Biomimétisme et raies mantas

Cette journée sera une réelle immersion, une plongée dans des concepts innovants mais pas nouveaux, au cœur des bassins presque irréels des aquariums de Nausicaa.

Aujourd’hui, nous assistons à la deuxième édition de « Voyage au Centre de la Tech », dédiée au bio-mimétisme et à la bio-inspiration.
Conçue par les équipes de Pas-de-Calais Tourisme, cette journée va faire la part belle à la nature, qui, généreusement, nous inspire les inventions les plus folles mais aussi les plus sages.

Ici, le bio-mimétisme convoque des imaginaires renouvelés, comme l’évoque le manifeste de l’événement qui met Jules Verne à l’honneur, observateur patenté des merveilles de la nature et fertile inventeur de symbioses biomimétiques en tous genres. Vous pouvez écouter ça ici.

Cet événement a réellement été pensé comme une mise à l’eau : se mouiller la nuque tout d’abord avec une série de conférences où l’on nous incite à changer de regard et de posture, pour « rentrer dans la nature ».

Interroger ce désormais intenable clivage entre nature et culture sera notre clef d’entrée, que les conférenciers nous remettent à nous, spectateurs étonnés, parfois déplacés, parfois éclairés. On fait le tour des notions, des définitions : bio-mimétisme, bio-inspiration, bio-régionalisme. On prend conscience progressivement que c’est un enjeu de reconnexion au territoire, dans toutes ses composantes. On s’acclimate tout doucement. 

EN QUELQUES EXEMPLES

Le bio-mimétisme, c’est quand un.e architecte conçoit un lotissement en s’inspirant des manchots empereurs et de la manière dont ils se regroupent et se déplacent au sein du groupe pour maintenir la chaleur collective ; c’est quand un.e océanographe utilise des techniques de fabrication 3D pour créer des récifs propices à ré-accueillir des populations marines ; c’est quand un.e urbaniste étudie la circulation des fourmis pour penser les flux humains d’une métropole.

Petit à petit, on fait quelques pas en avant, l’eau dépasse nos chevilles et l’on rentre progressivement dans le concret et convoquer des expériences touristiques portant des approches qui poussent le curseur du développement durable. L’un évoque la notion de « ménagement » du territoire plutôt que de son aménagement, lorsque l’autre remet la notion de soin au cœur de ses pratiques de professionnel du tourisme.

Il s’agit donc pour les acteurs touristiques de “se relier à ce qui crée la vie sur le territoire, ce qui crée de l’enthousiasme et ce qui est commun”, selon Olivier Massicot, du Territory Lab. Ce projet de recherche-action déployé dans la Drôme a pour vocation de concevoir des outils et des communs pour accompagner le développement régénératif des territoires ; ses méthodes sont transposables.

Ce qui est au cœur des propos, c’est d’aller vers la résilience, et d’abandonner la résistance. Il s’agit de faire avec au lieu de lutter contre. Nous sommes face aujourd’hui à un enjeu de coopération volontaire avec la nature, qui passe notamment par l’équivalence des acteurs. En somme, il est temps pour les humains de renoncer à leur position dominante face au vivant.

passage aux actes

L’après-midi, on frôle le choc hypothermique en sautant à pieds joints dans différentes fresques participatives ! Fresque de la biodiversité, du sol, de l’économie régénératrice… Autant d’occasions de se frotter au réel en mode travaux pratiques et changement de posture. Ce qui est bien, dans le Nord, c’est qu’on n’attend pas pour passer à l’action ; et cela se traduit par le dévoilement d’une stratégie « Tourism Biomim Design» à l’échelle du Département, qui a vocation à embarquer les acteurs locaux pour anticiper les changements, dans une vision collective et respectueuse du vivant.

Une démarche de bio-régionalisme est désormais entamée sur le territoire du Pas-de-Calais.

Nous voici arrivé.e.s au terme de cette journée revigorante, laissant nos pensées dériver en contemplant une raie manta que notre présence laisse parfaitement impassible. La faune aquatique vaque sous nos yeux, derrière cette immense baie qui s’ouvre sur un monde marin, comme infini et perpétuel, qu’on aura peine à quitter.

Ressources
ADEME – Innover en s’inspirant de la nature
Chaîne Yoube « Nature = Futur ! » sous ce lien, pour tout comprendre en vidéo