Le Web désordonne-t-il notre pensée ?

Publié le 11 juin 2009
2 min

Avec le développement de la radio, puis de la télévision et l’utilisation à tous crins du vocable audio-visuel dans les années 70, « cette invention pour les cossards qui ne savent pas lire » disait on, on a toujours entendu l’idée que la nouvelle technologie du moment nous rendait idiot. Les media conduisent des études pour comprendre les comportements des lecteurs, auditeurs et téléspectateurs. Et la règle, depuis des années, est de faire court, plus court, toujours plus court. On élague. Et on tronçonne tellement que l’on en vient à s’interroger sur une nouvelle maladie qui nous guette : la bêtise. En effet, c’est reparti pour un tour de manivelle avec cette fois Google. Google nous rend-il idiot ? tel est le titre traduit d’un article publié voilà … un an déjà, par Nicolas Carr dans la revue « The Atlantic »:http://www.theatlantic.com/doc/200807/google. Son point de vue, très personnel, est que le Web modifie notre manière d’appréhender les informations. Nous deviendrions incapables de nous concentrer à notre tâche à force de *webizer*.

Mon idée, c’est que l’auteur a construit son article, qui tient davantage du papier de presse par sa longueur que de l’article numérique, comme un papillonnage. Ecrivant à la première personne, il passe d’une citation d’expert à l’autre, choisissant des références diverses, comme nous le faisons désormais tous, en papillonnant. Car il me semble que c’est là que le Web modifie notre comportement de lecteur : ce n’est pas tant notre moindre capacité à nous plonger dans un dossier électronique qu’il faut examiner avec curiosité, mais bien plutôt le fait que de plus en plus nous fonctionnons par analogies rapides et opportunistes. Car si le sujet le mérite, nous plongeons indiscutablement.

C’est en tout les cas ce que je perçois dans la construction de l’article de Carr…car c’est bien normal, nous avons accès à d’immenses bibliothèques et nous n’avons pas été formés à la recherche sur le Web (qui l’a été ? Franchement, vous ?), alors nous partons en exploration et le temps consacré à nos recherches devient tellement long (on peut ne jamais s’arrêter dans *l’univers Web*) que nous picorons de plus en plus rapidement des bribes d’informations, sans nous poser un temps sur la *planète réflexion*.

Je ne sais pas pour vous, mais pour ce qui me concerne, il m’arrive désormais de ne plus lire la description formelle de sites touristiques où j’envisage de séjourner et de m’en tenir aux commentaires. Le *qu’en dira-t-on* en lieu et place de la description technique du produit…

Je pense donc qu’il nous faut apprendre à *réfléchir Web*.

Mais soyez rassuré : tout va bien pour vous si vous arrivez à lire à la suite de mon post le long article de Carr, plus de 25 000 caractères, dans sa traduction française sur « Framablog »:http://www.framablog.org/index.php/post/2008/12/07/est-ce-que-google-nous-rend-idiot ! Pour ma part, pas de doute, je continue à *webizer*, au risque de devenir idiot, mais pour me prémunir, je lis aussi la presse et des livres. Si si…

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François Perroy est aujourd’hui cofondateur d'Agitateurs de Destinations Numériques et directeur de l’agence Emotio Tourisme, spécialisée en marketing et en éditorial touristiques. Il a créé et animé de 1999 à 2005 l’agence un Air de Vacances.  Précédemment, il a occupé des fonctions de directeur marketing au sein de l’agence Haute Saison (DDB) et de journaliste en presse professionnelle du tourisme à L’Officiel des Terrains de Camping et pour l'Echo Touristique. Il [...]
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