Une Ministre et un BEGES en baisse

Publié le 14 octobre 2024
4 min

Le mois de septembre s’achève donc sur ces deux annonces particulièrement importantes, et pas forcément compatibles d’ailleurs !

UNE MINISTRE DÉLÉGUÉ CHARGÉE DE L’ÉCONOMIE DU TOURISME

La savoyard et Premier Ministre Michel Barnier a nommé le samedi 21 septembre un haut-savoyard Ministre de l’Économie, Antoine Armand, sous l’autorité duquel la savoyarde Marina Ferrari exercera sa fonction de Ministre déléguée chargée de l’Économie du tourisme (oui oui, c’est Économie avec une majuscule et tourisme avec une minuscule sur le site du gouvernement, et cela a forcément un sens…).

Cette belle représentation alpine, à six ans de nouveaux JO d’Hiver en France, tranche avec la récente dissolution de l’Agence Savoie Mont-Blanc qui rassemblait depuis 2006 les deux départements, acté avec notamment la création d’un tout nouveau CDT en Savoie ce 27 septembre.

Mais réjouissons-nous, comme l’évoque le Monde au lendemain de cette nomination, car cela faisait 17 ans donc que notre secteur n’était plus doté d’un ministère plein et entier (bien que délégué, on se calme).

On le rappelle un peu partout, 7 à 8% du PIB , à peu près autant de l’emploi salarié en France, ce qui justifie bien la majuscule d’Économie, et donc un maroquin au lendemain des JOP2024, la meilleure campagne de promotion jamais réalisée ! Et cela laisse augurer, comme constaté chez nos prédécesseurs, une augmentation probable des visites internationales sur les prochaines années.

Comme il est de coutume, l’exercice commence avec un petit tour des popotes pour rassure tout le monde : au Congrès des Régions de France à Strasbourg puis aux Rencontres du réseau ADN Tourisme à Troyes où « les territoires sont importants dans un contexte hyper concurrentiel », au Congrès des Domaines Skiables de France à Reims et des élus de montagne à Super Dévoluy pour dire qu’il doit « exister une 3ème voie entre le tout ski et le ski bashing » et valider le soutien du gouvernement aux JO d’Hiver de 2030, et bien sûr avec chacune des représentations syndicales du secteur, toutes ravies de cette nomination.

Et en cette veille d’ouverture des 20èmes Rencontres Nationales du etourisme à Pau, on notera bien évidemment que Marina Ferrari occupait dans le précédent gouvernement le Secrétariat d’État en charge du numérique. Une Ministre, férue et connaisseuse de tech, qui a exercé dans un CA d’Office de Tourisme, ça devrait pouvoir être positif ? Reste à voir si le gouvernement dans son ensemble connaîtra une longévité suffisante pour impulser quelques projets…

L’ADEME MET À JOUR LE BILAN GES DU TOURISME

Fin septembre également, le 27 pour être précis, journée mondiale du tourisme, l’ADEME a rendu public son Bilan des Émissions de Gaz à Effet de Serre du tourisme français, portant sur l’année 2022, et mettant à jour les précédentes données de 2018.

Souvenez-vous, on était à 118MtCO2 et vous avez sûrement vu et revu ce schéma paru en 2021 (sur les chiffres de 2018) :

Guillaume présentait l’infographie de ce nouveau bilan dans son billet de mercredi dernier, (Infographie complète à retrouver sur le site de l’ADEME), qui relève une baisse de 16% pour s’établir à 97MtCO2, dont 46Mt sont émises sur le territoire français, correspondant à 11% de l’inventaire national. Le débat sur le rapport entre la contribution économique et celle à l’émission de GES reste donc toujours d’actualité.

Cette baisse de 16% en quatre ans est toutefois notable, même si elle devra se poursuivre sur un rythme toujours aussi soutenu pour atteindre l’objectif de 40 à 50% d’ici 2030. Si les grands équilibres restent relativement similaires, les mobilités comptant pour encore 69% (contre 77% en 2018), et c’est à l’intérieur de ce bloc qu’il faut chercher les raisons de ce progrès puisque l’aérien qui représentait à lui seul 41% des émissions ne participe plus qu’à hauteur de 29% ! L’Ademe estime qu’en 2022, les touristes viennent de moins loin, et avec des modes de transport plus décarbonés qu’en 2022. En bref, une clientèle plus locale et européenne, qui a davantage utilisé le train, et en tout cas, moins l’avion, mais principalement en raison d’effets conjoncturels, dont les impacts des restrictions sanitaires post-Covid.

L’Ademe relève également que tout en baissant ses émissions, le secteur conserve une contribution économique tout aussi importante qu’en 2018, signe pour l’organisme que les impératifs écologiques peuvent être compatibles avec des objectifs économiques.

Incompatibilité ?

Et oui, la question se pose, puisque Madame la Ministre a déjà largement évoqué la concurrence internationale, des États avec une dynamique et générant des dépenses supérieures, et l’intérêt de capitaliser sur le succès des JO pour faire revenir une clientèle internationale, séduite par les images de cet été. Et mathématiquement, même si on cisaille Atout France, ou les budgets promotion des diverses institutions, cela risque bien de se produire, au moins pour les cinq prochaines années.

Compliqué d’être en phase avec l’objectif lié aux Accords de Paris des -40 à 50% d’ici 2030 du coup ! D’autant qu’en conclusion de son communiqué de presse, l’Ademe relève qu’au-delà des effets conjoncturels qui ont marqué la période 2018-2022, il faudra d’ici 2030 « faire évoluer la provenance et le mode de transport des touristes. Le nombre de touristes peut également devenir un paramètre-clé. » Et perso, j’inverse le caractère gras par rapport au CP de l’Ademe pour l’amener sur le nombre de touristes, débat rarement envisagé, que l’on a déjà évoqué dans ce blog… Le CP se conclut par « il est nécessaire d’adopter des mesures publiques transformatives, notamment pour favoriser dans la durée un tourisme plus local.« 

Et hop, bienvenue Madame la Ministre, dans un monde où il va devenir malgré tout de plus en plus compliqué de continuer à parler de croissance si l’on souhaite contribuer à un futur si ce n’est désirable, au moins vivable.

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Ludovic a démarré sa carrière en Auvergne, à l’Agence Régionale de Développement, puis dans un cabinet conseil sur les stratégies TIC des collectivités locales. Il a rejoint en 2002 l’Ardesi Midi-Pyrénées (Agence du Numérique) et a plus particulièrement en charge le tourisme et la culture. C'est dans ce cadre qu'il lance les Rencontres Nationales du etourisme institutionnel dont il organisera les six premières éditions à Toulouse. À son compte depuis [...]
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