Web3, NFT, Metavers et tourisme

Publié le 21 janvier 2022
10 min

Cet article est une republication. C’est un bon moyen de reparler du sujet toujours d’actualité sur le Web3 et le tourisme. D’ailleurs, j’en profite pour vous annoncer que j’ai lancé un nouveau blog dédié à la question pour s’interroger, comprendre et plonger dans ce monde tout en gardant en tête les valeurs que je défends. Le dernier billet parle justement de ces sujets.

Web3 : Valeurs, philosophie et motivations personnelles

Depuis 2015, le dictionnaire Collins publie la liste des mots les plus populaires de l’année. En 2020, c’était bien entendu le mot « confinement » qui était à la mode. En 2021, le mot est « NFT » : Non-Fungible Token ! Pour ceux qui ont raté un épisode, je vais tenter de vous faire un cours de rattrapage et un décryptage pour notre secteur du tourisme !

Un web 2.0 à bout de souffle

Avant de rentrer dans le vif du sujet sur les NFT, il s’agit de bien comprendre la réflexion profonde autour de l’avènement et de l’intérêt grandissant autour de ce sujet spécifique et de tout ce qui tourne autour : le Web3, les Metavers (ou Metaverse en anglais) ou encore bien entendu les Cryptomonnaies.

Concrètement, le Web 2.0 est à bout de souffle, c’est-à-dire l’Internet que l’on a toujours connu depuis 2008-2009 avec le boom des réseaux sociaux, des enjeux de référencement naturel pour faire plaisir à Google (donc des contenus à rédiger sur les blogs), de commercialisation sur des plateformes. L’une des choses qui est largement pointée ces derniers temps, ce sont les problématiques autour des réseaux sociaux. Nous sommes devenus de plus en plus esclaves de ces réseaux, que ce soit en tant que professionnel, en tant que destination ou en tant qu’individu. Les piratages à répétition de Facebook et l’utilisation abusive de nos données personnelles montrent les limites du système. L’affaire Cambridge Analytica aussi. En tant que professionnel du tourisme, vous êtes obligés de mettre vos contenus et vos offres sur des plateformes. Si ces plateformes décident du jour au lendemain de vous déréférencer, vous n’avez plus rien, vous n’existez plus, surtout si vous avez mis tous vos oeufs dans le même panier.

Imaginez que Facebook, Youtube ou Instagram supprime votre page alors que vous aviez misé toute votre communication ou votre commercialisation à travers ses plateformes ? C’est d’ailleurs peut-être déjà arrivé à certains d’entre vous…

Une nouvelle philosophie à insuffler

Mais alors ? C’est quoi cette idée de Web3 ? En écoutant les grands gourous de la Tech, l’enjeu est de décentraliser Internet afin de sortir des grandes plateformes. Cette philosophie a toujours été recherchée par Tim Berners-Lee, le fondateur de l’Internet.

Cette philosophie libertaire techno est aussi née avec la création du Bitcoin en 2008, cette première cryptomonnai, en pleine crise des subprimes. L’objectif du (ou des) fondateurs du Bitcoin, c’était justement de redonner du pouvoir aux individus afin de sortir d’un système bancaire sclérosé. Ce groupe de pionniers informaticiens, les Cypherpunks, chercher justement à coder un protocole afin de créer cette première monnaie unique, anonyme, autonome, libre et directe. Le codage de la blockchain a permis de réussir cet exploit.

Ainsi, derrière le Web3, c’est cet idéal qu’il faut garder en mémoire (c’est bien ce qui m’intéresse d’ailleurs !). Comment peut-on inventer un Internet demain où les intermédiaires (en particulier ces grandes plateformes qui utilisent nos contenus ou se prennent des marges bien grasses sur les ventes) deviennent obsolètes car nous passerons en direct grâce aux protocoles blockchain?

Après, comme le disait Satochi Nakamoto, le fondateur du Bitcoin : « Cette monnaie, comme l’or, pourrait rendre les gens fous à cause de l’attrait de l’argent ».

2022: en pleine hype !

Et la folie actuelle autour des NFT, des nouvelles cryptos (ICO) et des projets de Metavers montrent bien que l’argent peut rendre fou. On est clairement rentré dans une nouvelle bulle ! Elle éclatera un jour, forcément. Or, ils sont nombreux les spécialistes à dire que ce Web3 va tout changer. A nous de savoir si l’on veut rester sur les quais et si l’on décide de prendre le train en marche. 

Et quand on regarde les derniers chiffres d’investissement, on voit bien que ça n’y va avec le dos de la cuillère ! Parmi les dernières actualités un peu folles, on peut citer :

C’est clairement la folie dans le milieu et ces investissements records vont forcément changer l’Internet que l’on connait aujourd’hui. Or, vu les investissements et les grands groupes présents, il va falloir être prudent sur l’utopie souhaitée par les libertaires…

Blockchain, Crypto, NFT, Metavers… glossaire

Web 3.0 : L’expression Web 3.0 est utilisée par certains spécialistes évoquant le futur proche de l’actuel web 2.0. Selon ces analystes, la prochaine étape d’évolution du World Wibe Web pourrait désigner soit l’Internet des objets, soit l’émergence du web sémantique. our l’instant, c’est une expression qui est ancrée dans l’avenir, non dans le présent. Sur le plan technique, cependant, on parle de parle déjà d’application 3.0 ou de solution 3.0, qui doit répondre à certains critères : 

  • indépendante : elle doit être également utilisable sur tous les supports (type d’écran, sortie d’imprimante etc.)
  • universelle : elle ne doit être sous l’emprise d’aucun système d’exploitation (marque, fabricant de logiciel ou de matériel)
  • accessible à tous en conformité avec les directives du W3C et ouvert à diverses bases de données. (Journal du Net)

Blockchain : La blockchain (dont la traduction en français est chaîne de blocs) est une technologie qui permet de stocker et transmettre des informations de manière transparente, sécurisée et sans organe central de contrôle. Elle ressemble à une grande base de données qui contient l’historique de tous les échanges réalisés entre ses utilisateurs depuis sa création. La blockchain peut être utilisée de trois façons : pour du transfert d’actifs (monnaie, titres, actions…), pour une meilleure traçabilité d’actifs et produits et pour exécuter automatiquement des contrats (des « smart contracts« ). (Journal du Net)

Cryptomonnaie : Une cryptomonnaie est une devise électronique, ou virtuelle, car elle n’a aucune forme physique. Elle s’échange de pair à pair sur un système informatique décentralisé, ou blockchain, tenu à jour en permanence et (réputé) inviolable. (Journal du Net)

NFT : NFT est un acronyme pour désigner l’anglicisme « Non Fongible Token ». Pour rappel, un actif fongible se distingue par un caractère interchangeable, car on ne peut pas le différencier de ses pairs. En plus de pouvoir l’identifier, le token non fongible est donc unique, et ne peut pas se substituer à un autre actif. Dans le cadre d’une cryptomonnaie, le principe présente une importance notable afin de garantir ou non l’anonymat d’une transaction. Pour un NFT, il est possible de retracer l’origine d’une transaction à partir des caractéristiques uniques qui définissent l’unité de valeur. À noter que celle-ci est également susceptible de différer. Afin de réaliser des transactions à l’aide de NFT, il existe des plateformes d’échanges qui proposent ce type de service. (Journal du Net)

Metavers : Les métavers sont des mondes virtuels numériques persistants. Ce sont bien des mondes à part entière où il y a des gens représentés par des avatars, des bâtiments, des routes et chemins, des forêts, des rivières, des plages ; ils sont virtuels parce qu’ils sont réels que dans leur version numérique dans laquelle on s’immerge par avatar interposé, et Persistants parce qu’ils continuent de fonctionner et d’évoluer lorsque l’on en sort : c’est en cela qu’ils se distinguent des autres jeux vidéo, même en ligne. Ces mondes virtuels sont basé sur le nouveau Web 3.0, avec comme mot d’ordre que chacun ait un accès égal aux moyens de production, aux modèles économiques, aux services proposés, grâce à la propriété vérifiable d’actifs numériques uniques (jetons infalsifiables, titres de propriété, ou « NFT ») échangés via des protocoles fortifiés (chaîne de bloc et cryptographie) et rémunérés par monnaie virtuelles (cryptomonnaies). (Journal du Net)

Les critiques de tout cet univers

Spéculation, absurdité écologique (ça évolue!), monde virtuel loin de la vraie vie, fausses émotions… J’ai lu et entendu beaucoup de critiques autour de tout ce nouvel écosystème numérique. C’est bien pour cette raison que j’ai voulu rentrer pleinement dedans pour comprendre, analyser et appréhender au mieux l’intérêt de s’y plonger ou non.

De nombreux experts (Frédéric Montagnon en parle très bien dans le podcast Génération Do It Yourself) parlent de révolution dans l’Internet et je pense que ça touchera forcément notre secteur du tourisme.

Je comprends parfaitement la position de Toucan Loufoque, alias Thibault chez Chilowé, qui nous dit : « Alors que les choses qui nous font le plus de bien sont sous notre nez et que les défis auxquels nous devons faire face dans le monde réel sont immenses, cela me donne l’impression qu’on tente de se réfugier dans la recherche d’un bonheur virtuel en abandonnant le navire. Est-ce qu’au fond, on n’a pas juste tous besoin de deux choses pour vivre – de l’amour et du grand air – et est-ce qu’on ne devrait pas consacrer tout notre temps et notre énergie à les poursuivre et en prendre soin ? »

Je pense néanmoins que les crypto, les protocoles blockchain ou encore les NFT pourraient être demain des outils incontournables au service de la vraie vie (je l’espère !). Cela devra rester des outils pour permettre justement à sa communauté, à ses fans, à sa clientèle fidèle d’avoir accès à des expériences uniques (via l’achat de NFT dédiés ?) dans la vraie nature, dans le vrai monde.

Les interrogations pour le monde du tourisme

Comme on a pu le voir ces dernières années sur ce blog, le « e-tourisme » est devenu légitime, logique. Le tourisme est numérique. D’ailleurs, dans les débats avec les différents blogueurs du site, on s’est souvent posé la question de la place du numérique dans les articles. Faut-il rester à 100% e-tourisme ou peut-on parler plus largement des enjeux touristiques? De mon côté, vous m’avez souvent lu à travers des enjeux sur le tourisme durable qui n’avait pas grand-chose à voir avec le numérique. C’est aussi peut-être que l’on tournait un peu en rond sur les sujets purement numériques…

Mais que pourrait apporter ce Web3 et tous ses outils dérivés pour l’avenir du tourisme ? Je crois que c’est justement à nous, acteurs classiques du secteur, de l’inventer. En se désintéressant de ce nouveau paradigme, on risque clairement de se faire disrupter par de nouveaux acteurs qui viendront concurrencer l’imaginaire même de faire du tourisme, de voyager, de découvrir, de rencontrer.

Or, pour cela, nous devons y aller déjà pour bien comprendre les enjeux et voir la réaction des publics. Je ne dis pas qu’il faut tout de suite acheter des lands sur Decentraland… enfin qui sait, une destination a peut-être déjà commencé…

Les initiatives du Web3 que je regarde dans le tourisme

Aujourd’hui, je vois apparaître des cryptomonnaies dédiées à réserver des hébergements touristiques. Je vois aussi des marques touristiques et hôtelières comme Marriott qui investit dans le Metaverse à travers des NFT réalisées par des artistes digitaux. Je regarde aussi avec curiosité ces photographes comme Brieuc Coessens qui basculent leurs photos en NFT et les vendent sur la plateforme OpenSea. Je vois aussi des nouveaux entrepreneurs qui tentent de financer leur projet de développement touristique en vendant des tokens comme ici pour les Digital Nomads. Il y a enfin ces nouveaux programmes de fidélisation associés à des NFT pour apporter des expériences uniques aux clients les plus engagées.

Enfin, il y a la question de la place du tourisme et surtout des destinations dans les Metavers… Cet article en anglais pose bien la question. En janvier 2020, qui aurait imaginé que nous travaillerons aussi vite tous à distance et par visio ? On pourrait très bien vite arriver à des expériences virtuelles de voyage en particulier avec les problématiques d’urgence climatique (et des nécessaires réductions de nos émissions de GES). Alors oui, les destinations devraient avoir peur des Metavers en particulier celle qui ne pourraient pas compter sur une forte clientèle de proximité, les destinations insulaires par exemple). Mais au-delà d’en avoir peur, il faudrait plutôt prendre le sujet à bras le corps pour voir s’il n’y aurait pas des opportunités à tirer de cette hype actuelle !

Alors, prêt à plonger dans ce nouveau monde ? Prêt à creuser les sujets cryptos ? Prêt à créer votre Wallet ?

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Hey! Moi, c'est Guillaume Cromer, je pilote ID-Tourism, cabinet d'ingénierie sur le marketing du tourisme. Historiquement, je suis bien impliqué sur les questions de tourisme durable mais depuis quelques temps, je m'intéresse beaucoup à la question de la prospective du tourisme pour bien comprendre comment vont évoluer les attentes des voyageurs et de quelle manière il va falloir adapter les organisations publiques et privées du tourisme. Hyper curieux et de [...]
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