Le Festival du Roc Castel, un trait d’union entre voyageurs, territoire, cultures et respect de l’environnement

Publié le 22 juillet 2024
4 min

L’été, c’est la saison des festivals, événements qui ont toute leur importance pour l’attractivité des destinations. Parmi eux, une dizaine explorent la thématique du voyage, et notamment du voyage “responsable” et des mobilités douces. J’ai décidé de m’intéresser plus particulièrement au Festival du Roc Castel, “Eloge du Voyage Lent”, un festival convivial organisé chaque année au mois de juillet dans le petit village du Caylar, dans l’Hérault. 

Ce festival, sous sa thématique actuelle, est né de l’idée du Président de l’association qui l’organise, Larzac Village d’Europe, qu’il serait intéressant de mettre en lumière les périples des nombreux voyageurs qui sillonnent le pays lodévois, à pied, à vélo ou à cheval. A l’origine, un artiste du village organisait chaque année au mois d’août un symposium de poterie, qui attirait du monde dans la commune. Lorsqu’il décida d’arrêter, la mairie missionna les 2 associations locales, une association de sauvegarde du patrimoine et l’association Larzac Village d’Europe, dont l’objectif était de créer des échanges culturels et linguistiques entre les locaux et les nouveaux arrivants, de reprendre le festival. Pendant quelques années, ces deux associations continuèrent à faire venir des potiers, puis transformèrent l’événement en un festival de village convivial qui se répétait chaque année. Ils finirent par trouver que l’événement avait besoin de renouvellement. 

C’est alors que le créateur de l’une des associations fit le constat que le Larzac était traversé par de nombreux voyageurs en mobilité douce, qui animaient le village par leur présence, et proposa de faire honneur à ces visiteurs exotiques en transformant le festival du Roc Castel en un “Eloge du Voyage Lent”. La première éditition, en 2010, donna la parole à 13 voyageurs. Au fur-et-à-mesure des années, le festival se fit connaître dans les milieux d’adeptes, par la population locale, puis nationale. Le bouche-à-oreille a fait son affaire, très peu de moyens ayant été consacrés à la communication. La fréquentation du festival a fini par atteindre un niveau tel que les organisateurs ont été obligés de transférer les événements du soir sur le stade de foot, alors qu’ils étaient traditionnellement organisés sur la place du village, devenue trop petite pour accueillir tous les festivaliers. 

Aujourd’hui, le Festival du Roc Castel, ce sont 4 jours de programmation incluant récits de voyage (à vélo, à pied ou à dos d’animaux), spectacles (art de rue, théâtre, concerts), ateliers (faune et flore, loisirs créatifs, activité sportives ou de plein air…), expositions, marché de producteurs locaux,… toujours centrés autour du partage des cultures, de la valorisation des diversités linguistiques et culturelles, de la découverte de l’altérité et du respect des écosystèmes. Tant dans son contenu que dans sa forme, le festival a su, au fur-et-à-mesure des années, être un lieu rassembleur, un lieu de convivialité, où se rencontrent et se mélangent voyageurs et sédentaires, locaux et visiteurs

Ce festival, précurseur sur les thématiques aujourd’hui au cœur de nos questionnements, a su protéger son essence dans un monde où le “voyage responsable” est vendu à toutes les sauces sans qu’on en ait établi de définition consensuelle. A la question, “le festival a -t-il évolué, dans sa programmation et/ou dans sa fréquentation, au regard des enjeux environnementaux qui préoccupent un nombre croissant de voyageurs ?”, le Président me répond que le public n’a pas changé, mais que la programmation, qui mettait autrefois en avant davantage de “voyages extraordinaires” , préfère aujourd’hui des “voyages ordinaires”, accessibles à tous ; ceux qui peuvent démarrer au pas de notre porte et qui peuvent inspirer le plus grand nombre. 

Cette année, le festival met au centre de son programme la thématique des langues, “Langues de tous les Horizons”, pour faire la part belle aux langues de la communauté de communes Lodévois et Larzac, où pas moins de 50 langues sont parlées par les habitants de l’intercommunalité. Avec ce nouveau prisme, le festival va plus loin encore dans la création d’un trait d’union entre habitants et voyageurs et dans la valorisation de la richesse et de la diversité des cultures qui font notre monde, à commencer par celles de notre petit monde local

Il me semblait donc particulièrement intéressant de mettre en avant cette initiative de partage citoyen autour de l’accueil des visiteurs, du voyage, de la préservation de l’environnement et de la diversité des peuples, alors même que nous rappelons, dans cette période particulièrement anxiogène, la nécessité à ce que les OGD “assurent accueil de tous, lien social, mais aussi modèles de coopération entre acteurs, qu’elles inventent de nouvelles façons de travailler, d’impliquer, de faire sens commun”. 

C’est bien le propre du tissu associatif que d’œuvrer au partage et à l’entraide, de créer du lien et de favoriser la cohésion sociale. La souplesse de fonctionnement des associations leur permet une liberté d’action que n’ont pas toujours les institutions. Les associations de bénévoles sont souvent pilotées par des passionnés dévoués dont les convictions et l’enthousiasme font naître une grande créativité et un engagement profond, à la racine de projets remarquables, qui savent attirer tant par leur originalité que par leur générosité.

J’ai étudié, dans mon mémoire de Master, l’ambivalence des liens entre association de bénévoles œuvrant au développement touristique du territoire et institutions publiques. Les institutions ont besoin des associations de bénévoles qui savent inventer des projets hors du commun, à l’instar des Cinéscénies du Puy du Fou à l’origine du parc d’attraction. Les associations ont besoin du soutien, notamment financier, et de la reconnaissance des institutions, afin de garantir la pérennité de leurs projets. Mais plus les projets prennent de l’ampleur, plus ils ont besoin d’être institutionnalisés et plus ils risquent de perdre leur spontanéité et leur substance, qui en font des projets si attirants pour le public. Il est donc capital, pour les associations comme pour les institutions, de trouver ce point d’équilibre entre qualité et quantité, entre bénévoles et professionnels, entre spontanéité et planification.  

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Diplômée de l’ESTHUA de l'Université d'Angers en conduite de projets touristiques, Amélie Perrin a d'abord été chargée de promotion pour l'Agence Touristique de la Touraine Côté Sud à Loches. Elle est ensuite partie en Inde s'occuper d'une association humanitaire, et a vécu deux ans en Chine où elle était lectrice de français à la Faculté de Tourisme de l'Université de Ningbo. Après une expérience de directrice d'office de tourisme dans [...]
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