IA générative en tourisme, ça bouge vite!

Publié le 15 avril 2024
6 min

En janvier, je vous parlais ici-même de trois utilisations pour ChatGPT4 en tourisme. Le contexte ne cesse d’évoluer depuis, vous vous en doutez bien. Voici donc quelques nouveautés à surveiller ou mises à jour intéressantes.

Quand l’intelligence artificielle s’invite au Musée

Depuis le début du mois de mars, le Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) propose un agent conversationnel pour en savoir plus au sujet d’une dizaine d’oeuvres exposées dans leurs collections permanentes. D’ici l’été, ce sera un total de 20 oeuvres sur lesquelles on pourra interroger l’IA, en zappant le code QR à proximité de l’oeuvre, pour ainsi entamer une conversation et en savoir plus au sujet de l’auteur, sa démarche artistique, le contexte, les matériaux, etc. Une collaboration fructueuse entre le MNBAQ et l’entreprise française AskMona, dont je vous parle plus exhaustivement dans cet article.

Avec cette innovation, chaque utilisateur peut ainsi questionner une oeuvre et engager une conversation selon les goûts, intérêts et tonalité que lui sont propres. Le pari est ainsi de garder la clientèle intéressée plus longtemps, et de proposer une expérience sur place bonifiée.

L’IA comme porte-parole de la destination?

Vous savez comment on peut dorénavant créer une image et un personnage grâce à des outils comme Stable Diffusion, Dall-E ou MidJourney? Cette dernière plateforme annonçait d’ailleurs récemment la possibilité d’utiliser et réutiliser un personnage dans différents contextes, ce qui permet une forme de récurrence dans le storytelling. On voit d’ailleurs poindre depuis les deux dernières années un véritable phénomène, soit l’avènement d’influenceurs et influenceuses… créées de toutes pièces, via l’IA générative!

Un bel exemple se trouve du côté de la Bretagne, là ou Anne Kerdi cumule les abonnés sur ses plateformes de prédilection, comme Instagram et Linkedin notamment, à faire la promotion du tourisme et de la culture pour cette belle région de la France. Or Anne Kerdi n’existe pas vraiment – elle est une IA, créée par son fondateur, Sébastien!

Pour en savoir plus sur Anne Kerdi et la montée des influenceuse générées par l’AI, je vous invite à lire cet article.

ChatGPT perd du terrain… mais reste dominant!

La scène de l’IA générative est en ébullition, c’est le moins qu’on puisse dire. Certains avancent même qu’il s’agirait d’une bulle qui, comme d’autres avant, se dégonflera tôt ou tard. Je ne crois pas. Après tout, nous n’en sommes qu’à la version 4 de ChatGPT, la version 1.5 de Google Gemini ou encore la version 6 de MidJourney. Ce n’est que le début et déjà, on parle d’une intégration massive dans notre réalité quotidienne!

Top 50 des IA génératives générant le plus de trafic, mars 2024. Source: Andreessen Horowitz

Ainsi, si ChatGPT commandait près de 60% du traffic en lien avec l’IA générative en septembre 2023, cette proportion a baissé en mars 2024, où l’on retrouve 40% de nouveaux joueurs dans ce classement du top 50 à l’échelle mondiale. Toutefois, ce n’est pas une perte de popularité pour l’application phare de la firme américaine OpenAI sinon le constat qu’il y a tout simplement plus de compétition dans cette lucrative nouvelle sphère d’activité. On voit d’ailleurs de nouveaux joueurs faire leur apparition dans le top 10, dont Claude, Liner et JanitorAI, notamment.

Quel est votre outil préféré parmi ceux qui apparaissent dans cette liste? N’hésitez pas à commenter sous l’article.

Créer une vidéo à partir d’un texte

La prochaine sensation s’appelle Sora, et fait également partie de l’univers d’OpenAI (décidément!). Vous pourrez très bientôt créer une vidéo à partir d’un simple prompt, ou requête, textuel ou audio. On imagine facilement tout le potentiel pour une destination touristique, non?

Et les hallucinations, on en fait quoi?

Le plus gros problème à ce jour, particulièrement pour les modèles de langage élargis (LLM) comme ChatGPT et Google Gemini, ce sont ces textes créés de manière parfaitement rédigés… mais truffés d’erreurs ou de mentions erronées. Ce qu’on appelle communément des hallucinations, dans le jargon du métier. (Cette préoccupation tient également pour les contenus photo ou vidéo, comme cela est mentionné dans la vidéo ci-dessus au sujet de Sora)

Un exemple? La semaine dernière, je présentais une formation pour une destination au Québec. J’avais fait une requête dans Google Gemini pour qu’on me propose un itinéraire sur mesure, pour un couple dans la cinquantaine, épicuriens et amants de la nature. La réponse était étoffée et en apparence fort pertinente. Jusqu’à ce qu’une personne dans la salle fasse remarquer qu’une des options d’hébergement proposée était pour un manoir… qui a brûlé il y a plus de 10 ans. Même chose pour un restaurant qu’on me suggérait et qui avait semble-t-il fermé durant la récente pandémie pour ne plus jamais ouvrir!

Bref, la véracité, voire même la source des contenus, continue de poser problème et demeure une préoccupation dont on doit continuer de se soucier jusqu’à nouvel ordre. Selon la rumeur et des propos tenus par Sam Altman, fondateur d’OpenAI, la version 5 de ChatGPT ferait la promesse de supprimer toute possibilité d’hallucination. Bien hâte de voir ça… même si ce n’est que d’ici la fin 2024 qu’on risque de le découvrir!

Sans oublier le côté éthique

Au-delà des hallucinations, il y a enfin une dimension qu’on aurait tort d’occulter, soit les droits d’auteur et le côté éthique dans l’utilisation des textes, images, sons et vidéos créés par les outils d’IA générative. À chaque fois que je donne une conférence, une formation ou un atelier sur le sujet de l’AI générative en marketing et/ou en tourisme, la question revient invariablement: est-ce qu’on a le droit?

Je ne suis pas avocat, alors je vous invite plutôt à lire cet article intéressant paru l’été dernier sur le Blog du Modérateur à ce sujet: Droit d’auteur et contenus générés par l’IA: que dit la loi?

Après, il y a le gros bon sens qui entre en considération. Et le souci de la transparence. Vous souhaitez faire une publication sur Facebook ou Instagram en utilisant un visuel créé par MidJourney? Il y a fort à parier que votre communauté saura le remarquer, alors aussi bien donner le crédit – au même titre qu’on donne le crédit photo à un photographe professionnel, ceci étant dit.

Pour la rédaction de texte, ce n’est pas toujours évident. Car on peut parfois utiliser ces outils pour combattre le syndrome de la page blanche, mais on voudra fort probablement ajuster et mettre le tout à sa main. Il en va de même quand on prend un texte existant et qu’on le passe sous la lorgnette de ChatGPT ou Gemini pour en avoir une version révisée, tel un poème de Baudelaire… ou un texte pour enfant de 5e année!

Il existe bien sûr une multitude de cas de figures, et sûrement autant sinon plus de potentiel pour de l’abus et contourner les règles. C’est une des raisons d’ailleurs derrière la création de ce comité IA et Tourisme, qui se penchera sur ces questions, entre autres. Bien hâte de prendre connaissances des discussions et rapports qui émaneront de ces rencontres!

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Frédéric Gonzalo est un passionné du marketing et des communications, oeuvrant depuis plus de 25 ans dans le monde du tourisme et du voyage. Début 2012, il fonde Gonzo Marketing et agit à titre de consultant en stratégie marketing, conférencier et formateur sur l’utilisation des nouvelles technologies (web, médias sociaux, mobilité). Il écrit régulièrement pour le bulletin TourismExpress ainsi que PAX Magazine, en plus de rédiger en anglais pour plusieurs [...]
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