme une contrainte, mais aussi voir cela comme une opportunité, c’est en effet l’occasion de se mettre propre vis-à-vis du RGPD (👋 la CNIL) et de reprendre en main le pilotage de la performance de vos sites !
Je vous encourage, pour poursuivre vos efforts et ne pas briser ce bel élan, à consulter l’article publié en août dernier par Mathieu Bruc sur le sujet du passage à Matomo et de la gestion que cela implique en termes de pilotage / d’exploitation de la donnée collectée.