Paris 2024, pour des JO responsables

Publié le 15 mai 2024
7 min
Affiche des Jeux Olympiques 2024 – Paris 2024

La flamme arrive aujourd’hui à Perpignan après un passage en Corse. A quelques semaines du début de rush olympique qui démarrera le 26 juillet, je voulais revenir sur les valeurs historiques des JO : excellence, amitié, respect, fair-play, solidarité et dépassement de soi. Derrière la polémique sur l’impact environnemental et social de l’évènement, je vous propose une version décroissante des JO mettant à l’honneur les initiatives d’évènementiel sportif responsable.

Des efforts des fédérations sportives pour plus de durabilité

Voici un panorama de quelques bonnes pratiques identifiées dans les réseaux sportifs et fédérations de pratiquants. Car ne l’oublions pas, le JO sont fédérateurs (relire mon billet sur l’esprit sportif et management d’équipe « comme des phénix » sur les JO de 2021) et tous les regards sont sur Paris. Notre ami François Perroy nous avait faire une belle chronique sur l’innovation des JO.

Rappel des engagements de Paris 2024

Derrière les différents chantiers et ambitions prises, l’économie circulaire est la 1ère ambition avec stratégie d’achat responsable, démarche « empreinte matière », …

Synthèse du Plan et du Rapport Héritage et Durabilité de Paris 2024

Est souligné l’élaboration d’indicateurs de résultats et d’indicateurs d’impact pour chacun des objectifs de la stratégie Héritage et Durabilité dans le prolongement des recommandations de l’OCDE. Perso j’ai hâte de voir ça.

La charte pour un sportif responsable

Proposée par « les climato sportifs » et reposant sur la promotion de l’écologie dans le monde du sport autour d’engagements forts comme :

  1. Me déplacer dans un esprit de sobriété
  2. Adopter des régimes alimentaires éco-responsables
  3. Choisir des sponsors responsables
  4. Acheter des équipement, durables, seulement si nécessaire et à mutualiser nos équipements
  5. Communiquer et sensibiliser de façon responsable
  6. Être vigilant quant à l’évolution que prennent nos sports
  7. Rendre mon sport accessible à tous.

Autre charte d’engagement : celle de la CAT (confédération des acteurs du tourisme) avec ADN tourisme pour réussir l’accueil et l’héritage des JOP2024 autour des principes de : consolider l’effet d’attractivité, consacrer le tourisme sportif comme levier de croissance, améliorer l’expérience client pour un accueil et un service de qualité et pour un tourisme inclusif, durable et responsable.

Décarboner les stades

Ce rapport intermédiaire du Shift Project, qui s’inscrit dans la continuité du PTEF (plan de transformation de l’économie française que notre Guillaume avait présenté dans un précédent billet) avec comme chantier principal, les gros évents dans les stades.

Le rapport rappelle, que le secteur sportif est confronté à trois types de risques :

  1. Un risque physique résultant des impacts du changement climatique, qui menace la pratique des activités sportives (relire le rapport de WWF « dérèglement climatique : le monde du sport à +2°C et +4°C ») ;
  2. Un risque d’approvisionnement lié à l’épuisement des ressources naturelles, notamment du pétrole et du gaz, essentiels au fonctionnement des infrastructures sportives et des événements.
  3. Un risque de transition, si le secteur ne s’engage pas activement dans sa propre transition écologique et continue à dépendre de secteurs vulnérables, ce qui pourrait entraîner des changements forcés imposés par ces derniers (lire : « le sport au service de l’action climatique » par United Nations for Climate Change)

Quelques chiffres de l’étude :

  • 65% des GES sont liés aux transports des spectateurs (dont 90% en voiture individuelle) ;
  • 15% pour les repas et boissons ;
  • Selon la taille du stade, comptez entre 320 et 65 tonnes CO2 équivalent par match ;
  • Conso énergétique des activités sportives : presque 12TWh (2019) soit 1% de la conso directe en France mais pensant 2.6% du PIB
  • Mix énergétique : 73% des salles de sport (et gymnases) chauffées par énergies fossiles et 63% pour les piscines.
Composition de l’empreinte carbone d’un match selon la taille du stade
(en pourcentage)

Source : calculs provisoires The Shift Project, 2024

Après les stades, le think tank souhaite se pencher sur d’autres chantiers :

  • Lieux de pratiques indoor ;
  • Associer les lieux de pratique pour accélérer la sensibilisation (ex : étude des sports d’hiver) ;
  • Problématique du « sport tourisme » : montagne, surf, randonnée ;
  • Évoquer les gros événements ponctuels très médiatiques et/ou la pratique quotidienne avec des millions de personnes dans des infrastructures au jour le jour ;
  • Équipements du sportif (matériel) ;
  • Le sport de masse.

Autres ressources

  • Sport et écologue, mode d’emploi, Idées Pratiques par Info Durable : mise en avant de l’éco trail, de courses à taille humaine, pratiques minimalistes et antimatérialistes des sportifs. J’ai découvert le « backyard », sorte de course d’orientation / relai.

Quoi faire ? Quelques idées

Utilisation de matériaux recyclés et réutilisés pour construire les infrastructures olympiques

  • Opportunité : réduction significative de la consommation de ressources naturelles, promotion de l’économie circulaire.
  • Freins : nécessité de repenser les normes de construction et de surmonter les obstacles réglementaires.
  • Exemple : construction de stades temporaires en utilisant des matériaux recyclés tels que des conteneurs maritimes.

Adoption d’un régime alimentaire végétal pour les athlètes et les spectateurs

  • Opportunité : réduction significative de l’empreinte carbone liée à l’alimentation, promotion du bien-être animal.
  • Freins : besoin de sensibiliser et de convaincre les parties prenantes de l’importance de cette transition.
  • Exemple : proposer exclusivement des options végétales dans les menus des restaurants olympiques.

Limitation drastique des transports motorisés pour les athlètes et les spectateurs

  • Opportunité : réduction radicale des émissions de CO2 et de la pollution atmosphérique.
  • Freins : dépendance actuelle aux modes de transport individuels et résistance au changement.
  • Exemple : interdiction totale des véhicules à moteur dans les zones olympiques, encourageant le covoiturage, le vélo et la marche.

Organisation de compétitions minimalistes et à petite échelle pour réduire l’impact environnemental

  • Opportunité : réduction significative de la consommation d’énergie et des déchets produits.
  • Freins : pression pour des événements spectaculaires et grandioses, perception de réduction de valeur.
  • Exemple : organisation d’épreuves de sports alternatifs et innovants dans des environnements naturels préservés, sans infrastructure lourde.

Encourager des modes de vie simples et durables parmi les athlètes et les spectateurs

  • Opportunité : promotion de la décroissance individuelle et collective, éducation à la simplicité volontaire.
  • Freins : culture de la consommation et de la compétition exacerbée, résistance à remettre en question les modes de vie traditionnels.
  • Exemple : organisation de séminaires et d’ateliers sur la sobriété volontaire et le minimalisme pendant les JO, inspirés par les principes du mouvement « slow life ».

Pour des JO décroissants

J’ai testé la fresque de la reconnaissance écologique et des nouveaux récits et je me suis prêtée au jeu d’e proposer d’inventer des nouveaux imaginaires autour des JO de Berlin de 2036 :

(Merci à Jeanne, Marc et Emilie pour la coécriture faite durant la fresque)

Dans un monde confronté à des défis environnementaux de plus en plus pressants, les Jeux Olympiques de Berlin 2036 se démarquent comme un phare de la durabilité et de la décroissance. Inspirés par une vision audacieuse de la Renaissance écologique, ces Jeux ont été conçus pour repenser radicalement notre rapport à la nature et à la consommation.

Les stades olympiques, construits à partir de matériaux recyclés et réutilisés, émergent telles des structures organiques au sein du paysage urbain. Des artistes locaux ont collaboré avec des architectes pour créer des installations éphémères qui fusionnent avec la nature environnante, symbolisant l’harmonie entre l’homme et son environnement.

Les athlètes, arrivant de tous les coins du globe, sont accueillis dans des villages olympiques écologiques, où ils sont invités à adopter un mode de vie simple et durable. Les repas végétaliens, préparés avec des ingrédients locaux et de saison, ravissent les papilles tout en préservant la biodiversité et en réduisant l’empreinte carbone.

Les compétitions se déroulent dans un esprit de camaraderie et de respect mutuel, où la performance individuelle est célébrée autant que la solidarité entre les athlètes. Les transports motorisés sont bannis des zones olympiques, laissant place à des modes de déplacement doux tels que le vélo et la marche, favorisant ainsi des interactions authentiques entre les participants et les habitants locaux.

À la fin des Jeux, une cérémonie de clôture empreinte de poésie et de gratitude célèbre non seulement les exploits sportifs, mais aussi l’esprit de renaissance écologique qui a animé cette édition des Jeux Olympiques. Les participants repartent dans leur pays respectif, portant avec eux le souvenir d’une expérience qui a changé leur perception du sport, de la nature et de la vie elle-même.

Au-delà de la compétition sportive, les JO décroissants sont une célébration de la diversité et de la créativité humaine, un témoignage de notre capacité à vivre en harmonie avec notre planète tout en poursuivant l’excellence dans tous les domaines de la vie.

Revue de presse : revers de la médaille

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Dans un secteur touristique en développement continu, il est indispensable d'accompagner les professionnels vers un tourisme raisonné et responsable. Je me décris comme une apicultrice de projets touristiques en transition. J'aime aller m'inspirer ailleurs et je prône la politique du petit pas (penser global et agir local). Je prépare actuellement une thèse doctorale sur la "gouvernance de la performance publique, management hybride de la performance globale pour les OGD".
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