Oui, juillet a été encore très chaud un peu partout ! On en était tous à chercher de la fraîcheur. Et les touristes ? Et bien, ils ont fait pareil. Tout le monde est aujourd’hui d’accord pour dire qu’avec le changement climatique, les phénomènes de ce type vont se multiplier dans les années à venir. Or, les destinations et les professionnels du tourisme sont-ils armés pour s’adapter aux impacts du changement climatique, les fortes chaleurs mais aussi l’évolution de l’enneigement en montagne, l’érosion des plages ou des sentiers, les autres problématiques climatiques soudaines (orages violents, inondations, etc.). Ce mois de juillet a permis de voir déjà des modifications dans le comportement des touristes. Et si ce n’était que le début d’une nouvelle donne touristique en France ?
La revanche des destinations fraîches
Je reprends ce titre d’un récent article des Echos que je trouve bien sympa. En effet, au mois de juillet, ça a bien été la revanche des destinations fraîches en France. Avec la canicule, les touristes (en particulier les Français) se sont dirigés vers les destinations qui pouvaient leur apporter un peu de fraîcheur. La Bretagne, la Vendée ou les Alpes ont pu ainsi recenser des professionnels du tourisme avec de larges sourires comme le dit Didier Arino, Protourisme dans les médias ces dernières semaines :
La façade atlantique et la montagne ont enregistré en juillet une progression des nuitées de 3 à 6 %, alors que leur nombre a fléchi de 2 à 8 % sur la Méditerranée.
Didier Arino, Protourisme
Alors impacts du changement climatique ou simple particularité de cet été ?
Au-delà de la recherche de destinations qui ont une image perçue autour de relative fraîcheur, on a pu lire aussi l’attrait pour les points de baignade dans l’ensemble des destinations. La quête d’une mer, d’un Océan, d’une piscine, d’un plan d’eau ou autre lac de montagne pouvait vite se traduire en facteur clé de succès. Et cette tendance de fond devrait continuer tout au long de l’été. Or, ce n’est plus le seul argument à avancer. Il faudra pour les professionnels et les destinations d’agrémenter d’autres propositions expérientielles pour satisfaire tout le monde et ainsi s’adapter aux impacts du changement climatique.
Le Sud a moins la cote
De l’autre côté, la canicule a eu des conséquences sur les réservations dans les régions de la moitié sud de la France. Trop chaud, pas mal de touristes ont décidé de se diriger vers des destinations plus fraîches. Pour les 3 CRT du Sud, il va falloir trouver de sacrés arguments pour rassurer les visiteurs dans le futur alors que le soleil et la chaleur étaient toujours considérés comme les axes naturels de la communication… C’est quand même un drôle de changement non quand on y pense… Mais ce sera une réalité dans le futur ! J’imagine déjà les cartes des plages les plus fraîches, ombragées et venteuses en Occitanie ou en Provence-Alpes-Côte d’Azur… Mais surtout, au-delà de cela, il va falloir démontrer autre-chose pour attirer les publics. Les plages et la bonne bouffe ne suffiront pas pour déclencher le déclic dans la tête des potentiels visiteurs… La concurrence peut vraiment venir de n’importe où dorénavant !
Enfin, élément important qu’il va falloir prendre aussi en compte dans l’avenir, ce sont d’autres aléas climatiques comme les orages violents, les risques d’inondation (en particulier pour l’hôtellerie de plein air). Or, les professionnels sont-ils prêts à cela ? Ont-ils déjà anticipé ces problématiques qui vont se répéter dans l’avenir ?
Un littoral français grignoté par l’océan…
Que deviendrait une destination comme la Baule sans sa plage ? Avec les impacts du changement climatique, une autre problématique forte se révèle jour après jour, c’est l’érosion des côtes. Or, les côtes françaises sont un atout indéniable pour l’attractivité touristique. Mais alors, comment se battre contre les éléments et s’adapter face à cette problématique grandissante… Une étude publiée le mois dernier par la Fabrique écologique montre que le littoral français est loin d’être en mesure de répondre à la montée des océans. Les territoires ne sont pas préparés face à cet enjeu. Juste pour vous donner quelques chiffres… Un quart du littoral est grignoté par la mer et 1,4 million de résidents sont à la merci de ses caprices, ainsi que 850.000 emplois, rappelle l’étude. Le coût des dommages dus à une montée des flots de 45 centimètres est estimé entre 3 et 4 milliards d’euros par an à l’horizon 2040. La facture serait encore plus salée si l’eau devait monter d’un mètre d’ici à 2100. Je vous laisse juste imaginer le tourisme dans tout ça…
Montagne attractive mais fragile
Côté montagne, oui, les chiffres sont bons ! Les visiteurs cherchent la fraîcheur. Or, l’environnement montagnard ne va pas beaucoup mieux ! Habitant Grenoble et pratiquement régulièrement les sports de montagne, je l’ai vu évoluer ces vingt dernières années et j’ai pu en discuter avec de nombreux montagnards. Comme le dit parfaitement cet article de La Croix, la montagne ne tient plus debout… Alors que les glaciers rapetissent chaque année et que les chutes de neige deviennent aléatoires, c’est maintenant les écroulements rocheux qui se multiplient en haute montagne. Pour l’ensemble des professionnels de la montagne, c’est une sacrée alerte ! Selon les chercheurs, avec les canicules de juin et juillet, il a été observé une augmentation du nombre d’écroulements et du volume de roches par rapport aux années précédentes. La cause est connue : le permafrost joue un rôle de ciment entre les différents pans rocheux. Si la température augmente, c’est un château de carte qui s’écroule.
Dans ces conditions, le métier de guide de haute montagne est devenu compliqué, plus dangereux. Il faut adapter les saisons, changer les courses, etc. Et ces problèmes de sécurité inquiètent au-delà de la haute-montagne car cela pourrait pousser des touristes, moins habitués à la montagne, à changer de destinations si on leur rabâche que la montagne est dangereuse… Un argument demain pour les destinations de moyenne montagne ?
Pour le ski et la nécessité pour les stations de repenser leur modèle, je vous renvoie à mon article sur le sujet.
Quelles conséquences sur les attentes des touristes à l’avenir ?
Et pour les touristes, que cela va-t-il changer dans leurs comportements ? Et bien, le premier, ça va forcément être le renforcement des réservations de dernière minute et le raccourcissement des durées de séjour pour éviter les caprices météo. On voudra toujours s’assurer qu’il ne fait pas trop froid, pas trop chaud, pas trop pluvieux, etc. Ensuite, les visiteurs vont être de plus en plus sensibles aux engagements des professionnels pour lutter contre les aléas climatiques et assurer aussi leur sécurité. Pour les grosses chaleurs, la climatisation est une solution mais elle commence à être critiquée par l’opinion public car polluante.. Il va donc falloir faire preuve de créativité pour allier confort et fraîcheur… Pour cela, on va voir se développer des solutions bioclimatiques et des couverts végétaux un peu partout en ville comme dans les campings.
Enfin, pour les voyageurs les plus fragiles, personnes âgées, familles avec jeunes enfants, etc., des attentes spécifiques vont émerger afin de les rassurer au mieux face aux impacts du changement climatique. Les offices de tourisme vont devoir ainsi accompagner leurs professionnels pour trouver des propositions sur-mesure face à ces nouvelles attentes. Sujet aujourd’hui trop pris en compte, les professionnels et les destinations vont devoir à l’avenir anticiper et regarderont ainsi avec attention la prochaine étude commanditée par l’ADEME sur l’adaptation du secteur du tourisme aux impacts du changement climatique qui devrait sortir à la rentrée… A suivre !