Derrière ce titre un peu abscons, je voulais vous parler de ma dernière expérience Facebook…
Il y a peu, on m’a « invité » à découvrir la page Flam’s, du nom d’une chaîne de restaurants consacrés à l’incontournable et l’inégalable tarte flambée alsacienne. Ah quel bonheur, quelle fierté légitime de voir des gars bien de chez nous développer leur affaire et en plus être au super top de la branchitude avec une belle présence sur Facebook… et déjà 1673 amis !
Au comble de la béatitude, j’admire ce paradigme de la nouvelle sociabilité, ce parangon de la modernité, et je découvre que je peux même « Partagez des Flam’s » avec mes amis et encore plus fort « Réservez » ma table. In-croy-able !
Bon là, je me suis dit qu’il fallait que j’essaie pour ne pas mourir totalement ignare, et je me suis lancé dans la réservation d’une table. Fastoche :
1) Cliquer sur « Participez » (moi je voulais juste réserver mais bon…)
2) Je fais face à une « demande de permission » pour autoriser Flam’s à faire plein de trucs avec mon compte… pas très rassurant, non ?
… bon, ben je clique parce que sinon « pas d’autorisation, pas de réservation ! »… mais j’angoisse un peu quand même…
3) Super, j’ai gagné, j’accède à l’application… À ce stade il faut que « je crée un évènement ». Je remplis le formulaire consciencieusement : 11 champs à renseigner, rien de moins.
4) Je sélectionne les convives parmi mes « amis » Facebook. Bon, si c’est un évènement, j’invite au minimum l’ami Jean-Luc Boulin, mais je voulais aussi inviter une amie, la directrice de l’office de tourisme de S… , mais zut elle n’est pas encore mon « amie » Facebook (vous me suivez ?)… je la cherche désespérément mais elle n’a pas de compte Facebook… tant pis je ne l’invite pas (elle n’a qu’à avoir son compte après tout ; je ne vais quand même pas inviter des gens qui ne sont même pas sur Facebook, non mais !)
5) Les heureux élus pour cet évènement reçoivent un mail avenant de cette jolie facture :
Je ne sais pas vous, mais moi, à la réception d’un mail de ce type, j’ai plutôt tendance à le « poubelliser » derechef… Du coup, mieux vaut prévenir vos amis qu’ils vont recevoir le mail…
6) Vos convives, pas très rebutés, vous répondent qu’ils souhaitent participer à votre « évènement » (… euh, ce n’est qu’un simple dîner de tartes flambées en fait… j’espère qu’ils ne seront pas déçus…)
7) Vous transmettez la « demande de réservation » au restaurant…
8) Si tout va bien, il vous répond que c’est tout bon
9) Vous êtes super fier de vous le soir de « l’évènement » devant vos copains ébahis par votre maîtrise exceptionnelle du web 2.0… et tout le monde sort son Iphone ou son Ipad pour raconter ça en direct sur Facebook avec moultes photos forcément avantageuses et qui raviront vos futurs employeurs potentiels dans quelques années ! (super soirée en perspective …)
J’en viens même à me demander comment on faisait avant ! Rendez-vous compte, il fallait téléphoner à chaque convive, discuter le bout de gras, téléphoner au resto pour réserver et…. c’est tout ! Mais bon, on risquait d’avoir des invités non membres de Facebook, des has been totalement asociaux quoi !
Que les gérants des Flam’s me pardonnent pour cette présentation un tantinet ironique. Je confirme que leurs restaurants sont bien sympathiques au demeurant. J’ai voulu vous présenter cette petite expérience pour illustrer le fameux adage « le mieux est l’ennemi du bien ». On voit bien là quelques travers de la frénésie des réseaux sociaux : la complication inutile, le côté impersonnel de la démarche, le repli sur sa communauté d’amis, etc.
Comme dit Pierre Eloy, « j’dis ça, j’dis rien »… parce que je sais bien que nous tous avons déjà utilisé des « trucs » de ce genre bien compliqués et super à la pointe technologiquement… alors qu’on aurait sans doute pu obtenir le même résultat avec des méthodes « archaïques », plus tranquillement et surtout avec beaucoup plus d’humanité…
Et puis en plus j’entends sur France Info que 72% des tweets ne seraient lus par personne !!!!
Ainsi va la vie ?