Cher lecteur, ce matin je viens te crier ma clameur.
T’as passé un bon dimanche, t’es de bonne humeur.
Et t’as sûrement envie de profiter du meilleur.
Alors lis bien ceci avec une vraie ardeur.
Je t’ai déjà écrit que la photo est l’eldorado des applications touristiques.
Et bien maintenant, je t’assure que l’audio est l’avenir des TIC.
Bientôt sur tous les tons tu produiras de l’acoustique.
Rien de bien acrobatique, tu clameras pratique.
Voilà une initiative que je trouve pleine d’allant et au design réussi. Elle vise à donner (redonner) la parole aux citoyens. Clameurs est un média de capsules de sons géolocalisées. Les Clameurs sont les adeptes de ce nouveau media qui date d’a peine un an et qui repose sur l’audio, géolocalisé et social. Les Clameurs écoutent les publications sonores des autres Clameurs et produisent les leurs. Pour l’instant l’application est disponible via le site web de cette entreprise parisienne (tous les entrepreneurs ne sont pas encore partis à l’étranger, ouf) ou via l’Apple Store. Les productions des clameurs sont ensuite géolocalisées sur une carte Google. Les objectifs des concepteurs de Clameurs sont clairement exposés ici sur Siliconmaniacs.org :
- un objectif d’usage social : débats citoyens, parcours sonores, déclarations d’amour…
- un objectif de compilation : productions patrimonialisées de créateurs sonores
- un objectif patrimonial : notion de réalité « radiogmentée » pour la valorisation des lieux, des expositions
- un objectif d’information : événement, point de vue, manifestations…
Clameurs valorise donc la voix et les sons des nouveaux crieurs publics numériques. L’instant sonore a pour l’instant été peu exploité dans les applications et notamment dans le monde touristique qui privilégie la photo (Instagram notamment). Pourtant, la voix, l’ambiance sonore, les arts vivants, exercent toujours une émotion et transmettent souvent des messages à compréhension rapide. Après les sites d’avis de voyageurs reposant sur du texte, de la photo et de la vidéo, verra-t-on bientôt des avis sonores ? Je pense que oui, avec une difficulté quand même dans le cas du tourisme, la langue parlée freinant la démultiplication des contacts, à l’inverse de la photo, multiculturelle, de la vidéo démonstrative ou d’un bref texte.
L’équipe des Clameurs me paraît bien astucieuse : elle a aussi conçu la Cabine Clameurs. Un téléphone public sonne lors d’une manifestation : les participants peuvent s’exprimer et clamer leurs messages. Le sujet pose des questions non résolues à ce stade : la modération ou l’auto régulation des clameurs acides (propos, dénonciations, insultes…) et les droits des contributeurs quant à leurs créations déclamatoires, je pense en particulier aux artistes des arts vivants qui pourraient trouver un bon écho à leur travail via cet outil.
Donnez du son à votre destination
Et vous chers lecteurs du tourisme institutionnel, que pouvez-vous faire avec
Clameurs ? Des parcours sonores, des jeux de pistes, des commentaires qualitatifs, des descriptions d’événements, des invitations à déclamer en collectif, former vos greeters, proposer des clameurs sonores en diverses langues dans votre cité… plein de choses. Une fête de la musique agrémentée de clameurs musicales géolocalisées dans une destination, ça aurait fière allure.
J’ai testé
Clameurs, ça fonctionne assez bien dans le sens où l’on se crée un compte direct ou bien l’on se connecte via Facebook. L’ergonomie est hyper simple. Vous enregistrez votre voix, vous pouvez aussi prendre une photo (un couplage avec des filtres serait agréable). Ensuite, l’encapsulage est assez long, mais vous testez votre production avant de la valider. Un petit problème cependant avec le nouvel iPhone et sa fonction Plans endogène qui est une vraie cata : la géolocalisation reste, comment dire…perfectible à 30 m près (quand le plan n’est pas faux !), on est donc loin du rayon habituellement donné de 3 m. Autres systèmes approchants :
Shoudio et la
carte sonographique de Montréal.
Les freins de Clameurs ? Parler fort et distinctement à son mobile n’est pas toujours facile. Avoir quelque chose d’intéressant socialement à clamer est aussi un point déterminant. Il faudra voir dans la durée comment l’outil sera approprié car on ne sait jamais trop comment évoluent les publics qui s’ingénient souvent à détourner l’usage envisagé des nouveaux outils.
Allez, je retourne clamer mon slam etouristique à 2 balles.