Il y a un adage qui dit, quand tu ne sais pas de quoi parler dans ton billet, regarde vers l’ouest en direction du Canada.
Après une première tentative fructueuse avec le manifeste des Inspirés dans mon dernier article, je renouvelle l’expérience grâce à deux personnes. Gregory de Val Thorens, veilleur compulsif qui a partagé l’original de la suite de mon billet et l’auteur de ce fameux billet, William Bakker de DestinationThink à Vancouver, un CV long comme le bras dans les DMO.
Ahhhh oui au fait, pour ceux qui vont me dire qu’on souffre d’acronymie sectaire, DMO, c’est au choix Destination Marketing Organisation ou Destination Management Organisation… Promoteur de Destination in french.
Je vous propose de traduire avec mes mots (c’est pas gagné, vous êtes un peu inconscients de continuer la lecture de ce billet) et de l’assaisonner également à ma sauce, l’article original que vous trouverez ici :
Le contexte
Pour poser le contexte, on y parle d’argumentaire engagé pour expliquer très clairement aux acteurs touristiques le rôle moderne d’un promoteur de destination. Cela serait presque rassurant de voir les propos nord-américains coller si aisément au contexte français pour des DMO de l’Hexagone qui ont le nez dans le guidon, qui surexploitent le « Oui mais nous c’est pas pareil » ou le fameux « Oui mais nous c’est compliqué ».
La version française pourrait s’appeler…
Traité imparfait et incomplet mais oh combien bienveillant de motivation à bosser à 200% pour vous, chers co-acteurs de notre Destination Touristique
Voici donc en quelques points ce qui pourrait servir de base à une version personnelle enrichie de chaque acteur local concerné par la promotion de destination afin de faire baisser la pression face aux prestataires touristiques, de (re)nouer des liens avec des acteurs qui ont envie de bosser et pas juste d’écouter ou de valider.
Attention : il y a des phrases en anglais. 🙂
1) A rising tide lifts all boats
« Let the DMO work more effectively by focusing on the things that will make business better for everybody, even if that means giving more exposure to certain products more than others. »
1) Accepter le conseil éclairé… pour de vrai
On commence avec un sujet bateau mais qui demande de l’engagement, de la stratégie et du courage parfois pour l’appliquer. L’objectif d’un DMO est d’attirer le maximum de voyageurs heureux de dépenser agréablement de l’argent pour créer une destination économiquement forte. Pour cela, elle doit s’appuyer sur des phares, qui vont éclairer très loin le voyageur hésitant.
Il est donc totalement impensable de voir encore des sites web de DMO qui transpirent la peur du virus de l’Exhaustivite… Comment expliquer à un voyageur et à un prestataire touristique qui se défonce pour avoir une offre/expérience exemplaire que sur mon site de DMO, le plus naze des nazes que la Nazerie a pu créer, aura le même emplacement, le même espace de promotion que celui qui s’est bougé pour vous avoir une relation client d’excellence, qui vous communique chaque année ses infos à jour…
Quel est le sens de tout ça ? Est ce qu’on acceptera longtemps de consacrer plus de temps à l’acteur touristique qui n’a pas de mail, qui ne met pas à jour ses données, qui s’en fout royalement peut être qu’à celui qui joue le jeu ?
Arrêtons d’avoir peur de nos professionnels du tourisme. La peur vient souvent de l’inconnu et du manque d’échanges… Moins on est pote avec nos prestataires, moins on peut les réunir pour travailler ensemble. Il faut briser ce cercle vicieux pour remettre du piment dans cette relation. Je suis convaincu que le conseil éclairé ne peut se faire sans des « parties prenantes », des acteurs extérieurs au DMO et en premier lieu, le conseil éclairé doit se faire avec ses acteurs touristiques. Allez refaire un tour par ici pour avoir une illustration de co-création.
2) A DMO isn’t responsible for your sales
« Don’t expect your DMO to be a sales channel for tickets or reservations. Instead, empower them to focus on selling the destination experience. »
2) Votre DMO n’est pas responsable de vos ventes… ok ?
Si vous êtes un hébergeur, qui représente 80% en général du parc d’adhérents ou de partenaires d’un DMO, vous accepterez sans doute le fait que plus personne … ou presque… en dessous des Silver Surfeurs (55 ans et plus) ne va sur un site de destination pour RESERVER son hébergement.
De plus, pour une écrasante majorité d’entre eux (je vais pas me faire des potes), il faut absolument que les DMO arrêtent avec leurs PACKS VISBILITE !!! C’est faux, totalement faux de promettre de la visibilité contre une adhésion dans un monde ultra concurrentiel, disrupté (ahh ca va faire plaisir, j’ai failli ubériser) de toutes parts. Et si demain il n’y avait plus de site de DMO ? pourquoi ne pas se poser la question ? est ce une fin en soi ?
C’est pas le tout de dire ça pour se déculpabiliser, il faut bien vivre et les adhésions/partenariats sont intégrés au modèle économique des DMO. Il est vraiment temps de basculer d’un argumentaire basé sur de la promesse de visibilité à une véritable agence d’ingénierie créant des services à valeur ajoutée directe pour vos acteurs touristiques. Devenir un acteur majeur de seconde ligne pour toucher les 9 clients sur 10 qu’un DMO ne voit jamais !!!!!
En parallèle à cela, Wlliam Bakker parle lui du temps à dégager de cette course à la commercialisation (pour 80%, 90% des DMO engagés dans la commercialisation… oulaaaa je crois que ma demande de réfugié politique à Vancouver est proche… Commercialisation oui… mais chez les prestataires, en boostant de la marque blanche, certains maitrisent tres bien). A la commercialisation, il préfère la valorisation d’expériences à vivre sur la destination. Ca va plaire à certains 🙂 .
Cela nous parle, quand un site de DMO traditionnel cherche à pousser 49 ou 1249 solutions d’activités, de restauration, de balades à un voyageur diagnostiqué Hyperactif, d’autres décident de prioriser le partage de MOMENTS placés côté client. Pas étonnant qu’on voit pousser des sites valorisant autant les spots de siestes que les meilleurs endroits pour prendre l’apéro.
3) DMOs need to take a long-term view
Let your DMO take a long-term view for the ongoing growth of tourism in your destination
3) Les DMO ont besoin de visions à long terme
C’est parfois compliqué pour certains DMO de maintenir le cap dans une traversée de leur Atlantique à eux sur plusieurs années. On navige parfois à vue, on change de cap car un élu s’est nommé expert de la météo de la stratégie touristique, on pose l’ancre au milieu de l’océan… en attendant les élections de Miss Sirene locale, départementale, régionale, nationale… la traversée de son Atlantique devient alors un sacré souk (souquez fermes matelots DMO)
Ce n’est pas précisé dans l’article original, mais nous pourrions ajouter que les DMO ont besoin de CO-construire des visions à long terme. Quand la feuille de route est posée par tous les matelots de la destination, la confiance est plus forte, la conviction est plus grande et le cap est plus aisé à maintenir pour le capitaine qui peut alors se concentrer sur la manière d’arriver à destination et non pas sur le zig zag des caps politiques et diplomatiques (avec ses prestataires embarqués en simples spectateurs)
Pour avoir une relation à long terme, il faut que la CONFIANCE soit installée, posée, prouvée et animée tout au long du voyage qui attend TOUS les acteurs touristiques. Ca doit passer par de la maîtrise de conduite de projets ambitieux, phasés, déterminés et cautionnés. Cela doit passer aussi par un changement de mentalité sur la façon de travailler avec et non seulement pour sa destination. Accepter de dire « J’ai besoin de vous, chers partenaires, car moi DMO, je ne suis pas omniscient comme on m’a demandé de le faire croire longtemps ».
Fin du moment Titanic, My heart will go on…
4) DMO employees are passionate about the success of you and your business
As professionals they understand their responsibilities, and, more important, they love where they live, what they do and will strive to see their destination become as successful as possible, which includes you and your business.
4) Les collaborateurs des DMO vous kiffent, chers prestataires et kiffent votre business
Pour lutter contre la Normalitude et la CestAvecNosImpotstite, deux virus qui adorent les DMO, il faut absolument que le regard et le discours sur ces structures et donc sur leurs collaborateurs change. Ohhhh chers DMO, ne pensez pas que je donne une leçon aux prestataires touristiques qui peuvent penser ça. Au contraire, si cela se dit, c’est que nous avons un souci de communication, de relation, de confiance, de pédagogie, de séduction, de fidélisation avec nos acteurs touristiques.
Il est vraiment important de relever le menton, de gonfler le torse et enfin de dire à tous pourquoi, vous, experts de destination, vous êtes COMPETENTS et Passionnés par votre destination. La notion de LOCAL est primordiale ici. Ces locaux qui vivent là toute l’année ou quelques mois, au service des voyageurs qui vont partager un bout de chance de vivre chez vous quelques jours, sont fiers de vanter les mérites d’une destination.
J’ai eu le plaisir de rédiger un article sur ces experts locaux qui ont croisé le chemin d’un concierge Clefs d’Or, cela résonne très fort pour moi. J’ai la chance de découvrir de nombreux DMO qui vivent avec des acteurs touristiques et économiques FIERS de leur équipe DMO. Ca CHANGE TOUT !!!!
La valorisation des équipes, la mise en confiance pour faire son job de marketeux territoriaux quelque part sont des éléments cruciaux. Mais pour cela, il faut réunir ses acteurs, les animer, les motiver à collaborer, à faire avancer leur destination. Là aussi, j’ai des noms, je pourrai vous en donner en secret 🙂 .
Je vous invite ici à relire un autre article sur la notion de Client Interne et d’épanouissement professionnel pour décupler son pouvoir magique sur des voyageurs et des acteurs touristiques heureux de partager un moment avec des personnes compétentes, mais surtout avec un joli 9.8 sur 10 sur l’échelle du Bananomètre !
5) Stop evaluating marketing based on how it looks
Avoid judging your DMO’s marketing tactics based on their appearances. Focus instead on their objectives and the results. Instead, be open-minded about where and how the organization markets your destination.
5) Le marketing de Panurge… c’est pas automatique
Je sais qu’il y a un facteur rassurant à suivre les traces de la Destination qui vient de lancer sa nouvelle stratégie en ligne, ses nouveaux produits, ses expériences… son ergonomie, son design… ses solutions marketées. Un site web touristique, ca doit ressembler à ça ou ça. Une présentation d’équipe, ca doit être comme ça ou comme ça… et quelques mois après le lancement d’un site observé, soit parce que le DMO est reconnu, soit qu’il fait parler, vous pourrez entendre à la mise en ligne de votre site » Ah oui c’est comme XXXX« .
Allez en parler à Montréal avec les cadres MTLMoments ou à la première firme mondiale de triporteurs (je ne connais pas son nom 🙂 ) qui a du relancer l’économie mondiale du tricycle grâce aux DMO frenchies 🙂 … Bon là ce n’est peut être plus l’asile politique que je dois demander, c’est peut être un changement d’identité, je vais appeler Jack Bauer ou Edward Snowden pour avoir quelques conseils.
OSEZ avoir confiance en vous et en votre destination. Ne pas suivre le voisin, prendre le temps de se demander quels sont les éléments « discriminents positifs » avec un maximum de locaux (DMO, acteurs touristiques, acteurs économiques, locaux passionnés, élus aussi 🙂 ) de ma destination pour être très fiers de mettre en avant cette force locale, ces atouts qui rendent fiers autant les experts locaux des DMO que les acteurs locaux mais aussi les habitants. On parle un peut de marketing territorial là non ? Moi je l’ai vécu lundi à Brive avec des commerçants très fiers de demander des éléments de reconnaissance et de l’argumentaire #Tousgaillards. Demandez à Stéphane Canarias et son équipe la fierté et la banane que ca donne.
6) Embrace failures
You might think embracing failure is nonsense. It’s true that in order to grow, you need to win, but you also need to lose. Basketball legend Michael Jordan, who also missed a lot of shots, once said “I’ve failed over and over and over again in my life. And that is why I succeed.”
Accept failures as lessons for making better efforts in the future. If things don’t go as planned, remember to support your DMO in the face of critical media and politicians.
6) Se planter, c’est oser… et oser, c’est avancer… bordel !
Ahhhde diouuuuu… que c’est bon de lire des anglo-saxons qui ont les mêmes références que ces ANT, APEX et autres experts locaux qui nous ont subi. La culture de l’échec pour réussir, ce truc nord-américain que nous commençons à comprendre… entre techniciens 🙂
Mickael Jordan le dit tres bien : J’accepte qu’on fasse des erreurs, tout le monde fait des erreurs, ce que je n’accepte pas… c’est de ne pas essayer !
OSER… SE PLANTER… ANALYSER… ET REBONDIR DIX FOIS PLUS HAUT… Ce sont les DMO qui osent le plus qui ont le plus de chances de se planter, pour analyser cette première étape avant de revenir à la charge avec un projet agile qui peut changer en cours de route.
J’irais un peu plus loin en 2016 (l’article original date de 2014), c’est encore meilleur de se CO-planter, de CO-oser puis de CO-analyser avant de CO-réorienter le projet de destination. La pression du monde politique qui n’a pas l’habitude de ces discours est beaucoup plus acceptable quand un DMO a embarqué, avec de la confiance toujours et de la compétence (ne pas se voiler la face), ses prestataires touristiques (et au delà comme dirait un autre philosophe, Buzz l’Eclair, sans doute à l’origine du Conseil Eclairé… ses prestataires économiques étendus, etc.)
J’espère qu’on pourra avoir une version encore plus étoffée grâce à vos idées dans la zone de commentaires. J’aurais encore quelques points à détailler mais je risquerais de me faire taper sur les doigts par le rédacteur en chef du blog, mon article dépassant déjà la longueur recommandée 🙂 .
Très bonne journée à tous et chers DMO, j’espère que vous allez valoriser à la juste valeur (très ajoutée) vos compétences sur vos supports. Considérez vraiment que moi, voyageur ou acteur touristique, je ne connais pas vos compétences, ce que vous pouvez m’apporter… alors il est temps de mettre en marche le concept que beaucoup connaissant de Metteur en Scene de Territoire… si vous avez un trou de mémoire, demandez donc à nos amis Francois Perroy et Jean Luc Boulin de quoi il en retourne (et en ligne ici : www.metteurenscenedeterritoire.com)