Rares sont à présent les schémas de développement touristique qui n’intègrent pas un axe sur le tourisme durable. Dans le meilleur des cas, il infuse l’ensemble de la stratégie. La communication devra ensuite transcrire ces intentions en messages. Et la bonne nouvelle avec le tourisme responsable, c’est qu’il ne suffit pas de l’affirmer pour qu’il le soit.
En effet, pour être responsable, une destination touristique a besoin d’actions concrètes. Cela débute par des engagements au sein de la structure, mieux vaut balayer devant sa porte avant d’aller prêcher la bonne parole. Arrivent ensuite les acteurs socio-professionnels, dont certains n’ont pas attendu le nouvelle stratégie pour s’engager. Enfin, on peut agir sur la sensibilisation des clientèles comme par exemple sur la problématique des déchets, des sites sensibles et pourquoi pas de la mobilité (qui pour rappel pèse 77% des émissions de CO2 du tourisme ).
Mais d’autres acteurs, très engagés, restent trop souvent à la marge des plans actions et supports de communication des OGD : les associations ou Organisations Non Gouvernementales, qui sont pourtant des acteurs majeurs des territoires sur les sujets de la protection de l’environnement ou des causes sociales notamment.
Trouver l’équilibre entre engagement et militantisme
Cette infographie, traduction française des travaux du Stockholm Resilience Centre, montre que nous dépassons d’ores et déjà plusieurs limites planétaires, menaçant tout simplement notre existence. Les enjeux de notre époque sont vertigineux alors que ces sujets n’occupent qu’une faible place dans l’espace médiatique. Et que dire du temps accordé au sujet sur la séquence politique en cours.
Ainsi, l’engagement citoyen devient incontournable. Longtemps réservé aux militants, l’engagement semble trouver ses lettres de noblesse auprès d’un plus grand nombre. Les nouvelles générations en particulier souhaitent traduire leurs préoccupations en actes.
Bien sûr, l’éco-volontariat et les sciences participatives ont su depuis longtemps trouver leur public. L’association Cybelle Planète, par exemple, propose d’embarquer plusieurs jours sur un voilier afin de recenser et noter les observations de baleines, dauphins, tortues marines et autres animaux…
Dédier une semaine, un mois ou un an à une cause nécessite un engagement fort qui n’est pas accessible à tout le monde. Mais les OGD ont les moyens de rendre cet engagement accessible à leurs habitants ainsi qu’à leurs visiteurs qui auraient envie de consacrer 1h ou une ½ journée pour aider à nettoyer le lit d’une rivière ou à recenser la présence d’un oiseau migrateur sur le territoire.
Identifier les acteurs et les actions locales
La fondation pour la nature et l’homme administre un site particulièrement bien fait qui recense dans toute la France des activités engagées à proximité d’un lieu. Sur www.jagispourlanature.org, on trouve en quelques requêtes des activités de pleine nature pour aider à protéger l’environnement.
Exemple avec le projet de sciences participatives Spipoll qui a pour but d’étudier les réseaux de pollinisation. La mission est simple, il suffit d’observer les fleurs et de photographier les insectes pendant 20 minutes puis d’envoyer les photos sur le site dédié à l’opération. Une activité ludique et très accessible qu’il est possible de faire partout en France.
Autre idée, faire un écojogging. Concept qui consiste à ramasser quelques déchets trouvés au cours de son run. Et pourquoi pas de référencer tout ça sur l’application RUN ECO TEAM.
Du côté Pouydesseaux dans les Landes, le centre de soins Alca Torda soigne plus de 800 animaux par an. Les soigneurs accueillent des volontaires pour les assister dans leurs missions quotidiennes comme les soins apportés aux animaux, la préparation des rations alimentaires ou le nettoyage des cages.
Plus connus du grand public, les associations Surfrider Foundation ou Mountain Riders coordonnent régulièrement des séquences de ramassage de déchets. Il est même possible d’organiser des ramassages sur son territoire.
La ligue de protection des oiseaux via ses différentes antennes régionales fait régulièrement appel à des volontaires pour des missions d’observation des oiseaux, de comptage ou même de soins à la faune sauvage.
D’autres démarches, plus événementielles, sont aussi intéressantes comme Le Jour de la Nuit. Une opération nationale de sensibilisation à la pollution lumineuse et à la protection de la biodiversité nocturne et du ciel étoilé. Coordonné par Agir pour l’Environnement, le Jour de la Nuit est l’occasion d’observer le ciel et de redécouvrir notre rapport à la nuit grâce aux centaines d’extinctions de lumières et d’animations de sensibilisation qui ont lieu lors d’une soirée chaque année.
On pourrait citer des centaines d’autres initiatives de ce type qui trouvent, j’en suis convaincu, toute leur place dans l’offre d’une destination touristique. Encore faut-il accepter de ne pas mettre la poussière sous le tapis et d’assumer par exemple l’utilité d’un ramassage de déchets sur son territoire. Ces activités sont souvent gratuites, ludiques, pédagogiques et gratifiantes, elles répondent sur de nombreux points aux demandes des visiteurs des territoires.
Certains ont déjà passé le cap, et on voit apparaître ce type d’activités ça et là sur des sites d’Offices de Tourisme.
C’est votre cas ? N’hésitez pas à le signaler dans les commentaires de cet article.
Première étape, cartographier et prendre contact
Le travail d’identification et de cartographie de l’offre de tourisme responsable d’un territoire est fastidieux mais indispensable. Lister les prestataires labellisés est une première étape mais cela ne permet pas une cartographie complète de l’offre. D’autres acteurs, engagés mais non-labellisés, composent aussi cette offre. Enfin, le recensement de ces acteurs locaux associatifs permet de compléter ce recensement des acteurs engagés.
Pour les missions d’éco-volontariat, mieux vaut commencer par prendre contact avec les structures pour s’assurer qu’elles seront en capacité de recevoir des novices. Il faudra aussi sensibiliser les visiteurs à la réalité des missions afin d’éviter les fausses promesses et de possibles frustrations.
Existe-t-il vraiment une demande sur ces sujets ?
Les études sur les intentions de séjour des français relèvent des envies de relaxation et de farniente, mais aussi des envies de re-connexion à la nature et de donner du sens à leur séjour.
C’est notamment ce que précise l’étude réalisée par Tourisme Bretagne en partenariat avec ADN tourisme, l’UNAT Nationale et 10 Unions régionales ainsi que 11 Comités régionaux du tourisme sur Les nouvelles aspirations des Français en matière de vacances.
Du côté des recherches en ligne, Google relève une augmentation des requêtes sur les changements climatiques, de façon significative (+90%) pour les requêtes des internautes sur l’IPCC. Dans une étude menée par Google auprès des internautes, 82 % déclarent que le développement durable est plus prioritaire qu’avant la crise, 83% déclarent que le tourisme durable est vital. Enfin, les recherches de “séjours éco-responsable” ont progressé de + 142% entre 2021 et 2022.
La demande n’a jamais été aussi forte sur tous ces sujets, les OGD sont plus que jamais impliquées dans le tourisme responsable et l’offre progresse de jour en jour. Reste à coordonner tout ça, et à n’oublier personne en route car chaque action compte.