Notre boule de cristal 2019 #1

Publié le 2 janvier 2019
6 min

Bonne année, chers lecteurs! en ce mercredi de pré-rentrée de la trêve des confiseurs, je vous propose les prévisions des blogueurs pour l’année 2019. Comme j’ai eu beaucoup de réponses lorsque j’ai sollicité la rédaction, je vais le faire en deux étapes, aujourd’hui et lundi 07 janvier.

Pour ce premier opus, je vous propose la vision bien déjantée de Brice Duthion qui n’a pas bu que de la San Pelegrino pour le réveillon… Ces trois prévisions sont des fictions qui pourraient ne pas être si fictives que cela…

1 – Vive le Brexit !

Les Britanniques confortent leur première position de visiteurs internationaux en France grâce au Brexit. Mieux, à partir de mars 2019, nombre d’entre les Grands-Bretons finissent par admettre que la Riviera est quand même plus agréable entre Antibes et Nice qu’à Brighton, Plymouth, Portsmouth ou Bournemouth. Que les eaux printanières de la Méditerranée, même membres de l’Union européenne, sont bien plus accueillantes que celles de la Manche au pic de chaleur estivale. Au Diable Nigel Farage et Boris Johnson, qu’importe le destin de Theresa May, c’est une vague migratoire qui emprunte Eurostar.

Près de 30 millions de Britanniques sont comptabilisés sur le territoire national. Pour l’occasion, la Gare du Nord parisienne est rebaptisée Austerlitz pour célébrer l’amitié franco-britannique…

Ce changement de nom donne du travail à de nombreux professionnels du tourisme parisien, qui retrouvent confiance et sourire (une première dans l’histoire de la capitale française, le Figaro et les Echos titrent même au début de mois de juillet « les hôteliers parisiens sont euphoriques et demandant au Gouvernement de doubler le montant de la taxe de séjour, sauf celle imposée injustement à Airbnb »).

L’actuelle Gare d’Austerlitz devient la Gare de Limoges, ce qui confère une nouvelle destinée à l’ancienne région limousine. Bref, la France touristique change de visage grâce aux Rosbifs et une promenade des Anglais est inaugurée en leur hommage sur les rives du Lac de Vassivières. Le climat méditerranéen remonte de quelques centaines de kilomètres, le réchauffement climatique ne caractérise pas seulement la nouvelle idylle entre la France et la perfide Albion !


2 – En route vers les 200 millions de visiteurs internationaux ?

Cet afflux soudain de Grands-Albionais fait passer allègrement le cap des 100 millions de touristes internationaux en France. Les journaux s’enflamment. « La France est enfin reconnue à sa vraie place, la première ». « France, la cap des 100 millions de touristes internationaux franchi ». «

En route vers les 200 millions ? » se demande Le Monde qui pose la question de l’inadaptation des infrastructures face à une telle perspective. De nombreux projets (on n’a plus le temps pour des groupes de travail) sont lancés à travers le pays pour se préparer à accueillir le monde qui se presse à nos portes.

Le Président Macron créé un Ministère d’Etat en charge du tourisme avec comme titulaire un collectif de membres du blog tourisme.info. C’est une première dans l’Histoire de la République française. « Je n’ai pas su choisir parmi ces multiples talents, ils ne feront qu’un pour préparer la France au tourisme du XXIème siècle. C’est notre enjeu principal, il faut que chaque Française et chaque Français en soit convaincu(e) ». Tous les partis politiques s’en félicitent, même celui d’en rire…

Marine Le Pen passe une partie de l’année aux frontières rétablies avec la Grande-Bretagne et souhaite la bienvenue aux touristes comme aux migrants et reconnait que la France est bien fidèle à ses missions et à sa devise républicaine. « Nous aimons le monde comme le monde nous aime » déclare-t-elle dans un discours commun avec Jean-Luc Mélanchon. Ce dernier, grisé par l’instant, entonne une Marseillaise et ponctue le meeting d’un « la République, c’est moi ! La Terre, c’est moi ! L’Univers, c’est moi ! » pour conclure d’un « nos personnes sont sacrées, mais elle c’est elle, moi c’est moi » sans qu’aucun journaliste n’ait la curiosité de savoir de qui le tribun parlait, Marine, la République, la France, ou bien un peu des trois dans une allégorie dont lui seul semble avoir le secret ?

L’euphorie est à son comble, même si certains mauvais esprits pensent qu’il faudrait en arrêter avec ce culte du moi (la France, fille ainée de l’Eglise, Patrie des Droits de l’Homme, Destination à la diversité la plus incroyable du monde), du ça (quand même, y-a-t-il aussi peu de crétins à nous admirer dans le monde pour venir nous visiter ?) et du surmoi (il ne faut pas bien accueillir le monde qui vient, il pourrait y prendre goût!). Le Désir de France, ça se travaille !


3 – Gilets jaunes versus gilets verts ?

Les Gilets jaunes du tourisme descendent à leur tour dans la rue et envahissent les gares, les aéroports et les barrières de péage. « Nous sommes les nouveaux ronds-points de La République » est un slogan partagé. « Tout passe par nous, tout tourne autour de nous, l’économie, l’industrie, les services, les emplois. Nous constituons la clef de voûte des politiques publiques nationales et territoriales, le secteur privé dépend désormais de notre volonté. Nous exigeons que nos revendications, les seules justes et pertinentes au regard de l’histoire, deviennent politiques d’Etat » déclare Jean-Luc Boulin, leur meneur (certains le qualifient d’idéologue!), au Journal de 20 heures de TF1 le 1er avril de cette même année. Le mouvement se répand dans le monde, notamment francophone, comme une trainée de kérosène dans le ciel de l’aviation civile internationale.

Un mouvement particulièrement virulent apparait au Québec avec à sa tête le gilet jaune, rendu presque blanc par les conditions météorologiques, de Paul Arseneault qui réclame « plus d’innovation pour notre gilet, sinon c’est la disparition, l’exil, la folie, la mort »…

Deux clans voient rapidement le jour : les gilets jaunes du tourisme « progressistes » qui pensent que demain sera encore meilleur avec plus de visiteurs, plus de mobilités, plus de tout et les gilets jaunes du tourisme « réactionnaires », qui se définissent comme ceux qui réagissent, qui pensent que tout cela nous mène droit dans le mur et qu’il faut changer radicalement notre stratégie de développement (mot qui les répugne).

Pour les premiers, on n’arrête pas le progrès et pourquoi ne pourrions-nous pas ambitionner d’accueillir dans notre pays 500 millions, voire un milliard de visiteurs d’ici la fin du siècle ? Le réchauffement climatique permettra d’en finir avec cette injuste saisonnalité de nos territoires touristiques. « L’été, toute l’année! » est une base line marketing travaillée dans les plus hautes sphères de l’Etat. En Gironde, on se souvient du fameux Point G : on l’a trouvé, mieux, on le célèbre triplement (« En Gironde, Géro jour de Gel : on te réchauffe toute l’année).

Pour les deuxièmes, dont certains portent également un gilet vert, il est temps de sortir de notre boursouflure quantitative, de se pencher sur un avenir plus modeste et plus humain, à la fois décroissant, dépolluant, désengorgeant. Si nous ne changeons pas le sens de nos circulations, notre effondrement est assuré. Certains rêvent même d’une circulation au sens britannique, à la fois avec volant à droite et sortie de cette Union européenne dangereusement libérale.

« Le grand marché n’a pas marché » peut-on lire sur un compte Twitter. Une grande marche est organisée pour soutenir l’hypomarché européen (certains l’appellent « la stratégie de l’hippo » comme au jeu d’échecs). « On ne veut plus rien consommer. Le colibris est trop gentil. On ne veut rien sauver de notre tourisme, pas même EuroDisney ».

C’est dire le degré de désespoir des gilets verts… CNN et FoxNews en appellent à la fin du voyage. Donald Trump twitte qu’il s’en réjouit. « No travel, no wall… » Le mur s’effondre de lui même. Il réclame ainsi des « yellow and green vests for Latinos ! ».

Bon, je vous avais avertis, c’est bien déjanté… Mais on est en 2019, non? qui sera une année bien farfelue…

On continue lundi avec les prévisions des autres membres de la rédaction.

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Jean Luc Boulin est consultant en tourisme : Intervention auprès des élus et des prestataires touristiques, coaching, accompagnement des équipes et des directions sont ses principaux champs d'intervention. Avec deux exigences : se mettre à la place du client et oser l'innovation. Directeur de l’office de tourisme de l’Entre-deux-Mers (Gironde) et du pays d’accueil touristique du même nom pendant plus de dix ans, Jean Luc Boulin a dirigé la MONA [...]
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