Pour ce billet, tout démarre d’une actualité du début du mois qui en dit long sur l’avenir qui se profile dans notre relation à la machine et aux interactions que nous aurons avec internet. Amit Sighal tire sa révérence de chez Google. Ok mais qui est-ce ? C’était le chef de l’outil « recherche ». C’est lui Page Rank. Son remplaçant est John Giannandrea. Ok, c’est cool, mais qui est-ce ? C’est le directeur de la division « Intelligence artificielle ». C’est lui Knowledge Graph. Et l’info dans tout ça ? Et bien, il ne va pas simplement y avoir un jeu de chaises musicales : le département « intelligence artificielle » va tout bonnement fusionner avec celui de la « recherche ».
La sortie de Rankbrain cet automne à ajouter une couche supplémentaire d’intelligence artificielle au moteur de recherche Google pour qu’il apprenne de chaque requête. C’est donc totalement logique mais on peut dire que ça risque de s’accélérer dans les suggestions hyper-personnalisées, l’assistance de l’internaute, l’intelligence des machines. Le tourisme sera forcément impacté. Il l’est déjà. Nous sommes d’ailleurs de plus en plus assistés à toutes les étapes de notre parcours de voyageur. Mis bout à bout, faisons un petit tour d’horizon de nos voyages assistés ou si vous préférez de l’assistanat du voyageur.
La préparation du voyage assisté par des discussions avec la machine
Les systèmes cognitifs, ou autrement dit l’intelligence artificielle, sont de tous les articles de blog traitant de sujets numériques en ce moment. Le sujet n’est pas neuf mais nous voyons de plus en plus apparaître dans la vie du quotidien les usages possibles. D’ailleurs, avez-vous déjà entendu parlé de Watson et Wayblazer ? Ce sont deux systèmes d’IBM.
Le premier permet d’interagir avec l’ordinateur via le langage naturel qui comprend « jeux de mots, les ambiguïtés ou l’ironie ». Bienvenue dans Startrek. Il se nourrit de toute la donnée qu’on lui fournit.
Wayblazer cible quant à lui les acteurs du tourisme tels que les compagnies aériennes, les hôtels, les destinations, les loueurs de voitures, pour apporter à la requête des recommandations personnalisées et contextualisées en fonction des interactions que vous avez déjà eues. Pour arriver à ses fins, il va chercher toute la donnée disponible en ligne pour en extraire les bonnes informations et apprend au fur et à mesure. C’est la fin de la navigation sur une trentaine de sites différents pour préparer son séjour.
Nous parlons déjà à la machine depuis un moment _ Google, Siri et d’autres_ mais le fait qu’elle apprenne est un peu plus récent. Le machine learning continue donc sur sa lancée tout en peaufinant le machine talking. Par ailleurs, il faudra réussir à placer cette technologie dans la complémentarité des interactions avec l’humain, toujours en première ligne pour la réassurance, la confiance et l’expertise locale (et pourtant déjà placé aux côtes de robots qui matérialisent aujourd’hui ce condensé de technologie).
Les préparations de vacances sur internet n’ont pas fini de nous surprendre mais il y a aussi du chemin à parcourir vis-à-vis de l’opinion publique puisque 65 % des Français se disent inquiets par rapport à l’intelligence artificielle.
L’inspiration et le choix assistés par le virtuel
Oculus Rift, Samsung Gear, Google Cardboard… ces noms n’ont définitivement plus de mystère depuis l’article de Pierre fin janvier. Ces casques de réalité virtuelle permettent de s’immerger dans sa prochaine destination, d’assister l’inspirationnel et l’expérientiel.
Sachant que l’un des secteurs de la réalité virtuelle est le jeu, la prochaine étape pour le tourisme sera peut-être l’intégration du gaming à la scénarisation. En tout cas, la réalité virtuelle n’a pas fini de faire parler d’elle dans le tourisme pour assister le choix des futurs clients sur un salon ou les consommateurs d’activités.
Le séjour assisté de son compagnon de voyage
Vous avez acheté votre billet de train, loué votre voiture, réservé votre hôtel en ligne et de ce fait vous avez reçu autant de mails de confirmation. Certains d’entre vous les ont imprimés en couleur et glissés dans une pochette plastifiée transparente, d’autres ont mis les mails en « non lues », « importants », « à suivre » dans la boîte de réception pour les retrouver facilement et enfin certains d’entre vous ont transféré ces mails à un compagnon numérique de voyage. Nous pouvons aussi les nommer assistant de voyage.
Personnellement, celui que j’utilise actuellement, c’est Wipolo, racheté par le groupe Accor en 2014. Mathieu en parlait déjà à la sauce SoLoMo en 2012 dans un article du blog. Petit rappel. Le principe est simple : vous créez un compte, vous indiquez depuis quelle(s) boîte(s) de réception vos mails seront transférés, puis lorsque vous recevez vos mails de confirmation, vous leur transférez tel quel. Automatiquement, le parcours de votre voyage se crée. Le système va ensuite chercher dans l’open data, des compagnies de transport notamment, pour indiquer par des notifications sur votre smartphone le quai de la gare pour votre train, la porte d’embarquement pour votre vol, les retards éventuels, etc. Si vous ne voulez pas transférer à chaque fois vos mails, vous pouvez paramétrer l’analyse automatique de votre boîte de réception pour que le système aille chercher l’information tout seul.
C’est notamment ce que fait l’ami Google avec Google Now qui, si vous le souhaitez, va synchroniser automatiquement vos données dans votre Google Agenda. Puis, quand il est temps de partir, vous recevrez une notification du genre « si vous souhaitez arriver à l’heure, il est temps de partir ». Ensuite, à vous d’activer ou pas les « cartes » correspondant à la météo, aux actualités de votre destination.
Il manque cependant à ces compagnons de voyage quelques options à forte valeur ajoutée :
– vous êtes en tourisme d’affaire et arrivez lundi à 21h, voici les restaurants ouverts à proximité de l’hôtel ;
– vous êtes en famille et arrivez samedi après-midi, voici les activités de dimanche pour les enfants ;
– …
« Top 5 », « Top 10 », « immanquables », « incontournables », « certifié ouvert », tous ces redécoupages de l’offre collant davantage aux attentes des clients selon leur typologie, leur affinité, les saisons trouveraient certainement de belles places dans ces systèmes.
Alors qui sera la première ou la deuxième ou la troisième destination à ouvrir ses données chaudes pour ces compagnons de voyage comme il était déjà question avec wiidii il y a plus d’un an.
Dernier entrant qui ajoute des couches prédictive, pro-active et relationnelle, c’est Path avec son assistant de voyage Sam. Je vous invite à lire ce billet complet de François Houste sur le sujet. Sam agrège toutes les données sur le voyage comme Wipolo. La grosse différence, c’est que Sam vous accompagne en plus comme un concierge pour vous proposer le transport entre la maison et l’aéroport, vous aider à faire la valise en fonction de la météo sur place. Sam vous recommande aussi un restaurant selon vos affinités. Il ne fait pas qu’assister, il interagit et suggère !
Rechargez bien la batterie de votre smartphone et préparez vous à de grands bouleversements sur ce marché car il y a aussi Facebook et Google qui attendent certainement le bon moment pour mettre le paquet.
La visite assistée d’un compagnon de visite
Il s’agit là d’accompagner et d’assister l’expérience du client durant tout son parcours de visite dans un musée, un centre d’interprétation… Cet outil connaît votre langue, vous géolocalise et interagit en temps réel. C’est aussi un outil de tracking pour analyser les temps, les flux, les étapes de la visite favorisant une gestion plus prédictive du lieu. De façon plus personnalisée, il est aussi là pour enregistrer vos coups de cœurs, vos centres d’intérêts qui méritent à vos yeux plus attention. Ainsi, retrouvez via votre compte, des contenus complémentaires, enrichis, pour poursuivre l’expérience de retour chez vous.
Pour finir, le compagnon de visite est aussi là pour adapter les contenus en fonction de votre temps de visite envisagée, de votre âge, de votre niveau d’expertise sur le sujet. S’y ajoute aussi, si nécessaire, une visite augmentée par des interactions ludiques.
Pour la petite histoire, revoici IBM et Watson dans le coup.
En tout cas, deux lieux de visites de grande envergure seront inaugurés cette année avec des compagnons de visite. Ce premier semestre, c’est la Cité du vin à Bordeaux qui ouvrira le bal avec un assistant de visite créé par Tonwelt et annoncé comme une « innovation unique au monde ». Pour un coût chiffré entre 1,5 et 2 millions d’euros, le compagnon permettra au visiteur de réaliser une série d’interactions multimédia, comme des vidéos et des photos. Le casque quant à lui aura la particulier d’effleurer les tempes et ne touchera pas les oreilles.
A l’automne, ce sera le Centre International d’Art Pariétal Montignac-Lascaux, nom de code Lascaux IV, qui ouvrira ses portes. La découverte se fera par vagues successives de 32 personnes, tous équipés d’un assistant de visites et accompagnées d’un guide.
En plus des solutions technologiques qui assistent le voyageur, nous avons surtout là des outils performants pour collecter et manipuler de la donnée afin d’assister à leur tour les destinations dans la création d’actions marketing et commerciales des plus efficaces. Quelque chose me dit que nous aurons encore l’occasion de creuser ces différentes entrées du voyageur assisté au cours de cette année. Bonne semaine à tous !