Bonjour bonjour, pour l’article de ce jour j’ai eu quelques difficultés à enclencher la marche avant. J’aurais pu vous parler de mes derniers échanges brillants avec des participants enthousiastes autour de l’intelligence artificielle, du test de ma Google Home qui me réjouis avec ses charmantes expressions comme « et là, c’est le bug » ou vous conduire vers des nouveautés numériques, comme par exemple Pinterest qui réinvente les QR codes pour les afficher sous forme de Pincodes dans les boutiques. Autrement dit, le digital retrouve le chemin des espaces physiques. J’aurais pu aussi vous démontrer les avantages collaboratifs des différents réseaux sociaux d’entreprises, mais également la reproduction des hiérarchies qu’ils reconduisent contre toute attente chez leurs thuriféraires. Pour les plus jeunes, je n’ai pas fait d’erreur, c’est un mot français qui n’a rien à voir avec les thunes ferroviaires. Ou encore de Messenger préféré à Slack en messagerie interne chez Wallmart.
J’aurai pu vous citer également tout un ensemble de nouveaux sites web de destinations qui sont sympas, ergonomiques, fluides, beaux, lustrés, ou rien ne dépasse. Comme par exemple ceux qui suivent.
- Discover Palm beaches en Florida qui, à partir d’un choix de dates, propose de typer les voyageurs et leur suggère de varier les curseurs affichés pour choisir, planifier et réserver leurs activités
- Les récits des habitants de Tallinn sont des trésors incroyables de vies ingénieuses et très soigneusement éditorialisées, avec un niveau d’empathie proche de la perfection. Du grand art !
- The Basque Route : 849 km, 7 itinéraires, 109 paysages différents, de vraies recommandations, de la planification, de la résa. Aucune raison de s’endormir dans de telles beautés magnifiées
- Ou encore les parfaits agencements de contenus magnifiques de Capetown.travel qui donnent l’envie de décoller et de changer de vie tant c’est beau et généreux. C’est l’Afrique du Sud rêvée
Des tuyaux inspirants
Ou vous présenter des initiatives touristiques malignes qui démontrent la vivacité des offices de tourisme, des collectivités locales, des professionnels et des élus locaux comme celles-ci bienvenues et qui apportent une vraie différenciation.
- La mairie de Granada en Espagne et son office de tourisme ont lancé des routes touristiques investies par des taxis locaux bilingues. Voilà une idée qu’elle est bonne !
- La création de contenus en enrichissant les pages de Keepexploring.canada de contenus Instagram. Ca pète !
- De la défense du positionnement authentiquement décalé de la Principauté de Laas en Béarn, dont vous pouvez devenir citoyen d’honneur en commandant le passeport moyennant 35 euros.
- Ou encore, visiter le cimetière des oeuvres d’art de « l’excellentissime mairie » de Morille près de Salamanca en Espagne. Une affaire très très sérieuse pour ses concepteurs et les habitants sortis de l’ombre depuis la création de ce mausolée artistique souterrain.
En fait, non, je vous appelle au vide !
Bref, j’aurais pu. Mais non, le vrai propos que je veux vous tenir c’est le suivant : videz votre agenda et celui de votre destination ! Et tant que vous y êtes, celui des autres aussi ! Sérieusement, avez-vous compté le nombre de jours dans l’année où vous êtes en conférences, séminaires, coworking, formation… Il suffit de parcourir vos comptes Facebook, pour s’en rendre compte. C’est un régal. On se demande qui bosse dans cet univers du tourisme institutionnel. Franchement ! A l’époque du bonheur au travail promu comme cause touristique nationale, il vous faut considérer qu’une partie de vos troupes professionnelles, mais aussi de vos clients, voyageurs et locaux, n’ont pas envie d’être sollicités tout le temps. Possiblement vous non plus.
Aussi, je vous invite à un sursaut tranquillisant ! Un vrai art de vivre touristique consisterait à contester la sur-occupation temporelle. Halte aux nuits trop courtes, aux notifications hystériques, à l’ubérisation victorieuse. La procastination touristique doit être remboursée par la sécurité sociale. On suffoque de la performance au travail, ne rajoutez pas de l’asthme aux vacances ! La productivité doit se mettre à l’arrêt. On doit réapprendre à faire des bulles au milieu des poissons, que vous aurez lâchés dans la piscine, à chasser les étoiles avec un filet à papillons, à donner de l’herbe à fumer aux lapins, à jouer au rami, à siroter l’orgeat en nettoyant méticuleusement tous vos espaces promotionnels des contenus qui n’apportent rien. Mais rien du tout !
Proposez, ordonnez, codifiez la désinvolture touristique ! On ne doit plus culpabiliser de ne vouloir rien foutre al païs. Plus le temps paraîtra long et l’espace vide, plus l’envie de découvrir et de pratiquer des activités se matérialisera. Vivent le nasting et le napping, en bon français le rien foutrage et la siestoune ! Ca, c’est les vraies vacances. Donc, du vide, c’est du choix et le choix, ça ne supporte pas la discussion. Non mais !
Souvenez-vous : go slow, charentaises et bigoudis !
Quelques lectures recommandables aux endiablés des SIT exhaustifs, des expériences multiples, des injonctions électives pour pousser le manège de Jojo ou le restaurant de Marcel, ancien de l’équipe de foot :
- Eloge de la lenteur, de Carl Honoré
- Du bon usage de la lenteur, de Pierre Sansot
- L’embellie, de Jean Pierre Chabrol
Ca devrait vous calmer et vous rappeler que les jours sont prodigieusement bons par les vacances et les voyages qu’ils annoncent. Souvenez-vous que l’humain n’est pas raccord avec les autres mammifères : il est un dormeur monophasique alors que 85% des mammifères ont des phases de sommeil brèves et nombreuses. Respectez son temps de latence et de repos quand. Y’a du boulot ! J’ai bien conscience d’aller à contre courant du tout occupationnel qui prime, mais c’est pour vous permettre d’apprendre à prendre le temps de l’écoute, de la réflexion et de la création unique, loin du mimétisme souligné ces derniers jours par l’ami Cédric Chabry. Réapprenez à penser et faire seuls, et pour cela, il y faut du temps et une discipline de fer. Et pour marquer la différence et vous engager dans cette nouvelle voie : charentaises et bigoudis, rien de tel !
Sources photos : Dayne-Topkin pour les charentaises et Tanja Heffner pour les Bigoudis, sur Unsplash