Google s’abreuve de culture avec Google Cultural Institute

Publié le 21 novembre 2012
2 min

Google a lancé le 10 octobre dernier son Google Cultural Institute, un institut culturel qui propose 6 millions d’archives sur l’histoire du XXème siècle, en partenariat avec 17 musées et instituts du monde entier, “un environnement en ligne interactif et riche en iconographies, qui retrace de manière originale différents faits culturels marquants de notre histoire.

Au fil d’une grande frise interactive et d’un curseur spaciotemporel, on navigue à travers 42 histoires de 1900 à 2000 qui couvrent les grands évènements marquants dans de nombreux pays et dans différentes langues. Autant d’expositions dont la sobriété tend à la séduction et nous amène avec une certaine curiosité à poursuivre ce voyage culturel. Dans la pure tradition de Google, le site est considérablement épuré et fait la part belle aux médias : manuscrits originaux, vidéos, photos et textes rédigés par des historiens issus des institutions partenaires. Owni livre une analyse visuelle et ergonomique du site particulièrement éclairante.

Google_Culturate_Institute

L’Institut Culturel s’inscrit dans le cadre du plan d’investissements de Google en France annoncé en septembre 2010 par Eric Schmidt. Nombre de sites, projets et applications montrent l’intérêt de Google pour la culture avec la numérisation des oeuvres littéraires avec Google Book, des oeuvres d’arts avec Art Project, des merveilles du monde avec World Wonders Project. Bien qu’elle ne soit pas spécifique au projet culturel de Google on peut aussi citer l’application mobile Field Trip avec ses entrées spécifiques autour des lieux historiques et évènements. Une liste non exhaustive puisque l’on peut retrouver ici l’impressionnant ensemble des projets développés dans le cadre de ce centre culturel numérique en partenariat avec de nombreux acteurs culturels. Rappelons que Google est un moteur de recherche dont le but ultime est de référencer les contenus dont il dispose peu ou prou, ce qui explique cette stratégie de partenariat et qui justifie parfois quelques achats comme récemment ce fût le cas pour les guides touristiques Zagat et Frommer’s.

On peut s’interroger sur cet engouement de Google autour du domaine culturel. Interviewé en novembre 2011 par le New York Times, Steve Crossan, directeur du Google Cultural Institute, apporte un début de réponse : « Il y a une logique d’investissement derrière tout ça : avoir du bon contenu sur le web, dans des standards ouverts, est bon pour le web, est bon pour les utilisateurs. Si vous investissez dans ce qui est bon pour le web et pour les utilisateurs, ça portera ses fruits. » (Source La Dépêche). Reconnaissons à Google le travail accompli et la qualité des applications mises gratuitement à disposition des utilisateurs. Mais n’en restons pas moins naïf face à ses vrais objectifs. Loin d’être philanthrope et sous prétexte de rendre la culture accessible à tous, Google s’approprie à grandes bouchées le patrimoine culturel mondial. Un appétit insatiable qui en inquiète légitimement plus d’un quant à la main mise d’un acteur privé à but lucratif sur le patrimoine culturel public. Partant du principe que la recherche d’informations se fait de plus en plus par Internet et que Google est de loin le moteur de recherche le plus utilisé, pourra-t-on accepter demain un accès à la culture régi par des logiques financières d’entreprise où le modèle économique publicitaire pourrait en être la porte d’entrée ou de visibilité pour les fournisseurs de contenus culturels ?

Le débat fait rage entre l’universalité de la démarche et les risques de totalitarisme culturel.

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Directeur marketing et communication à Clermont Auvergne Tourisme. Enseignant vacataire à Clermont-Ferrand, Perpignan et Lyon.
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