Alors, vous aussi, vous avez fait le « starter pack » de l’Office de Tourisme. Depuis quelques jours, les réseaux sociaux dégueulent à la chaîne cette mode générée par intelligence artificielle. Le concept ? Des figurines fictives enfermées dans un blister façon jouet de collection, représentant une personne, une fonction ou un stéréotype, avec des accessoires bien choisis. C’est (parfois) drôle, mais surtout techniquement bluffant. En quelques clics via ChatGPT (et son module « Créer une image ») ou Ideogram, chacun peut se représenter sous plastique, prêt à être vendu en rayon.
La première question que ça pose, c’est l’effet mouton de Panurge : si tout le monde y va de son petit Pack Blister, il n’y a plus aucun intérêt. L’IA n’est là plus du tout intelligente. D’ailleurs, et heureusement, la mode a été vite détournée sur les réseaux! Comme Camille Debusscher qui sur Linkedin dénonce le principe de (se faire) rentrer dans une case ? ou de se mettre sous plastique. Et de s’afficher totalement vide sous blister : et même sous un aspect critique, le post devient vite viral…

IA et Propriété Intellectuelle.
Au-delà de la viralité, cette tendance soulève une question de fond : peut-on s’inspirer (un peu beaucoup) d’un style artistique existant sans se frotter aux règles du droit d’auteur ? Est-ce que produire en masse ce type de visuels — parfois très proches de l’univers de Pixar ou du studio Ghibli — est vraiment sans risque ?
Nous avons interrogé à l’occasion du dernier épisode de 30 mn IA & Tourisme Chloé Rezlan, avocate en droit du tourisme. Elle explique que le style graphique d’un auteur ou d’un studio n’est pas en soi protégé par le droit d’auteur… mais dès qu’une image générée reprend des éléments identifiables (décors, personnages, compositions typiques), on entre potentiellement dans le champ de la contrefaçon. Problème : on ne sait pas comment l’IA a été entrainée, donc si les auteurs avaient donné une autorisation. Car rappelons-le, les images produites par IA ne sont pas des créations magiques sorties de nulle part, mais le fruit d’un entraînement sur des bases de données d’images existantes, parfois protégées. Tant que ces données restent opaques, le doute plane sur la légalité des visuels générés. On peut donc continuer à générer des images de blister… Preuve en est l’apparition d’applications payantes pour fabriquer son starter pack.
Quelques conseils pour les destinations touristiques
Dans cet épisode de 30 mn IA & Tourisme, nous avons évidemment évoqué le cas des destinations qui utilisent l’IA pour créer des visuels d’ambiance, des portraits fictifs de visiteurs, des mises en scène originales.Et ça marche de mieux en mieux. Mais comme le rappelle Chloé Rezlan, mieux vaut encadrer ces usages dès maintenant.
Ses conseils principaux :
- Lire les conditions d’utilisation des outils IA que vous utilisez : certains interdisent l’usage commercial sans licence payante.
- Éviter d’utiliser des prompts trop proches d’univers protégés, ou de styles reconnaissables liés à des marques ou auteurs vivants.
- Créer une charte interne sur les usages de l’IA dans votre structure, pour éviter que chacun fasse ses tests dans son coin, avec ses comptes persos.
- Documenter les prompts et le processus créatif, surtout si vous publiez l’image dans un cadre professionnel.
- Utiliser les IA qui garantissent un entraînement sur des bases de données libres de droits, comme Adobe Firefly.
Pour écouter cet épisode (qui parle de plein d’autres sujets, et montre notamment le nouvel outil de Chat GPT : créer une image, ainsi que les nouvelles fonctionnalités de mémoire), allez sur notre chaîne « 30 mn IA & Tourisme ».