Depuis 4 jours, j’ai entamé une formation estivale pour 9 semaines en coding school au Wagon à Lyon. En quoi ?! En école de code informatique en bon français. Un été studieux (voir pourri diront certains…) pour gagner une nouvelle compétence qui me semble bien utile dans le monde qui vient mais aussi pour pousser encore un peu plus ma culture entrepreneuriale. J’en profite donc pour écrire un papier en lien avec cette formation mais surtout avec l’apprentissage et la formation en continue qui me semblent bien nécessaire pour gagner en culture entrepreneuriale dans les OGD et permettre d’avoir de nouvelles idées, de les expérimenter et de faire évoluer le monde du tourisme… et l’innovation touristique, c’est bien cela au fond !
Recette pour que le tourisme français performe vraiment
Pendant que le gouvernement continue de regarder sa performance touristique par le principal prisme du nombre de touristes internationaux, je reste persuadé que la performance de ce secteur passera par de l’innovation et de la créativité. Or, l’innovation ne peut pas être uniquement technologique comme se demandait Jean-Luc en début de semaine. Face à l’ampleur des défis écologiques (on le dit souvent sur ce blog ces derniers mois), il est nécessaire de penser les innovations de manière transversale. Or, ce n’est pas en se levant un bon matin et en se disant « aujourd’hui, je vais être innovant ! » ou « Wahou, c’est parti, ce matin, je vais être créatif ! » que cela fonctionne forcément. C’est bien un état d’esprit général en se nourrissant chaque jour, en lisant, en apprenant, en essayant de toucher et d’apprendre de nouvelles compétences.
Pour moi, le tourisme français manque d’entrepreneurs, de toute taille. Ce n’est pas forcément juste des startupers (on a pas mal d’incubateurs tourisme désormais en France) mais c’est surtout cet état d’esprit positif pour développer, pour rechercher des solutions, pour débuguer (désolé ma formation en code déteint déjà sur mon vocabulaire) les problématiques. Et tous les professionnels du tourisme, que ce soit dans le secteur privé ou dans le secteur public et associatif, devraient réussir à atteindre cet état d’esprit d’entrepreneur.
C’est de cette manière que la destination France réussira son pari d’accueillir des visiteurs mais aussi de réinventer cette fameuse performance touristique en intégrant de nouvelles métriques.
Hymne à la culture entrepreneuriale dans les OGD
Et oui, dans les OGD aussi, cette culture entrepreneuriale est plus que nécessaire. Que ce soit dans les conseils d’administration (et donc souvent les élus) mais aussi dans les équipes de direction et parmi les techniciens, cette culture entrepreneuriale à développer est une nécessité pour faire du secteur touristique un pilier de l’économie locale.
J’ai pu voir ces dernières années dans de nombreux OGD que cette culture entrepreneuriale est en plein développement avec, souvent, une liberté d’actions donnée par les élus de ces destinations. Ce point-là est prioritaire pour permettre aux talents de se développer et ainsi donner l’opportunité à la destination d’expérimenter des actions et de récolter souvent les fruits des risques pris par les techniciens.
Or, dans bien des endroits encore, j’ai aussi rencontré des techniciens frustrés, dans l’incapacité de pouvoir prendre des décisions seuls, se devant de demander trop souvent l’avis des élus. Attention, cette relation est importante et complexe. C’est comme les actionnaires non-salariés au sein d’une entreprise, ils se doivent aussi à garder leur position sans interférer chaque jour dans les tâches réalisées par les équipes. C’est la même chose pour les élus. Messieurs, mesdames les élu.e.s, donnez la vision stratégique de la destination et faites confiance à vos équipes pour atteindre ces objectifs.
Coding school, podcast et autre lecture
Or, comment faire pour apprendre continuellement ? Comment faire pour intégrer cette culture entrepreneuriale au sein des OGD ?
Aujourd’hui, j’ai le sentiment que les formations proposées aux techniciens des OGD sont surtout techniques alors qu’elles devraient être aussi mentales voir philosophiques afin de toucher cette culture entrepreneuriale.
Travaille-t-on aujourd’hui assez sur l’évolution des organisations, sur la nécessité de repenser le rôle d’un OGD (en dehors du travail de la Mona ou de la commission prospective d’OTF) ? De quelle manière une direction d’un OGD (ou un conseil d’administration) pourrait accorder plus de temps à la formation individuelle, que ce soit de manière classique, mais aussi pour réfléchir à un projet qui pourrait permettre à un individu de développer quelquechose qui apporte une vraie plus-value à l’OGD et à la destination ? L’histoire de ces grandes entreprises qui donnent du temps de travail (10% ou plus) pour des projets individuels de techniciens qui pourront être expérimentés ou lancés plus tard par l’organisation. Est-ce une utopie pour un OGD ou avez-vous déjà vu cela quelquepart ? La véritable innovation touristique viendra bien de là et pas uniquement des consultants experts extérieurs comme nous…
Et pour toucher et développer cet état d’esprit, les outils ne manquent pas en ligne pour commencer mais aussi les bouquins et certains magazines. Cette formation que je prends actuellement au Wagon est bien sûr un sacré engagement, à la fois en temps (9 semaines) et en coût (5500€) mais c’est bien une formidable opportunité pour porter un autre regard sur la technologie et les outils potentiels à développer au sein d’un OGD (et je ne parle pas uniquement d’un site Internet ou d’un blog…). Le fait de rencontrer d’autres futurs développeurs, d’autres entrepreneurs, permet d’ouvrir le regard sur les potentialités de développement d’une destination. Ce serait une opportunité parfaite de capitaliser sur un salarié… Et sinon, il y a aussi tous les chaînes de podcasts d’entrepreneuriat que j’écoute régulièrement… Le gratin de Pauline Laigneau, Génération DIY, Génération XX (entrepreneuriat au féminin), Marketing Mania avec l’excellent Stan, etc. Les émissions diffusées permettent de développer parfaitement cette culture entrepreneuriale pour les salariés des OGD même si rare sont les exemples dans le tourisme mais c’est bien ça l’intérêt, d’ouvrir son regard à autre chose…
Accompagner les talents et donner de la liberté d’entreprendre dans les OGD
Et parmi les techniciens, on retrouve des talents incroyables ! A plusieurs reprises, j’ai rencontré des personnes qui pourraient apporter de très belles choses dans le privé. Elles avaient la curiosité, la volonté d’entreprendre, de chercher, de trouver des solutions. Elles avaient cet état d’esprit entrepreneurial. Or, pourquoi forcément les faire venir dans le privé. C’est aussi aux OGD de réussir à garder les talents, à les développer, à maintenir toujours leur envie et leur curiosité. Le management est ainsi prioritaire pour faire que la destination profite pleinement des talents des salariés d’un OGD.
Et pour cela, il ne s’agit pas uniquement de créer un poste de CHO (Chief Happiness Officer) ou de mettre un babyfoot et des poufs dans une salle de créativité… Tout va se jouer dans la communication, dans le relationnel, dans la confiance mutuelle entre les personnes et dans une vraie confiance et sincérité envers tout le monde. Si l’équipe prend du plaisir à travailler ensemble, à chercher des solutions au service de la destination, c’est bien de cette manière que la créativité et l’innovation touristique vont arriver naturellement et pas autrement.
De la techno au service de l’humain et d’un tourisme plus responsable
Après, comme le disait François dernièrement un billet, il y a cette question de la technologie et du progrès… Comme je le disais en introduction, pour moi, le monde de demain sera largement technologique, malgré les enjeux environnementaux énormes qui nous font face. Or, comme on a pu le voir avec le lancement du Libra, la cryptomonnaie de Facebook (lire cet article pour bien comprendre les enjeux), il va être nécessaire de trouver un équilibre entre les enjeux autour de la techno et l’humain. Pour moi, il est nécessaire de faire en sorte que la techno reste un outil au service de l’Homme. C’est d’ailleurs bien pour cela qu’il est prioritaire pour moi de se former sur ces questions, en profondeur, et pas uniquement de savoir faire des snap ou des stories sur IG. Mais le progrès résidera dans l’équilibre fin entre la techno et l’humain, entre les dires de Laurent Alexandre et ceux d’Aurélien Barrau. C’est en s’intéressant fortement à ces questions technologiques que l’on arrivera à inventer des solutions au service d’un tourisme plus responsable, que ce soit pour mieux réguler les flux dans des cas d’overtourism (et donc à mieux anticiper l’impact de certaines actions de promotion) mais aussi à inventer de nouveaux outils et solutions en open source que ce soit via les technologies blockchain ou autre.
Se former continuellement et développer cette culture entrepreneuriale nous permettra de réussir cette transition nécessaire du tourisme et de réinventer le secteur sans forcément faire que le progrès nous amène une impasse. Tout ceci sera d’ailleurs la thématique forte du centenaire d’OTF du 25 au 27 septembre prochain à Reims où j’aurais la chance d’intervenir pour parler du monde touristique de demain et de cette nécessaire transition du secteur.
En vous souhaitant un bel été !
Guillaume Cromer