Faut-il jeter 2020 avec l’eau du bain?

Publié le 4 janvier 2021
4 min

« Avez-vous pensé à désinstaller 2020? A priori, il contenait un virus… » Les réseaux sociaux s’en sont donnés à coeur joie en ces derniers jours de l’année pour clouer 2020 au pilori, comme une année à oublier à tout jamais…

Et pourtant ? Faut-il tout jeter de ce qui s’est passé en 2020? Je n’en suis pas si sur…

 

Et si on ne connaissait toujours pas Wuhan?

Imaginons que le coronavirus ne soit jamais allé plus loin que le marché de Wuhan. Il y aurait eu deux conséquences : la première, c’est que nous ne serions pas plus calés en géographie de la Chine, et qu’il y aurait toujours moins de 1% des lecteurs de ce blog qui auraient entendu parler de cette bourgade (de dix millions d’habitants, quand même…)
La deuxième conséquence, c’est que l’activité touristique aurait continué normalement en 2020, battant sans doute des records de fréquentation, mais aussi de surfréquentation! on parlerait de tourisme en ce début 2021, surtout pour en dénoncer les excés et les conséquences néfastes du surtourisme sur la planète. Malgré de nombreuses et louables initiatives, il n’y aurait pas eu de remise en question fondamentale de notre modèle…

Or, il y a eu la covid 19, et le 15 mars, toute activité touristique s’est arrêtée de façon brutale ! Malgré une saison d’été qui s’est bien déroulée pour une partie des destinations, 2020 restera comme un année noire pour le tourisme.

Alors, dans ce premier billet de l’année, je souhaiterais malgré tout revenir sur 2020 pour en tirer plusieurs points positifs, qui je l’espère, marqueront l’industrie touristique e tout particulièrement les Organismes de Gestion de la Destination (OGD)

Adaptabilité insoupçonnée!

On pourrait aussi parler de « résilience » : en quelques semaines, voire quelques jours, les acteurs du tourisme ont réagi à une nouvelle situation. J’ai ce printemps effectué de la veille sur les initiatives des OGD (avec l’aide de Lucy Pereira et Agathe Charrier, étudiantes AGEST). La réactivité a été impressionnante, que ce soit dans l‘équipement des locaux d’accueil en sortie du confinement, dans la virtualisation des visites, ou encore dans les actions de solidarité avec les prestataires du tourisme.

Les webséminaires de tout poil ont fleuri en quelques jours, permettant de tisser cet indispensable lien entre les acteurs de la filière. Certes, ils n’étaient pas tous utiles ou efficaces, mais ils ont démontré l’envie de faire ensemble. Durant le printemps 2020, le tourisme a foisonné d’idées, de réflexion, de remises en cause, etc. Comme je ne l’avais jamias ressenti en trente ans de carrière dans le secteur !

De cette effervescence, il restera j’en suis sur du positif, et des façons de se mobiliser rapidement.

Un des nombreux rendez-vous du printemps…

Le triomphe de la proximité

C’est l’autre grand enseignement de 2020, année covid : on a retrouvé ses habitants, ses voisins, et par-là même ses producteurs et faiseurs locaux…

Je en reviendrai pas sur cette saison estivale 2020 sauvée par la clientèle locale. Elle était espérée, mais elle nous a surpris par son ampleur et par l’enthousiasme manifestée derrière ce hashtag #jedecouvrelafrance. « La proximité, le chemin tracé du tourisme« , professait Brice Duthion dans ces colonnes au mois de juin dernier.

On se félicitera des campagnes de communication de relance, ou on remerciera les medias nationaux qui ont bien joué le jeu des destinations. Mais une chose est sure, un nouveau public a été conquis par nos espaces touristiques, un peu partout dans l’hexagone. Soyons optimistes : tous ces nouveaux adeptes ne vont pas s’évanouir dans les années à venir.

L’autre triomphe de la proximité est l’engouement pour ce qui est produit et fabriqué local. Ici encore, les Organismes de Gestion de la Destination ont joué un énorme rôle de promotion et de coordination, publiant cartes interactives ou catalogues de produits locaux pour la Noël.

La bonne nouvelle, c’est que les Offices de Tourisme ont acquis un nouveau rôle : celui d’être acteur et coordinateur de l’économie locale. Ils peuvent demain prospérer sur cette fonction de développement local, donner du sens à leur action et l’ancrer sur les territoires.

Des souhaits plus que des prédictions pour 2021

En ce début 2021, même si on imagine le bout du tunnel, on est malgré tout toujours dans un marasme total, donc je ne me risquerai pas à faire des prédictions, juste quelques souhaits :

  • que l’activité touristique redémarre, pour que tous les acteurs puissent reprendre leurs métiers, que les hôtels soient pleins et les terrasses vivantes!
  • que l’on oublie pas nos rêves collectifs du confinement et que l’on invente vraiment cette nouvelle page du tourisme
  • que l’on se mobilise en 2021 pour aider de nombreuses entreprises et secteurs d’activité (tourisme d’affaires, montagne, etc.) à pivoter franchement et à s’inventer un avenir
  • que perdure l’énergie déployée lors de cette année covid pour s’adapter, s’entraider, survivre… Si nous déployons les mêmes forces lorsque tout va bien, nous ferons des miracles!

Toute la rédaction du blog se joint à moi pour vous souhaiter une excellente année 2021, pour vous et vos proches.

Nous préparons pour le 20 janvier une jolie surprise à l’occasion du 15ème anniversaire de ce blog. Une surprise rendue possible grâce à l’engagement que vous avez eu, fidèles lecteurs, dans notre opération de financement participatif qui s’est clôturée en dépassant l’objectif. Merci beaucoup!

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Jean Luc Boulin est consultant en tourisme : Intervention auprès des élus et des prestataires touristiques, coaching, accompagnement des équipes et des directions sont ses principaux champs d'intervention. Avec deux exigences : se mettre à la place du client et oser l'innovation. Directeur de l’office de tourisme de l’Entre-deux-Mers (Gironde) et du pays d’accueil touristique du même nom pendant plus de dix ans, Jean Luc Boulin a dirigé la MONA [...]
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