Le local prend tout son essor. Mydistrikt est l’un des nouveaux entrants de talent dans cet univers. A la fois réseau social et site d’initiatives de micro-blogging il confère du pouvoir aux habitants. Son initiative s’inscrit dans un mouvement plus large. Trippy met déjà en relation depuis longtemps voyageurs en quête d’infos locales et habitants inspirés sur leurs lieux de vie et les guides locaux de Google s’inspirent mutuellement via des Meetup (intéressant d’ailleurs de constater combien ces événements prennent peu dans la France d’aujourd’hui par rapport aux autres pays européens).
MydistriKt, site web, mais surtout appli, apporte une touche sociale collective aux blogueurs locaux. Pour en savoir plus, la vidéo de démonstration est bien pratique.
Au service des blogueurs
L’ergonomie et le design ne sont pas des plus avenantes sans être rebutantes pour autant. On se crée un compte et on plante un drapeau sur la destination que l’on estime bien connaître. On dessine son royaume autour et à partir de là on crée fort classiquement son propre DistriKt. On peut alors publier autant qu’on le souhaite, du texte, des photos, des vidéos à travers des posts et organiser le tout en album. Par sécurité les concepteurs autorisent jusqu’à la création de 3 Distrikts. Il n’est pas dit qu’ils peuvent être fort éloignés, ce qui est envisageable par exemple entre son lieu de vie, son lieu de travail et son lieu de vacances privilégié. Peu importe le zonage, c’est le local qui définit son territoire et ce qu’il a envie de partager : lieux, ambiances, activités, restaurants… Cette vision des habitants est « désintéressée » indique Benjamin Bardes, l’un des 10 DistriKtiens avec qui je me suis entretenu. L’entreprise est née sous l’impulsion de Français installés à Miami et compte une représentation technique en Bretagne et l’autre, partenariale à Paris. Les blogueurs sont appelés « reporters » au fil de la conversation. En fonction de leur type et volume de production, ces reporters locaux reçoivent des cadeaux de la part de MydistriKt et certains, parmi les plus stimulés obtiennent une carte américaine de reporters « une vraie carte de presse » qui apparemment leur ouvre des portes. 150 d’entre eux sont ainsi devenus des reporters de destination. Exemple d’un DistriKt créée par une locale à Arcachon.
Un partenariat avec les destinations
L’équipe alimente des sites touristiques par la curation des contenus. L’un d’eux est planetdistrikt.com. Cette sélection des contenus produits par les locaux est effectuée selon 3 axes : destination (ville, pays, continent), thématique (sport, aventure, restauration, visites, …), et période idéale pour visiter la destination. MydistriKt reinvente le guide de voyage, à partir de contenus produits par des locaux, dont la pertinence est vérifiée par l’examen quantitatif et qualitatif des données.
J’avais publié un article voilà quelques mois indiquant que les blogs touristiques risquaient d’être malmenés dans le tourisme, cet exemple en est une illustration. En un an d’existence, l’entreprise enregistre 150 000 visiteurs uniques par mois, une présence dans 146 pays, la création par 10 000 reporters locaux de 4500 Distrikts, le tout en 90 langues dont la traduction est confiée aux bons soins de Google Translate.
Et pour gagner sa vie, MydistriKt propose des partenariats payants aux organismes gestionnaires de destination. La publicité est bannie, en revanche l’entreprise identifie des contributeurs locaux pertinents et les pousse vers les destinations moyennant rémunération. Une autre monétisation repose sur la délivrance de flux de contenus spécifiques à des opérateurs touristiques qui peuvent ainsi alimenter leurs écrans (avions, agences de voyages, offices de tourisme…). Déjà des partenariats sont en cours de développement à Saint Emilion et à Binic par exemple.
La question de la confiance
Benjamin Bardes estime pouvoir accorder un crédit 8 ou 10 fois supérieur aux producteurs locaux par rapport aux principaux sites d’avis. Son argument tient dans la connaissance des locaux. Le subjectif des sujets et de leur traitement est pleinement assumé, mais l’intention est d’engager un travail dans la durée. L’objectif est bien d’arrimer suffisamment de contenus sur les territoires pour créer des flux et les monétiser. Ce contenu indexé devant contribuer à la visibilité des destinations sur différents canaux. Sur le fond, j’ai finalement peu parcouru les contributions qui restent à ce stade organisées autour de brefs commentaires de photos. Il conviendra de regarder dans la durée si la qualité des contenus est suffisamment attractive, notamment au point de vue des photos dont l’espace est largement occupé par Instagram. D’autant que MydistriKt se veut avant tout un principe inspirationnel.