C’est cet article de François Houste, récemment paru sur l’excellent blog « e-tourisme Feng Shui » qui a attiré mon attention sur la vision des destinations territoriales touristiques selon Google.
L’article de François, intitulé « Google et #SEO, la recherche sémantique débarque dans le tourisme » explique comment le moteur de recherche déploie les « briques sémantiques » tel que le knowledge graph, les lieux d’interêt, et plus récemment les « destinations ».
Des lieux d’intérêt très liés aux pages Google +
J’avais présenté le carroussel des lieux d’intérêt il y a deux ans dans cet article. A l’époque, c’était la version anglaise de Google qui à la requête « top things to do » affichait un carrousel de photos reprenant des lieux d’intérêt. Aujourd’hui, cette fonction se retrouve dans plein de requêtes sur le moteur, et même dans le knowledge graphe de certaines entités, comme ici sous la requête tourisme aquitaine.
Comme on peut le voir en plus des informations Wikipedia sur le haut du Graphe, les lieux d’intérêt de l’Aquitaine sont affichés en bas du bloc Knowledge Graphe. Comment sont-ils sélectionnés? Entre le château de Commarque et la Dune du Pilat, la différence en terme de visiteurs est « sensible ». Il semble que la présence d’une page Google Plus active participe beaucoup au positionnement du lieu d’intérêt…
Google gère les contrats de destination
Mais ce n’est pas la seule surprise! Google a emboité le pas aux différentes instances touristiques en se lançant dans la définition de destinations touristiques. Ainsi si vous tapez dans le moteur de recherche « destination + nom de la région », ou « destination + département + numéro », voici qu’apparaît une liste de destinations référencées par Google en tête de la page de résultats. Voici le résultat pour la Manche :
Pour un certain nombre de régions (mais pas toutes encore, bizarrement), on a le même résultat en tapant « tourisme + nom de la région ».
Cette nouvelle mise en avant des destinations par Google appelle plusieurs réflexions : la première étant que le moteur de recherche ne se pose pas de question : il a adopté l’organisation géographique administrative de la France. Tant pis donc pour le Berry, qui ne se retrouve pas sous cette forme dans google! Et pour retrouver Deauville comme destination, il faut taper « Destination Basse-Normandie ». Google ne connaît pas la Normandie, contrairement aux internautes… Là déjà j’en perd mon latin sur la définition de la destination… Moi qui croyais que nous institutionnels commencions à penser comme Google, voilà que c’est le contraire….
Deuxième interrogation, sur la sélection des destinations comprises dans l’entité administrative. Ainsi, Dinan n’est pas une destination de la Bretagne, et il faut taper « destination Finistère » pour le retrouver; Idem pour Saint-Emilion qui n’existerait pas en Aquitaine mais que l’on retrouve en Gironde…
Quant aux territoires aux noms fleuris, les Coeurs de Bastides, de Gascogne ou de Thiérache, les Portes de, les Coteaux de, les Vallées de, ils n’ont malheureusement pas leur place dans l’organisation de la géographie touristique selon Google!
Principale explication a priori : l’algorythme de Google piochant dans Wikipedia, encyclopédie organisée autour de l’organisation administrative, c’est cette architecture qui est pour le moment adoptée.
Enfin, on est souvent étonné par les attraits prêtés à chaque destination, en dessous de son nom. Ainsi Dax serait connu surtout pour son art de la salsa et une brasserie? Pour la première station thermale de France, c’est un peu limitatif, non?
Québec, Belgique, Suisse, même combat
La problématique de la Destination est mondiale, et donc le système de Google fonctionne partout : tapez Destination Wallonie, Valais, ou Québec, et vous obtiendrez des résultats équivalents, basés sur les divisions administratives. J’ai trouvé cependant une exception : si on tape dans Google Destination + Cantons de l’Est (qui est une région touristique et non administrative) du Québec, on est redirigé sur la page Destinations de l’Estrie qui est la région administrative correspondante. Si quelqu’un sait expliquer pourquoi, je pense que tous les spécialistes de SEO seront preneurs!
Mais la conséquence n’est pas neutre! Autres subtilité (et de taille) découverte après la publication de cet article grâce aux commentaires des lecteurs : les destinations selon Google font fi des territoires transfrontaliers! Ainsi « destination Pays Basque » ou « Destination Catalogne » renvoie sur la partie espagnole! Oups…
Même si aujourd’hui, ces Google Destinations ne sont présentes que sur un nombre limité de requêtes, c’est un pas de plus du moteur dans l’exploitation du champ du tourisme. Comme le dite très justement François Houste dans son article, c’est maintenant Google qui donne les idées de destination et qui s’est invité dans votre comité éditorial. Il vous faudra donc, une fois de plus, adapter votre stratégie à celle des GAFA…
Disruptés, les organismes de gestion de la destination, vous avez dit disruptés?