L’été dernier, la tendance déjà affirmée du voyage en van s’est largement amplifiée en raison du contexte sanitaire. Pas d’incertitude liée à l’annulation d’un hébergement, une sensation de liberté retrouvée suite au premier confinement, et une forme de sobriété étaient autant d’arguments qui ont conduit nombre de nos concitoyens à opter pour ce type de vacances.
A titre personnel, cela fait plusieurs années que mon compagnon et moi-même profitons avec bonheur de nos vacances avec notre petit camion aménagé, un T3 Volkswagen (oui, celui de Scoubidou).
On the road again
C’est ainsi que le lendemain de Noël, nous prenions le volant de notre légendaire combi, direction la Normandie. La tempête Bella traversait la France, aucune destination ne trouvait la grâce d’une météo clémente, et nous pensions instinctivement que la Normandie serait tout aussi belle sous le vent et la pluie. Spoiler alert : c’est vrai, mais ça n’est pas le sujet.
Si d’innombrables vidéos sur youtube et autres comptes instagram vantent les mérites de la « van life », force nous a été de constater que les contraintes liées au contexte sanitaire ont également un impact sur ce type de voyage.
Si l’on est un tant soit peu amoureux de la nature et des grands espaces, les vacances en van semblent idéales. Le mythe, c’est de rouler où l’on souhaite, quand on le souhaite, et de se poser sur de magnifiques spots. C’est plutôt vrai, à condition de passer sous la barre à 2 mètres qui cloisonnent tous les parkings de bord de mer, sinon c’est direction le parking de l’église du bourg le plus proche, et ce dans les communes qui acceptent les vans (ce qui est de plus en plus rare). On peut aussi choisir de se replier vers un camping, ils sont souvent bien situés et offrent parfois de belles vues. C’est aussi l’occasion de faire un arrêt technique pour remplir la citerne d’eau, se brancher du 220 V, etc. L’été dernier, les campings n’ont pas réouvert tout de suite après le déconfinement. Là, la punition est sévère puisqu’il ne reste plus que l’accès aux aires de camping-cars qui se trouvent systématiquement dans les endroits les moins glamours, dotées d’emplacements si exigus que votre seul horizon se réduit à la face latérale du véhicule de votre voisin.
Se poser dans de bonnes conditions tient moins des contraintes sanitaires que de décisions politiques locales, mais c’est une part non négligeable de ce genre de road trip.
En revanche, ce qui a vraiment perturbé nos dernières vacances, c’est la fermeture des lieux de culture et de rencontre.
Rouler, pour mieux comprendre
Très vite, nous avons réalisé à quel point il était aberrant de trouver les musées portes closes, curieux que nous étions d’en apprendre plus sur l’histoire des territoires que nous traversions. Dans les rues à demi endormies des villes dans lesquelles nous nous sommes arrêtés, seules brillaient les enseignes de grandes marques, franchisées et standardisées. Sans se lancer dans un commentaire sur le bien fondé de fermer les musées alors que l’on s’entasse gaiement dans les centres commerciaux, on peut tout de même reconnaître qu’en aile de saison, voire en plein hiver, les activités en intérieur sont un plus indéniable pour le visiteur en quête d’un endroit sec et chaud où il aura en prime la chance d’apprendre des choses, de s’émouvoir, de s’émerveiller, j’en passe… Les musées, les lieux de culture vivante et de patrimoine sont les lieux privilégiés de l’attention, de l’écoute, et de la compréhension de l’autre.
Rouler, pour mieux s’arrêter
Voyager en van, c’est voyager lentement, consommer à petits traits les kilomètres pour mieux en goûter la saveur et s’autoriser l’arrêt impromptu. Pénétrer dans un joli village, en apprécier la place publique et l’ombrage de ses marronniers, tendre l’oreille aux boules de pétanque qui claquent et aux glaçons qui s’entrechoquent**… nous voici sur la terrasse d’un café, ou mieux, au comptoir, à nous laisser bercer par l’accent local, à écouter d’une oreille faussement distraite les conversations des habitués qui commentent les derniers événements, pour finalement tailler le bout de gras avec le local de l’étape. Ce dernier ne manquera pas de nous livrer la recette détaillée de la spécialité culinaire de son cher terroir, ou de nous dérouter de notre itinéraire initial pour nous faire découvrir sa petite pépite à lui, son coin secret.
En fait, van ou pas van, cette liberté qui nous est si chère et que nous recherchons sur l’asphalte perd singulièrement de sa saveur en l’absence de l’autre, de l’habitant, du conteur, légendaire ou bien vivant. La route, les paysages, les « super spots » ne sont finalement que le support, la voie qui nous mène au cœur des territoires, que l’on ne découvre jamais mieux que par les yeux des habitants.
* Petit conseil : télécharger l’appli Park4night, qui indique notamment les spots nature autour de vous.
** Ca marche aussi en plein hiver, après une pêche à pied, aux coques ou aux moules, les mains gelées serrant ce petit verre de blanc qui nous réchauffera le cœur…