Et si on replaçait la bonne bouffe au centre ?

Publié le 26 avril 2016
4 min

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Parmi ses 13 méga tendances pour l’année 2016, Skift évoque en 3ème position le fait que la gastronomie, la bonne bouffe, la culture locale du bien manger constitue l’un des princicipaux leviers auprès de la clientèle. On ne parle pas là de la France, mais de l’ensemble des destinations mondiales, qui, dotées ou non de spécialités, d’un patrimoine gastronomiques, ont compris que cet élément était primordial dans l’expérience d’un voyageur.

Allez, un peu d’anglais ce matin avec l’introduction de Skift sur cette tendance :

Food is now the leading hook in travel. In a time in which almost every experience can be digitized, food stands alone as stubbornly analog. Perhaps that’s why culinary travel experiences are now the most popular method for driving tourism business. Food has an unmatched ability to communicate a unique sense of place. Local cuisine provides a direct connection to the history of a region, the soul of its people and the rhythm of daily life.

Et le magazine de nous citer Copenhague, Las Vegas, Cape Town, la street food asiatique, Manchester ou les Territoires du Nord de l’Australie, qui communique sur une offre culinaire particulière, novatrice ou séculaire, mais symbolisant une expérience unique.

Et nous, les franchouillards à la cuisine et aux vins autoproclamés les meilleurs du monde, qu’est-ce qu’on en fait aujourd’hui ?

Dans la plupart des cas, on en fait des listes, avec des critères de type de cuisine (souvent par nationalité/origine), des fourchettes de tarifs, qui ne parviennent guère à orienter le client au sein d’une offre pléthorique.

Comme pour tout le reste de l’offre, il va falloir là aussi passer par du conseil légèrement plus éclairé, engagé, si l’on veut tirer parti de cet énorme patrimoine dont la majorité de nos destinations sont dotées.

J’ai eu récemment le plaisir d’animer un atelier, lors de Voyage en Multimédia, au cours duquel Lyon et Nantes exposaient leurs stratégies sur ce sujet ; je vous en livre en quelques phrases les points-clés.

A Lyon, 86% des voyageurs viennent pour vivre une expérience culinaire, devant le shopping ou les visites, les musées. Il faut dire que la tradition culinaire est bien implantée dans la capitale des Gaules, avec une renommée de produits de qualité, de plats simples et bien cuisinés dont Rabelais se faisait déjà l’écho au XVIème, avec ensuite les premiers grands chefs renommés et étoilés.

Cela semblait tellement aller de soi que l’on en parlait pas plus que cela, jusqu’à l’électrochoc qui a failli voir Lyon passer à côté de l’implantation de la Cité de la Gastronomie qu’elle revendiquait de bon droit. C’est donc à partir de 2013 qu’a été décidé de remettre au premier plan la gastronomie dans la communication de la destination. À titre d’exemples, on citera :

  • la mise en oeuvre de l’opération Chef Factory, storytelling et transmedia à la Harry Potter,
  • Paul Bocuse en tant qu’Ambassadeur de cette communication, sur des salons grand public et professionnels pour lesquel le décor s’apparente à un bouchon lyonnais,
  • Un écosystème complet allant du salon professionnel international Sirha avec les Bocuse d’or, jusqu’à la création d’un label concernant les fameux « bouchons ».

Du côté de Nantes, on part de plus loin ! Pas de patrimoine clairement établi, peu de spécialités locales identifiées, mais de bons établissements, et l’envie affirmée de mettre en avant la gastronomie dans la politique culturelle qui régit désormais l’ensemble des événementiels du Voyage à Nantes.

L’une des actions phares, aujourd’hui connue et surtout reconnue, consiste en la mise en place d’un jury qui a permis de constituer le guide « Les Tables de Nantes », décliné en site internet depuis. En 2016, il recense 120 restaurants, mettant en avant les productions locales, circuit court, mais aussi différents types de cuisine comme trois Food Trucks ou encore 14 « Vit’fait bien fait » pour satisfaire toutes les clientèles.

Dans le cadre de ses animations événementielles, le Voyage à Nantes organise les dîners secrets, expérience gastronomiques opérées par de grands chefs, dans des lieux exceptionnels, et limitées à 200 convives.

Le champ des producteurs consiste lui en un marché, là aussi favorisant le circuit court, les bons produits, avec la spécificité d’y convier les chefs distingués par les Tables de Nantes pour cuisiner avec les personnes les produits qu’ils viennent d’acheter.

Enfin, à proximité des Machines de l’Île, un restaurant estival dénommé la cantine promeut le bien manger à bas coût pour les voyageurs.

En multipliant les opérations, tout en gardant son ADN fortement culturel, Le Voyage à Nantes créé de multiples occasions de découvertes et animations autour de la culture gastronomique, destinées tout autant aux habitants qu’aux voyageurs.

A l’heure où Tripadvisor est remis en cause par des avis et classements insuffisamment distinctifs où se mélangent le kebab prisés par les lycéens, l’étoilé et la cantine préférée de telle zone industrielle, où Michelin peine encore à aller à la rencontre de tous les clients, où d’autres se limitent aux endroits « réservés » aux touristes dans lesquels rencontrer un habitant relève de l’exploit, les destinations ont probablement une carte à jouer.

Quoi manger, dans quel restaurant, avec quel vin, où faire son marché de produits locaux, où acheter le bon pain, la bonne charcuterie, le bon fromage pour son pique-nique, la bonne viande pour son BBQ, manger bio, sans gluten, il y en a pour tous les goûts.

Et vous, vous êtes plutôt liste, ou conseil engagé ?

 

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Ludovic a démarré sa carrière en Auvergne, à l’Agence Régionale de Développement, puis dans un cabinet conseil sur les stratégies TIC des collectivités locales. Il a rejoint en 2002 l’Ardesi Midi-Pyrénées (Agence du Numérique) et a plus particulièrement en charge le tourisme et la culture. C'est dans ce cadre qu'il lance les Rencontres Nationales du etourisme institutionnel dont il organisera les six premières éditions à Toulouse. À son compte depuis [...]
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