Plongeons aujourd’hui au cœur de la prospective. Laissons-nous (peut-être) séduire par la perspective d’une organisation dite centrée sur l’Humain avec le modèle qui m’a intéressé, celui des coopératives.
Le monde des coopératives françaises c’est aujourd’hui :
- 22 500 structures recensées
- 5,5% de l’emploi salarié
- Un chiffre d’affaire de plus de 320 milliards d’euros.
Ces coopératives se développent sur tout le territoire face à des attentes de plus en plus prenantes de la part des acteurs de notre société. Une envie de consommer différemment, de s’investir pour un projet, de travailler aux côtés d’acteurs du territoire.
Comme le montre le graphique ci-dessous réalisé par Coop.fr, le modèle coopératif non seulement séduit de plus en plus, mais est un modèle qui connaît une pleine croissance économique depuis 2008.
Mais qu’est ce qu’une coopérative ?
La coopérative est un modèle d’entreprise basé sur un système défini comme « plus démocratique ». Selon la déclaration sur l’identité coopérative de 2010 « Les coopératives constituent un modèle d’entreprise démocratique fondé sur des valeurs de responsabilité, de solidarité et de transparence. Ce sont des sociétés de personnes ayant pour finalité première de rendre des services individuels et collectifs à leurs membres. Des engagements réciproques et durables se nouent entre la coopérative et ses membres qui sont à la fois associés et clients, producteurs ou salariés. »
Les projets de coopératives sont variés et l’investissement des acteurs de la coopérative également. Ainsi nous pouvons retrouver :
- Des coopératives de consommateurs (entreprise dont la propriété est détenue par ses utilisateurs de biens ou de services)
- Des sociétés coopératives d’intérêt collectif
- Ou encore des sociétés coopératives et participatives (les membres associés sont les salariés). A chacun son projet, à chacun sa forme coopérative.
Quel que soit le forme prise par ce type de structure, les grands principes restent les mêmes, et animent les différents acteurs autour du projet. Une coopérative doit respecter :
- Le principe de la démocratie : les représentants la Coop sont élus démocratiquement par les membres. Chaque membre de la coopérative à une voix qui compte pour les décisions liées au développement de la structure.
- Le principe de solidarité : la notion d’entraide, de transmission de connaissance et d’apprentissage est importante au bon déroulé des missions et des actions.
- Le principe de responsabilité : « Tous les membres, en tant qu’associés ou en tant qu’élus, sont responsables de la coopérative. »
- Une certaine pérennité : la coopérative doit être un acteur positif et actif pour le présent et pour le futur.
- Un devoir de transparence : tout le déroulement des actions et des prises de décision de la coopérative doit se faire en totale transparence. Chaque membre doit pouvoir accéder aux informations qu’il souhaite et doit se tenir au courant des actions votées.
- Une idée de proximité : « La coopérative contribue au développement régional et à l’ancrage local. » La coopérative a une vision territoriale. Elle se créé sur un territoire, avec des membres locaux et l’idée est de créer un cercle vertueux de consommation ou d’actions pour une communauté.
- Une proposition de services : « La coopérative fournit des services et produits dans l’intérêt de l’ensemble de ses membres en vue de satisfaire leurs besoins économiques et sociaux. »
Une démarche applicable dans le secteur des offices de tourisme ?
En septembre dernier lors du congrès de Chambéry d’Offices de Tourisme de France, la commission prospective nous a présenté ses travaux. Parmi ceux-ci, la présentation d’une histoire résolument tournée vers l’Humain intitulée le Lab (que vous pouvez télécharger juste ici) .
Le concept ? La disparition des murs de l’office de tourisme. Disparition du lieu certes, mais conservation de son équipe. Des salariés qui voient une évolution dans leurs missions et leurs conditions de travail. Les 16 salariés sont répartis sur le territoire dans des espaces de coworking ou au contact direct des prestataires. L’accueil est lui délégué à une communauté de Welcomers qui ne sont d’autre que des habitants du territoire, formés par les salariés du Lab. Et pour suivre les évolutions de ce projet d’office, le Lab est avant tout une SCIC (société coopérative d’intérêt collectif). Ainsi, acteurs privés (hébergeurs, prestataires,..) et salariés prennent des parts dans la société à hauteur de 51%. La collectivité détient le reste des parts.
Côté management, ce modèle est également révolutionnaire. Au-delà du captain happiness qui fait en sorte que l’équipe se sente valorisée et bien au travail, chaque année l’assemblée générale désigne un leader qui aura la charge de s’occuper du fonctionnement du Lab en tant que référent. Modularité des espaces de travail, bien être, respect de la vie personnelle et engagement professionnel motivant, le Lab appartient à ses travailleurs. Et le statut de coopérative s’inscrit parfaitement en ce sens.
Un statut coopératif, mais pourquoi pas aussi dans son management ?
Pour aller plus loin sur le raisonnement coopératif, pourquoi ne pas l’appliquer également au management ? Pour construire un management dit coopératif ou participatif il est essentiel de rechercher « l’interaction respectueuse » qui se base sur 3 fondamentaux :
- Confiance
- Honnêteté
- Respect de soi
S’ajoute à cela une volonté d’agir et de travailler ensemble pour que chaque travailleur s’approprie le projet pour lequel il travaille. Pour cela il doit pouvoir s’y identifier et se sentir libre et valorisé dans ses missions. Pour que ce modèle se passe pour le mieux, la communication est primordiale. Considéré par certains comme le modèle de management d’avenir, il peut s’appliquer à des coopératives ou d’autres types d’organisation et de structure. Derrière tous ces termes il y a surtout une revendication de plus en plus vive d’épanouissement dans ses missions, de préoccupation de nos environnements de travail, de notion de bienveillance. Qui sait, l’essayer c’est peut-être l’adopter ?