Curieusement, les mondes du tourisme et du sport fonctionnent encore en mode séparés. Les JO de Paris et de la France commencent le 26 juillet, dans 203 jours et pourtant nous n’abordons pas trop cet événement d’ampleur dans nos productions ici ou sur le terrain. Cependant, deux grandes séquences, les Jeux olympiques et les Jeux para-olympiques attendent le monde. En réalité, les festivités débuteront avec l’arrivée de la torche olympique le 8 mai à Marseille. Elle traversera des sites préhistoriques comme Lascaux, ou historiques comme Alesia, Carcassonne, le Mont Saint-Michel, Versailles, avant de filer vers les outremers. Si vous êtes en retard sur vos achats de billets c’est ici. Pensez quand même à réserver votre hébergement sans tarder.
Si vous voulez en savoir plus sur le caractère pratique de l’événement, rendez vous sur le site web de l’Office de Tourisme de Paris. Et pour tout connaître, vous pouvez participer au Bingo des idées reçues sur les JO de Paris 2024. 16 questions et autant de réponses remettent les choses en place : le calendrier et le budget seront respectés, un nouveau stand d’organisation plus responsable et plus durable avec -50% d’émissions carbone par rapport aux éditions précédentes, 100% d’énergies renouvelables… L’une des grandes questions a porté sur les prix des billets : sur les 10 millions de billets en vente, 1 million est proposé à 24 euros et la moitié à 50 euros et moins.
Encore plus fort, le journal le Parisien a publié un long article argumenté portant sur 100 questions essentielles « pour devenir incollable sur les JO ». En gros, les JO pour les Nuls, mais honnêtement, c’est très bien conçu.
2,6 milliards d’euros de retombees
Combien de visiteurs sont attendus ? Près de 16 millions. Une projection détaillée a été élaborée ici.
Les retombées, hors billetterie, devraient être de 2,6 milliards. Les auteurs de ce travail prospectif ont analysé les JO précédents de Londres. Rappelons qu’une grande partie des Londoniens avaient quitté leur capitale. On s’attend à un surcroît quotidien de touristes d’environ 800 000 personnes.
Jusque là tout va bien, mais ça coince un peu quand même. Les informations s’accumulent sur les désagréments. Ils sont déjà nombreux depuis des années pour les habitants du secteur de la Seine-Saint-Denis, notamment en matière de travaux, de bruits et de transports dégradés. La circulation sera forcément perturbée, les livraisons, l’activité économique et sociale traditionnelle aussi. Des dispositifs de soutien à l’économie commencent à être évoqués. Cet autre article des Echos évoque une période de « haute voltige ».
Mais des JO doivent rester une fête et les mascottes les Phryges sont là pour matérialiser ce lien entre l’histoire de France et la bonne humeur qui sied pendant ces épreuves mondiales.
Pourquoi des interrogations à propos de ces JO 2024 ?
D’abord parce que la France est championne du monde dans l’art de douter. Mais plus que cela, en raison même du concept de ces JO qui change considérablement des organisations précédentes ici et là dans le monde. Pour bien comprendre l’enjeu, j’ai fait appel à mon ami de longue date (plus de 30 ans ça compte), Patrick Bayeux. Consultant, enseignant chercheur, il est LE spécialiste de l’analyse des enjeux et des pratiques du sport en France. Une sacrée performance quand on sait qu’en plus il pratique lui-même à haut niveau. Bref, l’ami Patrick publie une excellente chronique qui s’appelle Décideurs du Sport. Et dans ce temps des vacances j’ai échangé avec lui pour mieux comprendre les interrogations à l’œuvre.
Selon Patrick, la promesse des JO de Paris est immense. Des jeux durables et responsables, des jeux connectés, des jeux créatifs, en lien avec la culture si présente à Paris. Oui, mais comment tenir pareil engagement avec les guerres, les risques d’attentats, sanitaires, les conflits sociaux… ?
Voilà déjà plus d’un an, Patrick Bayeux a publié un remarquable article dans sa chronique : https://patrickbayeux.com/actualites/paris-2024-des-jeux-ambitieux-innovants-inedits-donc-forcement-risques/
L’innovation de ces JO est protéiforme. D’abord dans leur concept qui sort des règles de la tragédie grecque, unités de lieux, de temps, d’actions. Dans les expériences précédentes on a concentré les athlètes, les publics, les moyens dans 3 ou 4 parcs, plus faciles à sécuriser que dans le cas parisien. Puisque ici, on a décidé que les épreuves se dérouleraient dans 30 lieux différents. Des espaces temporaires seront créés et la circulation sera modifiée en conséquence en Ile-de-France.
La ville de Paris sera parc olympique
30 sites, des navigations des visiteurs, des navettes, mais aussi des itinéraires fermés… On entrevoit les difficultés de circulation et de sécurisation. Ensuite, on construit peu, on réinvestit des équipements existants pour réduire les impacts sur l’environnement. L’organisation pratique est déléguée à des prestataires : la chaîne de valeurs sera donc d’autant plus grande que potentiellement plus risquée. Naturellement, innovation technologique, environnementale… « Pour la première fois dans toute l’histoire olympique, chacun pourra devenir un acteur des Jeux et plus seulement un spectateur ou téléspectateur » , a ainsi indiqué Tony Estanguet. Comment ? Par les sports connectés et virtuels. Les fans du monde entier auront ainsi l’occasion de partager l’expérience olympique et de se mesurer aux meilleurs athlètes mondiaux. Ils pourront également participer physiquement à certaines épreuves grand public, à l’image du marathon, nous indique Patrick.
Bref à tous les étages, le maître mot c’est innovation. Je vous invite à lire cet article prospectif et à suivre cette belle préparation. Au fait, de nombreux opérateurs des hébergements touristiques français se préparent à une année touristique exceptionnelle loin de Paris, au calme de l’agitation sportive et urbaine. Mais en Ile de France, les meilleures places sont déjà prises, ainsi dans les campings franciliens on annonce des augmentations de prix de l’ordre de 20 à 30% et des réservations déjà conclues depuis longtemps.