En 2020 une étude menée par la Commission Européenne montrait que 53% des allégations environnementales des entreprises étaient vagues, trompeuses ou infondées et que 40 % n’étaient pas étayées.
Difficile aujourd’hui en effet de naviguer parmi les nombreuses déclarations environnementales. Que ce soit entreprises ou destinations, tout le monde est devenu le champion de la durabilité. Face à ces nombreuses paroles, il y a un besoin accru de transparence, de clarté et de rigueur.
Quand l’UE fait le ménage
L’Union Européenne accélère sa lutte contre le greenwashing en renforçant la réglementation relative aux allégations environnementales. Une directive importante et plusieurs textes complémentaires ont été adoptés ou sont cours de finalisation par le Parlement Européen.
Finies les mentions génériques « Respectueux de l’environnement » ou « biodégradable » sans preuves. Les entreprises souhaitant communiquer sur une caractéristique environnementale devront faire vérifier leurs allégations par un organisme indépendant et obtenir une autorisation pour pouvoir les utiliser.
Finis également les messages pour décrire des produits comme « bilan carbone positif » ou « neutre pour le climat » ; lorsqu’ils sont uniquement fondés sur la compensation carbone. Enfin, l’utilisation des labels va être fortement régulée.
Ces nouvelles réglementations devraient avoir un impact dans les messages véhiculés par certaines marques touristiques– il s’agit maintenant d’observer comment elles vont être traduites et interprétées à l’échelle de nos pays et territoires.
Un replay du dernier sommet du GSTC à Stockholm pour aller plus loin :
Déclaration de Glasgow : encore des mots ?
Présentée lors de la COP26 en 2021, la déclaration de Glasgow engage les acteurs du tourisme (destinations, groupes hôteliers, tour-opérateurs…) à réduire de moitié leurs émissions GES d’ici 2030. Ainsi, les signataires (866 à ce jour) s’engagent à présenter un plan d’action climatique concret portant sur 5 axes communs : Mesure, Décarbonation, Régénération, Collaboration et Financement.
Encore des paroles ? Ce qui me semble intéressant par rapport à la thématique choisie aujourd’hui, c’est surtout l’engagement des signataires à rendre publiquement des comptes sur les progrès accomplis par rapports aux objectifs de mi-parcours et long terme fixés par les plans d’action climatiques.
Ces plans d’actions et rapports sont publiquement accessibles sur la plateforme de Glasgow : Glasgow Declaration_Annual Progress Report 2023 | One Planet network. On y voit qu’à ce jour les destinations sont un peu à la traîne et que les plans sont très disparates d’un acteur à l’autre. Des destinations telles que la Finlande semblent avoir développé des plans solides et d’autres restent très vagues.
Autre point notable : 66% des signataires ayant élaboré un Plan d’Action Climat mesurent leurs émissions. Cependant, les techniques utilisées sont très variables. En conclusion de son rapport, le One Planet network pointe la nécessité de travailler à des méthodes de mesure consensuelles pour accélérer le chemin vers la décarbonation du secteur. Il y a donc urgence à agir sur ce point comme le souligne cet article du réseau Veille Tourisme.
Rendre des comptes
Ma volonté d’écrire cet article est partie d’une frustration professionnelle. Plusieurs destinations (dont celle pour laquelle je travaille) affirment vouloir contribuer à réduire les émissions du secteur touristique de leur territoire de X% d’ici 2030. Il reste à ce jour difficile de trouver des rapports clairs mesurant les avancées en la matière et ce pour différentes raisons : manque de volonté politique, de moyens mais aussi d’outillage pour certains.
Cependant, le fait pour des destinations ou entreprises de s’engager officiellement dans des processus tels que ceux de Glasgow permet de se responsabiliser et d’accepter de devoir rendre des comptes face à ses pairs, ses employé.es ou encore les socios-pro d’un territoire.
Le durcissement de la règlementation européenne en matière d’allégations environnementales devrait en parallèle permettre davantage de responsabilisation en matière de communication touristique.