Profitez, durant ce mois d’août, de rediffusion des billets écrits par les rédactrices et rédacteurs d’Etourisme.info tout au long de l’année.
Ce billet de Gallic Guyot a été publié pour la première fois en septembre 2021.
La blockchain, WTF!!!??? C’est une technologie qui permet le stockage (une sorte de grand registre décentralisé) et la transmission d’informations sans organe de contrôle. Et les derniers mots ont leur importance. Dans un climat de défiance croissant envers les banques et les états, que penser d’une solution où la sécurisation de votre argent, de vos contrats, l’anonymisation de vos transactions sont garantis par la communauté ? La communauté, comme tiers de confiance, quoi de plus naturel, c’est le quotidien de nos réseaux sociaux.
Et vous connaissez certainement un cas d’usage basé sur cette techno, les cryptos : le bitcoin, l’ethereum ou encore le dodgecoin !
L’objet ici n’est pas de débattre de leur pérennité, de l’explosion imminente d’une bulle, d’un cours corrélé aux déclarations d’Elon Musk ou encore de l’introduction fracassante de Coinbase à Wall street, mais bien d’appréhender la puissance de la blockchain au service du tourisme (une innovation qui ne vient pas de la Silicon Valley, ça existe).
QUAND LES PAYS ET LES GROS OPERATEURS SE PREPARENT !
Depuis que Singapour Airlines a été précurseur en 2018 dans l’utilisation de la blockchain pour créer un programme de fidélisation (leur porte monnaie numérique baptisé Krispay permet de convertir des miles auprès d’entreprises partenaires comme Lego ou Asics), les initiatives se multiplient et s’accélèrent dans un contexte post crise sanitaire.
La Thailande notamment, par l’intermédiaire de son gouverneur du tourisme (cf. déclaration ci-après) a annoncé en début d’année vouloir miser sur les cryptos pour booster son tourisme
« Si nous pouvons préparer le pays au marché des cryptomonnaies, cela permettra de créer plus d’opportunités pour attirer des touristes au fort pouvoir d’achat, en particulier les jeunes et les riches. »
Yuthasak Supasorn, gouverneur du Tourism Authority of Thailand
Egalement, la province insulaire chinoise de Hainan indiquait vouloir utiliser un programme de « points » fonctionnant sur la blockchain pour stimuler le tourisme dans la région, et ce dès octobre 2020 : https://fr.cryptonews.com/news/china-using-blockchain-power-to-boost-post-covid-19-tourism-8012.htm
Les exemples sont donc légions. On peut encore citer Trivala, une plateforme de réservation d’hébergements et de vols payables en cryptos : https://www.laquotidienne.fr/des-reservations-touristiques-desormais-en-crypto-monnaies/
DEUX STARTUPS A SURVEILLER
BTU Protocol
BTU Protocol, start-up Française, a vocation de s’affranchir des intermédiaires classiques dans l’hôtellerie et les systèmes de réservation de services en général. Leur solution permet aux utilisateurs de réserver un hôtel ou une voiture de location sans aucune commission.
Vous réglez en monnaie fiat (euros, dollars) ou cryptomonnaies et l’application vous reverse un certain nombre de BTU déterminés préalablement par l’hôtelier ou le loueur. Les BTU ainsi acquis (cashback) sont ensuite utilisables chez leurs différents partenaires dont la FNAC et malheureusement Amazon.
En savoir plus : https://btu-hotel.com/
H64
H64 est une start-up accompagnée par le Slow Tourism Lab (incubateur initié par différents acteurs dont le Comité Départemental de l’Aube). Elle propose aux entreprises de mettre en place rapidement et sans faire appel à des expertises rares et coûteuses des solutions Blockchain qui s’intègreront aisément avec leurs systèmes informatiques existants.
VISIT4GOOD en est un exemple pertinent. Il s’agit d’une market place destinée aux OGDs qui permet la digitalisation et la distribution d’offres touristiques sans intermédiaire (et si on passait à la commercialisation éthique..).
A noter qu’H64, en réponse à la crise sanitaire, a également développé VISIT4SAFE, la première plateforme de Tourism Risk Assesment. Elle permet notamment de gérer la certification sanitaire et ipso facto d’assurer la protection et de restaurer la confiance des clientèles touristiques et opérateurs touristiques.
Plus d’info :
https://www.slow-tourisme-lab.fr/fr/h64/
Et enfin, je soumets à votre sagacité, deux sujets de science fiction réflexion :
LES GHOST-HOSTS
On y est déjà. Un relationnel client qui se résume à deux échanges sms et une boite à clefs. Mais poussons cette déshumanisation et anonymisation à son paroxysme, imaginons un monde où vous avez acheté votre appartement en bitcoin via un crypto-prêt souscrit auprès de la communauté, où des caméras connectées permettent à vos clients, en amont du séjour, de découvrir tous les recoins du logement et vous informent des moindres débordements des loueurs grâce à l’intelligence artificielle, où tous les contrats, passeports sanitaires, et avis clients de vos locataires sont sécurisés via la blockchain et où, enfin, votre conciergerie sécurise son protocole sanitaire grâce à la blockchain,…Vous êtes un hôte fantôme : celui qui n’a jamais vu ni son appartement, ni ses locataires.
LE FGC – LE FRANCE GREEN COIN
A l’instar de l’initiative du gouvernement Thaïlandais, imaginons un France Green Coin (un stable coin indexé sur l’euro), une monnaie étatique dédiée à la consommation touristique durable :
- qui encourage une consommation d’hébergements et d’activités responsables
- qui rémunère son détenteur via un système de cash back (plus tu consommes de FGC, plus tu en gagnes en retour)
- qui permet aux acteurs de disposer gracieusement via leur OT d’un système de paiement acceptant les FGC et où les plateformes de resas seraient conditionnées à des critères éthiques (ex : taux de commissionnement bas, obligation d’un green score) pour être rémunérées via des FGC
- qui sécurise et automatise le versement
d’une taxe de séjourd’une taxe de développement durable auprès des collectivités - qui corrèle les tarifs selon le niveau de green score de l’offre touristique concernée. A prestation équivalente, le client paye moins cher pour une offre « engagée ».
- qui encourage les clients à reverser un % de FGC à des associations éthiques agrées à chaque transaction
- qui permet aux destinations de décliner des monnaies locales (cf. l’excellent article de Caroline LE ROY sur ce sujet : https://www.opentourismelab.com/voyager-local-consommer-local-payer-local/
…etc
On en voit immédiatement toutes les bénéfices pour les acteurs de la chaine : client, opérateurs touristiques, OT/CDT/CRT et collectivités.
EN CONCLUSION, UNE TECHNOLOGIE REVOLUTIONNAIRE
Et oui, car la blockchain est transparente – sécurisée – infalsifiable et elle automatise ! On assiste à la deuxième révolution d’internet. Gageons que nous y verrons une formidable opportunité et non une menace inhérente à la volatilité des cryptos. Soyons audacieux et tirons tout le bénéfice de la blockchain pour servir efficacement la transformation numérique et durable des acteurs touristiques, et conserver la richesse localement. Le secteur du tourisme a toujours su innover pour rebondir. Osons croire que nous saurons continuer sur cette voie (et que les institutionnels ne mettent pas 3 ans à réagir…) !